Supprimés lundi 15 avril par TikTok, les faux comptes d’Amandine Le Pen et Léna Maréchal, se servant des noms et images de Marine Le Pen et Marion Maréchal, illustrent le phénomène des deepfakes qui ne sont plus seulement produites à des fins pornographiques mais s’immiscent également de plus en plus en politique. Décryptage.
À travers l’écran, une jeune femme, cheveux longs blonds et yeux bleus perçants, reproduit une chorégraphie populaire sur TikTok. Une influenceuse lambda reprenant à son compte une énième tendance à la mode, rien de plus banal sur le réseau social chinois. Sauf que cette jeune femme a un petit air de… et un nom familier. Amandine Le Pen. Elle serait la nièce de Marine Le Pen, députée et patronne du Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale. Du moins en apparence. Car lorsqu’on regarde plus précisément les images, quelques détails ne collent pas. Une bouche de travers, un regard un peu étrange, un visage figé… En réalité, Amandine Le Pen n’existe pas. C’est ce qu’on appelle un deepfake, une vidéo ou une photo créée de toutes pièces par l’Intelligence artificielle à l’aide d’une autre vidéo ou d’une image, elles, existantes. En l’occurrence, selon des informations de Radio France, Amandine Le Pen aurait été fabriquée de toute pièce à l’aide de vidéos de l’influenceuse allemande Anna Aurélia.
Amandine Le Pen est donc en réalité un savant mélange numérique de Marine Le Pen – ce qui explique la ressemblance frappante – et de vidéos d’une tiktokeuse bien réelle volées sur le web. En résulte une fausse influenceuse d’extrême droite qui distille un contenu mêlant à la fois codes à la mode sur les réseaux et discours identitaire, parsemant chaque vidéo d’un petit drapeau français. Et ça marche. Avant sa suppression, ce lundi 15 avril, certaines de ses vidéos dépassaient les 600 000 vues. Depuis sa création, qui remonterait au mois de février selon BFM-TV, le compte Amandine Le Pen était d’ailleurs suivi par 32 000 personnes. Une grande majorité d’entre elles tombant dans le panneau se sont étonnées de la ressemblance frappante entre Amandine Le Pen et sa célèbre “tante”.
Il faut dire qu’aucune des vidéos ne mentionnait l’utilisation de l’intelligence artificielle, une précision pourtant obligatoire par la loi. En matière de législation, l’article 226–8 du Code pénal sanctionne en effet, depuis 2002, d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende la publication de montages réalisés avec l’image d’une personne sans son consentement, s’il n’apparaît pas “à l’évidence” qu’il s’agit d’un montage, ou “s’il n’en est pas expressément fait mention”.
Qui se cache derrière ces comptes ?
Et chez les faux Le Pen, Amandine ne ferraille pas seule sur TikTok. On a vu apparaître, fin mars, Léna Maréchal, qui se présente comme la nièce de Marion Maréchal – la propre nièce de Marine Le Pen. Blonde et jolie, comme Amandine, Léna Maréchal publiait sur son compte, avant sa suppression ce lundi, de nombreuses vidéos faisant la promotion de Reconquête ! et du RN. Elle aussi est un deepfake.
“Moi quand je vais voter Reconquête en juin”, ”La robe que je vais porter pour la victoire de Jordan [Bardella]”, ”Moi quand le RN sera élu en 2027”, “Prête à défendre la France”, “Mohamed, c’est le mec qui insulte le RN, mais qui finit dans mes DM”, “Quand tu te balades à Paris, tu vois plus de voile que de baguettes de pain”… À moins de deux mois des élections européennes, la promotion glamour de[…]