ÉDITO. Il y a celles qui accouchent « dans un enfer » sous les bombes et celles « en première ligne pour défendre leur pays », armes à la main. Celles qui ont fui leur pays leurs enfants sous le bras, celles qui assurent dans l'ombre les ravitaillements des stocks, celles qui se sont tenues droites et fières devant les chars russes pour les conspuer et celles qui pleurent leurs morts. Probablement aussi, et c'est leur plus grand droit, une majorité de femmes ukrainiennes qui ne font rien d'autre que tenter de survivre.
Notre propension à mettre en avant les plus braves, les intrépides, les héroïnes que l'invasion russe de l'Ukraine ne manque pas de révéler est une ambivalence. Bien sûr, ces temps d'angoisse et de mort ont besoin de mises en récit venant sublimer le courage de celles et ceux qui résistent à l'assaillant alors que rien ne les y destinait. Les admirer, c'est leur donner de la force. C'est aussi nous rendre supportable l'insupportable.
Mais attention à ne pas verser dans l'injonction à l'héroïsme ou dans un décryptage féministe précipité de ces images montrant des femmes prendre les armes. Dans cette guerre où la propagande fait autant rage que les obus, notre besoin de créer du mythe peut nous faire dire n'importe quoi. Ou faire endosser à des individus des combats et des idées qui ne sont pas les leurs.
Le 22 février, Miss Ukraine 2015, Anastasiia Lenna postait sur son compte Instagram aux 313 000[…]