L’ancienne internationale Nodjialem Myaro est de celles qui ont porté le handball féminin dans la lumière. Elle continue à se battre pour améliorer le statut
des joueuses pros à la tête de la Ligue féminine de handball.
A priori, rien ne la prédestinait à devenir une championne. « J’ai découvert le handball à l’école. Je m’y suis sentie bien, à ma place », se souvient Nodjialem Myaro. Née au Tchad en 1976, elle arrive à l’âge de 2 ans à Toulouse (Haute-Garonne), où sa famille s’installe. C’est là qu’elle intègre son premier club, le Toulouse Cheminots Marengo Sports (aujourd’hui Toulouse Féminin Handball), à 14 ans. « J’avais été repérée par un entraîneur. Mais je n’étais pas du tout dans l’optique de devenir professionnelle. Mon idée, c’était surtout de me faire plaisir », confie-t-elle.
Des figures de handballeuses professionnelles, d’ailleurs, il n’y en a pas. « À cette époque, c’était le handball masculin qui rayonnait. L’un de mes modèles, c’était Stéphane Stoecklin [de l’équipe des « Barjots » dans les années 1990, ndlr] », rappelle celle qui, justement, contribuera à imposer le handball féminin dans le paysage sportif. Car Nodjialem Myaro ne le sait pas encore, mais c’est le début d’une belle carrière sportive qui s’amorce. À 18 ans, son bac et sa naturalisation française en poche, elle intègre l’ASPTT Metz Handball, le meilleur club féminin de France. Une équipe où elle restera sept ans, et avec laquelle elle enchaîne les succès : cinq titres de championne de France et deux Coupes de France.
En parallèle, elle intègre l’équipe de France, avec laquelle elle vivra les deux moments les plus marquants de sa carrière : « Le titre de championne du monde en 2003, et la médaille d’argent au Championnat du monde de handball en 1999. Ma première médaille mondiale. »
Depuis, elle a décroché bien d’autres récompenses. Mais si celle de 1999 garde une saveur particulière, c’est que personne ne l’avait vue venir. Ni l’équipe ni les médias. « Quand on est arrivées en finale, ça a chamboulé le programme des chaînes. C’est à partir de là qu’on a commencé à être un peu connues, et qu’on a voulu avoir notre handball féminin. »
À la fin des années 1990, le hand se conjugue encore au masculin. Jusque dans les tenues, taillées et coupées pour les garçons. « Il a fallu créer toute l’identité de l’équipe de France féminine », rappelle Nodjialem Myaro. La prime, non plus, n’est alors pas la même que celle des joueurs. « On n’a pas accepté cette différence de traitement. Et très vite, André Amiel [alors président de la Fédération française de handball] a permis de rééquilibrer les choses », détaille l’ancienne internationale, qui officie aujourd’hui comme consultante sportive pour la télévision.
Psychologue, préparatrice mentale et présidente
Après avoir joué au Danemark, au Havre, à Marseille, à La Réunion – où sont nés ses enfants – puis à Nice, la joueuse a quitté le terrain en 2013. Elle exerce comme psychologue – son autre passion – auprès de sportif·ves et comme préparatrice mentale pour les joueurs professionnels du Toulouse Football Club. Mais elle n’a pas lâché le hand pour autant. Vice-présidente de la Fédération française de handball, Nodjialem Myaro préside aussi la Ligue féminine de handball depuis 2013. Et travaille, depuis près de dix ans, à développer et structurer le handball féminin, bien différent de celui qu’elle a connu à ses débuts. « Sa visibilité a beaucoup évolué. On le voit avec les matchs de l’équipe de France, qui sont diffusés à la télévision, sur des chaînes en clair, de manière plus continue qu’avant. Les contrats des joueuses du championnat sont devenus professionnels, ce qui leur offre une meilleure stabilité. Et l’an dernier, il y a eu la signature d’une convention collective, qui permet aux joueuses d’avoir une continuité de salaire et des congés maternité », se réjouit-elle.
Il y a de quoi : le handball est le premier sport, en France, à avoir adopté un accord sectoriel pour garantir des droits aux joueuses. « Le handball féminin a toujours eu une histoire militante, et a été précurseur dans de nombreux domaines », appuie Nodjialem Myaro, qui voit dans cet accord « une étape ». « On a encore des marges de progression, notamment sur les partenariats et la médiatisation. Le jour où les clubs pourront bénéficier de droits télé, ce sera une belle avancée. » Une victoire que les handballeuses françaises finiront bien par décrocher.