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La championne de France b-girl Sarah Bee a intégré la cellule breakdance de l’Insep, créée pour préparer les JO 2024. ©LITTLE SHAO – FFDANSE TOUS DROITS RÉSERVÉS

Breakdance : Les b‑girls entrent dans la danse

La danse hip-​hop fera son appa­ri­tion aux Jeux olym­piques, à Paris en 2024. Une dis­ci­pline aux codes bien défi­nis dont les femmes ont long­temps été écartées.

La break­dance voit le jour dans les années 1970 dans le quar­tier du Bronx, à New York (États-​Unis), où la culture hip-​hop émerge dans les com­mu­nau­tés noire et lati­na. À l’époque, on l’appelle aus­si « b‑boying », car elle est pra­ti­quée en grande majo­ri­té par des hommes. Ses figures acro­ba­tiques ryth­mées par le son des basses se dansent en bat­tle, des face-​à-​face au cours des­quels b‑boys ou crews (bandes) s’affrontent. Une danse des quar­tiers popu­laires où les femmes sont encore peu visibles. Dans cet envi­ron­ne­ment viril, elles doivent d’abord gagner le res­pect de « la rue » pour dan­ser. En France, la break­dance débarque dans les années 1980. « Quand j’ai com­men­cé, à l’âge de 11 ans, c’était une danse très mas­cu­line, il y avait très peu de filles. Je viens d’une ville popu­laire [Chenôve, près de Dijon, ndlr], là-​bas on vivait pour ça, pour la danse. Pour les com­pé­ti­tions, il n’y avait pas de solos fémi­nins, c’étaient des deux contre deux dans une caté­go­rie mixte », se sou­vient b‑girl Sarah Bee, cham­pionne de France de break­dance 2022, qui, avec six autres danseur·euses, a inté­gré, à 33 ans, la cel­lule break­dance de l’Institut natio­nal du sport, de l’expertise et de la per­for­mance (Insep) l’année der­nière, créée pour pré­pa­rer les Jeux olympiques.

Une dis­ci­pline spor­tive confidentielle

Pour la pre­mière fois, la break­dance intègre le pro­gramme olym­pique à Paris en 2024, en tant que sport addi­tion­nel (comme le ska­te­board, le surf et l’escalade) com­po­sé de deux épreuves : le solo fémi­nin et le solo mas­cu­lin. Un coup de pro­jec­teur pour une dis­ci­pline encore confi­den­tielle avec seule­ment six mille licencié·es en France. La célèbre com­pé­ti­tion The Battle of the Year, ima­gi­née en 1991 et qui voit s’opposer les meilleur·es danseur·euses de la pla­nète, n’a ouvert ses portes aux solos fémi­nins qu’à par­tir de l’édition 2018, à Montpellier. En pas­sant pro­gres­si­ve­ment d’une pra­tique pure­ment cultu­relle à une pra­tique spor­tive, orga­ni­sée en cir­cuits, avec des com­pé­ti­tions défi­nies, les femmes se sont fait une place de plus en plus impor­tante dans le milieu. « Quelques années avant de savoir qu’on serait aux Jeux, notre sport a com­men­cé à être de plus en plus média­ti­sé, détaille la dan­seuse. Aujourd’hui, on a une plus grande visi­bi­li­té et, avec ça, il y a aus­si plus de filles qui se lancent dans la break­dance. » Une média­ti­sa­tion gagnée à force de patience et de per­sé­vé­rance. Aujourd’hui, ce sont sur­tout des jeunes filles qui s’illustrent dans les com­pé­ti­tions inter­na­tio­nales comme b‑girl Syssy. Après avoir rem­por­té une médaille de bronze aux cham­pion­nats d’Europe, à 15 ans, elle est l’une des espoirs fran­çais. Toute une géné­ra­tion de jeunes ath­lètes qui ont gran­di avec la break­dance émerge, comme b‑girl Carlota Dudek, 19 ans et cham­pionne de France 2021, b‑girl Kimie, 17 ans, entre autres jeunes cham­pionnes. Une manière aus­si de mon­trer que les jeunes femmes mènent désor­mais la danse, même si les b‑girls res­tent moins visibles dans les spots de break­dance ama­teur en exté­rieur. En atten­dant les JO, la finale du Red Bull BC One, la plus grande com­pé­ti­tion de break au monde, aura lieu à Paris, le 21 octobre. Un pre­mier rendez-​vous pour don­ner un nou­veau souffle et faire connaître la dis­ci­pline, qui appar­tient à la Fédération fran­çaise de danse depuis la déci­sion du Comité inter­na­tio­nal olym­pique de l’introduire aux JO en 2020. Celle-​ci mise d’ailleurs beau­coup sur les Jeux olym­piques pour popu­la­ri­ser la pra­tique auprès du grand public et se struc­tu­rer davan­tage, sans déna­tu­rer ses codes et sans oublier ses racines urbaines.

Zoom sur b‑girl Syssy

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© NASSIR MOKHTARI – FFDANSE TOUS DROITS RÉSERVÉS 

Le 7 mai der­nier, b‑girl Syssy a mar­qué les esprits en rem­por­tant sa pre­mière médaille inter­na­tio­nale à 16 ans seule­ment. La Stéphanoise a décro­ché le bronze aux cham­pion­nats d’Europe, une semaine après avoir été titrée aux Championnats de France à Reims pour sa pre­mière par­ti­ci­pa­tion chez les seniors. La dan­seuse s’est d’abord impo­sée sur la scène mon­diale avec son crew Melting Force, avant de prendre son envol en solo. Encore mécon­nue du grand public, l’adolescente pour­rait éclore à l’occasion des Jeux olym­piques 2024, à domicile.

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