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Sexisme dans le sport : tant qu'il y aura ce genre de public…

Les cou­reuses du Tour de France Femmes font face à des attaques sexistes d'une mau­vaise foi crasse. Et y répondent avec panache. 

ÉDITO. Alors que la mal­heu­reuse défaite de nos Bleues en demi finale de l'Euro 2022 a fait un car­ton d'audience mer­cre­di avec 6,23 mil­lions de télé­spec­ta­teurs sur TF1, soit une part d'audience de 32,6%, la plus grosse de la soi­rée, et que France 3 com­mu­nique sur les très bonnes per­for­mances du Tour de France Femmes que la chaîne dif­fuse, une pluie d'attaques miso­gynes s'abat sur les coureuses.

« Allez Mesdames, tous les same­dis après-​midi, appren­tis­sage du vélo : on com­mence avec les petites roues vu ce qu'il se passe depuis trois jours », se moque par exemple un inter­naute, en fai­sant réfé­rence aux chutes subies par le pelo­ton. « Dans n'importe quel sport c'est des inca­pables. Entre ça et le niveau de l'Euro… va fal­loir res­ter au SMIC, les girls », éructe un autre. Le polé­miste Pierre Salviac, 76 ans et jadis com­men­ta­teur de rug­by, a lui aus­si par­ti­ci­pé au concert des phal­lo­crates sur Twitter : « Le Tour de France, c'est ça ? Un fes­ti­val de chutes col­lec­tives. Les filles sont-​elles prêtes pour une com­pé­ti­tion de ce niveau ? Je dis ça mais je ne dis rien. »

Pour expli­quer ces chutes à répé­ti­tion, nombreux·euses sont les observateur·rices à évo­quer la ten­sion qui se joue sur ce Tour, après 33 ans sans avoir pu concou­rir à la plus pres­ti­gieuse course cycliste fran­çaise. L'une des ath­lètes de l'équipe Arkéa, Anaïs Morichon, elle-​même vic­time d'une chute col­lec­tive, a com­men­té au micro de RMC : « J'ai eu un peu peur, mais je n'ai rien de cas­sé. C'est le haut niveau, tout le monde veut faire quelque chose sur ce Tour. C'est très ner­veux et je pense que ça va être comme ça jusqu'à la fin. » Bref, c'est le revers de la médaille de la niaque, et d'ailleurs, de nom­breuses chutes émaillent le Tour de France mas­cu­lin, s'il est néces­saire de le préciser. 

Le sou­ci, c'est que ces hommes aime­raient des cou­reuses qui cor­res­pondent plus à l'image qu'ils se font encore du genre fémi­nin : des spor­tives gra­ciles, douces, et dis­ci­pli­nées, imper­méables à l'esprit de com­pé­ti­tion de leurs homo­logues mas­cu­lins. Ces hommes se mettent le doigt très pro­fond dans l'œil. Car les cyclistes qui par­ti­cipent à ce Tour sont des lionnes, autant sur le plan spor­tif que pour envoyer paitre ces fief­fés sexistes.

Ainsi de Clara Copponi, de la FDJ, qui s'est fen­due d'un « C'est qui lui ? », ren­voyant Pierre Salviac à sa car­rière de voci­fé­ra­teur oublié. Sa concur­rente de chez Track Segafredo, Audrey Cordon-​Ragot lui est quant à elle entrée dans le lard de façon plus péda­go­gique – et on loue sa patience : « 1- On est des femmes pas des filles, à moins que vous appe­liez les cou­reurs « les gar­çons » 2- J’opte pour l’option 2 « je dis rien…! ». » Quant à la Luxembourgeoise Christine Majerus, équipe SD Works, elle a opté pour un pied-​de-​nez à l'adresse de l'ensemble de ces com­men­ta­teurs du dimanche en pos­tant sobre­ment des pho­tos de chutes masculines.

Dans leur com­bat, elles ont reçu le sou­tien de nom­breuses per­son­na­li­tés, dont le cou­reur cycliste Alexis Vuillermoz, qui avait rou­lé avec les hommes du Tour mas­cu­lin juste avant : « Désabusé de lire de tels com­men­taires sur @LeTourFemmes ! Le vélo est un sport tel­le­ment dur et ingrat… On leur doit notre res­pect au même titre que les hommes, et encou­ra­ger la pra­tique spor­tive sous toutes ses formes et ce quelque soit le genre ! »

Alors que 2022 est une année capi­tale pour faire sor­tir le sport fémi­nin de son pla­card (Euro de foot, Tour de France femmes et Mondial de rug­by et Euro de hand­ball à venir) et dans un moment où les acteur·rices du milieu et les médias réflé­chissent aux biais struc­tu­rels sexistes que la pra­tique spor­tive fémi­nine spor­tive conti­nue de subir, ces contemp­teurs ultra mino­ri­taires viennent rap­pe­ler que le com­bat est encore long. Mais leurs com­men­taires d'un autre temps contrastent d'autant plus que le suc­cès popu­laire de ces com­pé­ti­tions, lui, est bien au rendez-vous. 

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