La stratégie nationale de lutte contre la prostitution sera présentée mi-avril, avec un volet dédié aux mineur·es et notamment celles et ceux de l’Aide sociale à l’enfance, “véritables proies” du système, a déclaré jeudi la ministre Aurore Bergé.
Annoncée initialement pour janvier, cette stratégie avait été reportée en raison des remaniements gouvernementaux, qui ont entraîné des changements à la tête du ministère de l’Égalité entre les femmes et les hommes. Elle sera finalement présentée au printemps, a annoncé, ce jeudi, Aurore Bergé. “Mi-avril”, a précisé son entourage.
Elle intégrera “la question de la prostitution des mineurs, et particulièrement de nos enfants issus de l’Ase”, l’aide sociale à l’enfance, a‑t-elle déclaré lors d’une audition devant la délégation aux droits des femmes du Sénat. “Il faut être très lucide : ces enfants sont des proies aujourd’hui pour le système prostitutionnel.”
La lutte contre la prostitution des personnes mineures est "déterminante parce qu'on voit que les chiffres sont en augmentation constante", a déclaré Aurore Bergé.
“Aujourd’hui, on estime qu’on a 13 % des personnes prostituées qui sont des mineurs, ce chiffre a doublé depuis 2021”, a‑t-elle ajouté, précisant que 15 % de ces prostituées mineures étaient françaises et “plus de la moitié” nigérianes.
Sur la question de la “sortie de prostitution”, la ministre a estimé que l’aide financière actuelle destinée aux personnes engagées dans ce parcours était “très faible monétairement et mériterait sans doute d’être revalorisée”. Cette aide, a‑t-elle poursuivi, est par ailleurs “sous-consommée”, rendant nécessaire un meilleur repérage afin de “garantir que toutes ces personnes qui souhaitent sortir de la prostitution soient accompagnées”. Plus globalement, l’idée de la stratégie à venir est de “s’inscrire dans les pas” de la loi de 2016, qui a abrogé le délit de racolage et l’a remplacé par la verbalisation des clients, et “de continuer à porter cette vision abolitionniste”.
Dans cette optique, les Jeux olympiques de Paris “sont à la fois un risque sur la question de la traite humaine et de la prostitution” et “un levier pour alerter”, a ajouté la ministre. Il “faut que ceux” qui viendront en France pour les JO soient sensibilisés sur “ce que dit notre loi et sur ce qu’ils risquent en France si jamais ils ont recours à la prostitution”.
Depuis la loi de 2016, recourir aux services d’une personne prostituée est passible d’une amende de 1 500 euros, pouvant aller jusqu’à 3 750 euros en cas de récidive. Cette amende est parfois complétée par un stage de sensibilisation.
Lire aussi I Prostitution des mineures : un refuge pour s'en sortir