La capitaine Wendie Renard et les attaquantes Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto ont annoncé vendredi 24 février leur mise en retrait de la sélection nationale tant que les changements « nécessaires » dans le management n’auraient pas lieu.
À cinq mois de la Coupe du monde féminine de football, la capitaine des Bleues a claqué la porte, entraînant dans son sillage deux poids lourds de l'équipe de France. Vendredi 24 février, en début d’après-midi, Wendie Renard, 32 ans, a annoncé sur Twitter sa volonté de renoncer à la sélection de l’équipe de France.
« J’ai défendu le maillot bleu blanc rouge, 142 fois avec passion, respect, engagement et professionnalisme, écrit-elle sur le réseau social. J’aime la France plus que tout, je ne suis pas parfaite, loin de là, mais je ne peux plus cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau. C’est un jour triste mais nécessaire pour préserver ma santé mentale. C’est avec le cœur lourd que je viens par ce message vous informer de ma décision de prendre du recul avec l’équipe de France. Je ne ferai malheureusement pas cette Coupe du monde dans de telles conditions. »
En évoquant « le système actuel », la capitaine met en cause sans la nommer le management de la sélectionneuse des Bleues, Corinne Diacre. Quelques heures plus tard, les attaquantes Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani ont emboité le pas de leur capitaine pointant également sans la nommer la sélectionneuse. « Suite au communiqué de notre capitaine Wendie Renard et aux vues des récents résultats et du management en équipe de France, je vous annonce suspendre mes obligations internationales afin de me concentrer sur ma carrière en club. Première fan de l’équipe de France, si les changements profonds nécessaires arrivent enfin, je me remettrai au service du maillot tricolore », a ainsi déclaré Kadidiatou Diani sur Twitter. Quant à Marie-Antoinette Katoto, actuellement blessée au genou, elle assure également ne plus être « en adéquation avec le management de l’équipe de France et les valeurs transmises » et a donc décidé de mettre sa carrière internationale « entre parenthèses […] tant que les changements nécessaires ne seront pas appliqués ».
Solidarité
Les trois joueuses ont reçu le soutien, samedi, de deux autres Françaises internationales qui, si elles n’ont pas été sélectionnées récemment, ont manifesté les mêmes critiques à l’encontre du management. « Si je reporte un jour le maillot de l'équipe de France, j'espère que ce sera dans de meilleures conditions et avec des valeurs adéquates au haut niveau », a écrit sur Instagram la défenseuse Perle Morroni, qui n'a plus été sélectionnée depuis avril 2022. De son côté, Griedge Mbock, déjà forfait pour le prochain Mondial du fait d'une blessure, s’est déclarée « solidaire » , sur Instagram. « Il est temps de se pencher vraiment sur le décalage qui subsiste entre l’organisation actuelle, les attentes que l’on a et les moyens qu’on nous donne pour lutter au plus haut niveau », a‑t-elle déclaré.
Les propos des joueuses rappellent les critiques qui visent le management de Corinne Diacre depuis sa nomination en 2017. Dès sa prise de fonction de sélectionneuse, elle avait en effet retiré le brassard de capitaine à Wendie Renard. « Tant que je serai en poste, Renard ne sera plus capitaine », déclarait alors la sélectionneuse, sans justifier son choix, avant de se raviser en 2021, concédant « une bêtise ».
« Ras-le-bol général »
Un an auparavant, en 2020, la gardienne des Bleues Sarah Bouhaddi avait renoncé à l’équipe de France en critiquant le climat « très négatif » instauré selon elle par l’entraîneuse, qui avait écarté d’autres joueuses importantes comme la buteuse Eugénie Le Sommer ou encore la milieu de terrain Amandine Henry. « Je voyais des filles pleurer dans leur chambre », confiait cette dernière à Canal + en novembre 2020 au sujet du Mondial raté des Bleues en 2019.
« C’est un ras-le-bol général, par rapport à la Division 1, a expliqué Wendie Renard au micro de RMC Sport, dimanche. Cela fait des années que l’on réclame des choses. Il faut faire avancer tout ça. Dans nos clubs, quand on discute avec les coéquipieres étrangères, oui, elles ont parfois des problèmes dans leur sélection ou avec leur fédération mais j’ai l’impression que pour nous, femmes et sportives de haut niveau, c’est compliqué. On doit toujours, toujours se battre, quitte à arriver à des situations individuelles compliquées. Aujourd’hui, c’est personnel. Je n’y arrive plus. Je n’arrive pas à faire semblant. »
De son côté, la FFF a réagi aux annonces des joueuses dans un communiqué publié vendredi, rapporte BFM-TV. « La FFF a pris connaissance des déclarations de Wendie Renard, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto. Son comité exécutif, réuni le 28 février, se saisira de la question à cette occasion », a précisé la Fédération tout en rappelant « qu'aucune individualité n'est au-dessus de l'institution » qu'est l'équipe de France.
À cinq mois du début de la Coupe du monde en Australie et en Nouvelle-Zélande, Corinne Diacre, sous contrat jusqu’aux Jeux olympiques 2024 – peut-elle démissionner ? Il est encore trop tôt pour l’envisager, mais l’option sera certainement au cœur des prochaines discussions à la FFF le 28 février.
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