"En dan­seuse", un beau livre sur l'épopée des femmes cyclistes

Publié début juillet par une pas­sion­née de cyclisme, En dan­seuse rend hom­mage autant aux pion­nières qui conquirent le droit des femmes à pra­ti­quer ce sport qu'aux ath­lètes de la géné­ra­tion actuelle, qui racontent la pas­sion de la compétition.

En danseuse Ces femmes qui revolutionnent le cyclisme

Pour Vicky Carbonneau, le cyclisme est « une belle souf­france ». Dans cer­tains cols comme celui du Mont Ventoux qu'elle grimpe régu­liè­re­ment puisqu'elle habite à ses pieds, le ou la cycliste entre « dans une phase de transe, un mélange de dou­leur et d'euphorie ». Cet état de grâce né de la per­for­mance et du sen­ti­ment d'être libre sur ses deux roues, elle le décor­tique en inter­ro­geant des femmes qui ont, comme elle, le vélo dans le sang dans En dan­seuse, ces femmes qui révo­lu­tionnent le cyclisme, paru le 7 juillet aux édi­tions Amphora.

Dans ce beau livre, l'autrice qui est aus­si membre fon­da­trice des Girls on Wheels (GOW, une com­mu­nau­té de femmes cyclistes), inter­roge l'histoire de la conquête du vélo par les femmes, à l'heure où le Tour de France fémi­nin connait une nou­velle nais­sance, après avoir été arrê­té en 1989, faute de finan­ce­ments. Un rat­tra­page bien­ve­nu, se rend-​on compte à la lec­ture d'En dan­seuse, puisque d'autres courses mythiques sur route ont leurs équi­va­lents fémi­nins depuis des années : c'est le cas du Giro en Italie, qui pos­sède une com­pé­ti­tion fémi­nine depuis 1988 ou encore de la Flèche wal­lone en Belgique, qui a créé sa branche fémi­nine en 1998. En fait, le cyclisme fémi­nin pro­cède à un grand virage depuis le début des années 2000, avec l'ouverture de nom­breuses com­pé­ti­tions aux femmes, comme le Tour de Burgos (Espagne) et les Strade Bianche (Italie) en 2015 ou encore le Paris-​Roubaix en 2021.

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En racon­tant le périple des femmes pour impo­ser leur pra­tique du vélo en ville (en 1895, le pré­fet de police de Paris Lépine menace d'empêcher de cir­cu­ler les cyclistes vêtues de pan­ta­lon bouf­fant à la zouave) comme en com­pé­ti­tion (en 1952, l'Union cycliste inter­na­tio­nale refuse de recon­naître les records fémi­nins), cet ouvrage livre une pas­sion­nante his­toire des spor­tives contre le patriar­cat. En dan­seuse est aus­si un recueil bio­gra­phique de pion­nières : on y croise évi­dem­ment l'incontournable Jeannie Longo, mais aus­si des figures moins média­ti­sées comme celle de Marie-​Françoise Poterau, aujourd'hui vice-​présidente de la Fédération fran­çaise de cyclisme en charge du plan de fémi­ni­sa­tion de la FFC et qui signe la pré­face du livre. 

Conversations intimes

Vicky Carbonneau inter­roge éga­le­ment les stars actuelles de la dis­ci­pline : Marion Rousse, direc­trice du Tour de France fémi­nin, Marine Patouillet, para ath­lète deux fois médaillée de bronze à Tokyo, Clara Copponi sprin­teuse « fort poten­tiel à sur­veiller » lors de Paris 2024… Les cha­pitres sont décli­nés comme autant de spé­cia­li­tés : cyclisme sur route, sur piste, cyclo-​cross, BMX, VTT, para­cy­clisme, métiers autour du vélo, comme cour­sière, spea­ker ou cadreuse. Quant aux entre­tiens, ils s'intéressent autant à la pra­tique spor­tive qu'à ses dimen­sions poli­tique et intime. En fait, Vicky Carbonneau pra­tique un female gaze actif sur son sport fétiche. 

Ainsi, la cycliste sur route Catherine Marsal, au pal­ma­rès natio­nal et inter­na­tio­nal impres­sion­nant dans les années 90, confie avec cou­rage être deve­nue ano­rexique sous l'effet des com­pé­ti­tions. « J'ai bouf­fé mes os », constate l'ancienne cham­pionne qui a connu ostéo­po­rose et amé­nor­rhée pen­dant treize ans durant sa car­rière. Ce récit qui raconte le sacri­fice de cer­taines ath­lètes fait, en miroir, appré­cier plus encore les réponses des actuelles com­pé­ti­trices for­mu­lées autour de leur « ravi­to », c'est-à-dire le plat de résis­tance (et plai­sir) après l'effort. Finalement, qu'on aime le vélo ou qu'on s'en sente encore éloi­gnée, la qua­li­té du tra­vail de Vicky Carbonneau pour racon­ter les mul­tiples facettes de ce sport sym­bole de l'émancipation fémi­nine ne peut qu'intriguer… Et donne fran­che­ment l'envie de se mettre en selle.

Lire aus­si l JO de Tokyo : la cycliste afghane Masomah Alizada concour­ra pour défendre le droit des femmes à « faire ce qu’elles veulent »

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