Pourquoi, après un certain âge, faudrait-il forcément renoncer à sa chevelure ? Ce passage, d’apparence banal, chez le·la coiffeur·euse est pourtant moins anodin qu’il n’y paraît.

Qu’est-ce que tu es courageuse, moi je n’oserais jamais ! » Ce drôle de compliment, Corinne, 53 ans, l’a entendu plus d’une fois quand elle arborait sa chevelure grise lâchée sur les épaules. « On dirait vraiment que c’est un exploit », dit- elle en rigolant avant de préciser qu’en général, il y a très vite une personne bien intentionnée pour lui faire savoir que quand même, faut faire gaffe, « les cheveux longs, ça peut donner l’air vieille ». Comme elle s’en fiche un peu, elle porte sa crinière comme un étendard militant. Pas question pour elle d’y renoncer pour se plier à cette idée reçue, ce cliché éculé, selon lequel une femme, passé un certain stade, doit changer de coupe.
D’ailleurs, d’où sort cette injonction qui perdure ? Pourquoi y aurait-il un âge limite à la queue-de- cheval ? « C’est certainement un truc d’hommes pour mettre de côté les femmes de plus de 50 ans », s’agace Caroline Ida Ours, mannequin et influenceuse sexagénaire, qui prête son image et sa longue chevelure mi-grise mi-blonde à diverses publicités. « Dans la littérature et la peinture, le cheveu long renvoie à la sexualité active, explique Enguerran Macia, auteur d’un ouvrage intitulé Dans la peau d’une femme de plus de 65 ans 1 et anthropologue au CNRS. Or, on nie toute vie sexuelle aux femmes vieillissantes. »
« Construction sociale, intellectuelle, psychique et patriarcale »
Ève dans le jardin d’Éden, la Vénus de Botticelli, les créatures dépeintes dans les poèmes[…]