Une femme trans inscrite à la Fédération internationale des échecs (FIDE), et qui a changé de genre auprès de l'organisation, doit désormais attendre une décision de cette dernière pour participer à des tournois féminins mondiaux. Une attente de verdict qui peut prendre jusqu'à deux ans.
Une décision absurde. À partir de lundi, certaines femmes trans ne pourront plus participer à des compétitions mondiales d'échecs, a décidé mi-août la Fédération internationale des échecs (FIDE).
Face à des demandes en hausse de reconnaissance de changements de genre, l'organisation a établi un nouveau règlement détaillant les étapes nécessaires pour que les joueur·ses inscrites auprès de la FIDE puissent changer leurs détails personnels dans sa base de données et sur leur numéro d'identification. Il faut lui faire parvenir « une preuve pertinente » de la transition, comme un certificat de naissance actualisé, une carte d'identité, un passeport ou une décision du tribunal.
Mais une fois toutes ces informations modifiées dans la base de données, une joueuse trans ne pourra pas participer aux tournois féminins tant que la FIDE n'aura pas rendu de décision à son sujet. « Une telle décision devra s'appuyer sur une analyse poussée et être rendue le plus tôt possible, mais pas au-delà de deux ans », indique le règlement, précisant que les femmes trans peuvent participer à des « catégories ouvertes ». De quelles analyses parle-t-on, de quels enjeux… Mystère. Il semble par ailleurs, comme le relève le New York Times, que ces changements s'appliquent seulement aux joueuses trans déjà affiliées à la FIDE. Celles s'inscrivant pour la première fois afin de participer à des tournois internationaux, et n'ayant donc pas de numéro d'identification, ne seraient pas concernées.
« Ne vous servez pas des femmes trans comme boucs émissaires »
Si une femme trans, déjà inscrite, avant sa transition, à la FIDE, doit attendre une décision pour participer à des tournois féminins, rien n'a été établi concernant la participation d'hommes trans à des compétitions masculines. Le seul moment où ces derniers sont mentionnés dans le règlement, c'est au sujet des titres gagnés au cours de leur carrière. Tous les titres féminins gagnés auparavant par un joueur trans sont « abolis » et ne pourront être rétablis « que lorsque la personne redeviendra une femme ». En revanche, une joueuse trans a le droit de garder l'ensemble de ses titres gagnés précédemment dans des compétitions masculines. On peine à suivre la logique de telles décisions.
« Si vous voulez aider les femmes dans le monde des échecs, combattez les violences sexistes et sexuelles, donnez à ces dernières plus de visibilité et d'argent. Ne vous servez pas des femmes trans comme boucs émissaires », a écrit Yosha Iglesias, une joueuse d'échecs trans française sur Twitter. Comme elle, de nombreuses personnes ont fait part de leur colère et de leur incompréhension sur les réseaux sociaux.
Car ces nouvelles règles, discriminantes et se contredisant, n'ont pas vraiment été justifiées par la FIDE. Auprès du New York Times, Dana Reizniece-Ozola, la vice-présidente du bureau de l'organisation, a simplement dit qu'elles étaient nécessaires parce que « les législations concernant les personnes trans se développent dans de nombreux pays ». « De nombreux sports adoptent leur propre règlement », a‑t-elle ajouté, estimant que le délai d'attente maximum de deux ans pour les joueuse trans semblait « raisonnable ». La raison semble pourtant bien peu présente dans ces nouvelles normes.