La 10e chambre du tribunal judiciaire de Paris s’est réunie ce 7 juillet pour rendre son délibéré dans l’affaire Mila. Sur les treize jeunes adultes poursuivi·es pour cyber-harcèlement à l'encontre de la jeune fille de 18 ans, onze ont été condamné·es.
« Il y aura un avant et un après. Nous sommes en train de poser les règles de ce qui est acceptable et ce qui ne l’est pas sur les réseaux sociaux », avait prévenu le président lors de la première journée d'audience le 21 juin dernier. Le tribunal a donc rendu son verdict ce 7 juillet. Un non-lieu a été prononcé pour vice de procédure et un seul des treizes prévenu·es a été relaxé. Pour les onze personnes reconnu·es coupables, le tribunal a prononcé des peines allant de 4 à 6 mois de prison avec sursis. Une seule a été condamnée pour menace de mort, en raison d’un mail particulièrement explicite. Quant aux dix autres, ils·elles l’ont été pour harcèlement, suite à une vidéo polémique sur l’islam publiée par la jeune femme sur le réseau social Tik Token novembre 2020.
L’institution judiciaire a estimé que la vague qui a touché Mila est « une entreprise de harcèlement, qui a des conséquences physiques et psychiques sur la jeune femme ». Pour rappel, la vie de Mila, qui a aujourd’hui 18 ans, est en suspens depuis la publication de sa première vidéo en janvier 2020 dans laquelle elle critiquait l’islam sur le réseau social Tik Tok. Harcelée quotidiennement depuis, la jeune femme qui souffre de dissociation traumatique, d’hypervigilance anxieuse et de troubles du sommeil a dû être déscolarisée et ne peut plus se déplacer sans un service de protection.
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Vague de cyber-harcèlement
Pour avoir, entre le 14 et le 16 novembre 2020, envoyé des messages sur Twitter et Instagram d’une violence inouïe sur la personne de Mila, 17 ans à l’époque, dix hommes et trois femmes âgé·es de 18 à 29 ans étaient poursuivi·es pour « harcèlement moral en ligne » et « menaces de mort ». Ils et elles étaient suspectés d’avoir participé à la seconde vague de cyberharcèlement après la publication le 14 novembre 2020 d’une seconde vidéo sur Tik Tok dans laquelle Mila critiquait à nouveau l’islam.
À l’exception d’un des prévenu·es, pour lequel le ministère public avait requis la relaxe « dans le bénéfice du doute », tous·tes étaient estimé·es responsables par le parquet. Pour harcèlement, le procureur avait ainsi requis une peine de trois mois d’emprisonnement avec sursis. Pour harcèlement et menaces de mort, les réquisitions montaient à six mois, avec sursis là encore.
La majorité de ces treize jeunes français·es ordinaires, aux casiers judiciaires vierges et qui vivent pour la plupart encore chez leurs parents ont reconnu être l’auteur·rice des messages envoyés, tout en niant les faits de harcèlement et de menaces de mort qui leurs étaient reprochés.