Cela fait plus de trente jours qu'il n'a pas plu dans la grande majorité du territoire. Un constat alarmant qui fait écho à la nouvelle étude sortie le 17 février dernier par les scientifiques CNRS-INSU. Cette étude a mis en évidence que le changement climatique lié aux activités humaines contribuait à la survenue d’épisodes de sécheresse prolongés. Causette a donc interrogé Davide Faranda, climatologue et chercheur au CNRS pour comprendre comment gérer ces épisodes de sécheresse.
Causette : Ça fait plus de trente jours qu'il n'a pas plu en France, comment explique-t-on qu'on en arrive à une telle situation de sécheresse en hiver en France ?
Davide Faranda : Depuis 2017, on a enchaîné les sécheresses. Et chaque sécheresse a un impact sur toutes les périodes de sécheresse qui suivront. Ce qui fait que chaque nouvelle sécheresse est un peu plus grave que la précédente. Là, en l'occurence, cette période est plus grave parce qu'en 2022, on a connu une grande sécheresse. Si on ne fait rien, il faudra s'attendre à des épisodes de sécheresse plus intenses, c'est-à-dire des épisodes où la biodiversité disparaîtra plus que ce n'est déjà le cas et où les incendies comme on a eus cet été s'aggraveront. Les projections nous disent qu'à partir de 2040–2050 on aura des hivers à sec et des sécheresses qui s'étalent dans le temps. Mais regardez, aujourd'hui, on est en mars et on est est déjà obligé d'anticiper l'été.
La France veut miser sur le gisement des eaux usées comme solution à la gestion de l'eau, qu'en pensez-vous ?
D.F. : Aujourd'hui, seulement 1 % de l'eau est recyclée en France. Le problème du recyclage des eaux au niveau industriel, c'est que ça ne se fait pas du jour au lendemain et ça demande beaucoup d'argent. Ce sont des choix à faire, et si on investit dedans, ça veut dire qu'on ne peut pas en même temps investir dans d'autres solutions. Et puis ça demande de mettre en jeu beaucoup d'acteurs, c'est compliqué. Je pense que ce qu'il faut faire, c'est adopter des mesures coordonnées à l'échelle européenne sur la gestion des bassins. J'entends par là, la gestion des centrales nucléaires, des centrales hydroélectriques, mais aussi des piscines, ou à plus petite échelle, les douches. Il faut prioriser les utilités, d'abord s'assurer qu'on a de l'eau pour refroidir les centrales nucléaires et ensuite voir pour les usages privés comme remplir une piscine.
Pouvez-vous nous expliquer comment nous en tant que citoyen·nes pouvons nous agir pour économiser l'eau ?
D.F. : Alors, oui, bien sûr il faut épargner l'eau avec des douches plus courtes et fermer les robinets, mais ce sont des poussières comparé à ce que demande en eau de remplir une piscine. L'eau, c'est aussi un enjeu de justice sociale. Dans les périodes de sécheresse, les pauvres sont responsables, ils n'utilisent pas beaucoup d'eau alors que les riches, eux, gaspillent à outrance.
Quelle est d'après vous la solution pour réduire ces épisodes de sécheresse ?
D.F : Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre qui sont liées à l'activité humaine. L'eau n'est pas un bien infini. Et c'est en ayant un impact sur le changement climatique qu'on aura un impact sur les sécheresses. Mais ça reste toujours compliqué. Il y a toujours de conflits entre les acteurs. Par exemple, une centrale hydroélectrique qui est dans une vallée aura besoin d'eau pour alimenter le village. Mais les agriculteurs du village diront qu'eux aussi ont besoin d'eau pour leurs cultures et leurs élevages, et il faut réussir à gérer ça. Les solutions sont donc limitées et l'eau reste un sujet de très délicat.
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