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Stallone © Huma Rosentalski

Stallone et Les Imprudents : deux petits bijoux à voir au théâtre

Un par­cours d’émancipation grâce à Rocky 3 et une varia­tion autour de Marguerite Duras. Causette vous conseille deux pièces à ne pas rater.

Stallone

Que se produit-​il quand une actrice et un met­teur en scène, en l’occurrence cinéaste, ren­contrent un texte idéal ? Un moment de théâtre par­fait. La pre­mière, c’est Clotilde Hesme, qu’on ne pré­sente plus ; le second Fabien Gorgeart, réa­li­sa­teur du char­mant Diane a les épaules, film écrit par lui pour elle, déjà. Le texte, lui, est un bijou d’écriture : une nou­velle d’Emmanuelle Bernheim, – divine écri­vaine dis­pa­rue pré­co­ce­ment en 2017 -, parue dans le jour­nal Le Monde en 2003. Un modèle du genre. Sur scène, presque rien. Clotilde Hesme vêtue d’un jean boy­friend, d’un sweat­shirt rouge et de petites ten­nis blanches qui parle dans un micro. A ses côtés, et der­rière son cla­vier, Pascal Sanglia qui l’accompagne tout du long d’une varia­tion infi­nie autour d’Eyes of the Tiger, la chan­son culte de Rocky 3. Oui car venons-​en au fait : Stallone raconte, comme dans un souffle, l’histoire de Lise, 25 ans, secré­taire médi­cale à la vie plu­tôt modeste qui, vic­time d’un choc digne du syn­drome de Stendhal après avoir vu Rocky 3, décide de mettre un gros coup de gant dans son exis­tence, de quit­ter son mec moyen et de reprendre des études de médecine. 

En une heure et des brou­tilles, c’est toute la vie de Lise que le spec­ta­teur, immé­dia­te­ment embar­qué, voit défi­ler. Le tout au rythme des sor­ties des films de Sylvester Stallone. Celui à qui elle doit tout. Clotilde Hesme fait son­ner les mots de l’écrivaine avec une sim­pli­ci­té bou­le­ver­sante et donne chair à cette Lise, extrê­me­ment atta­chante, avec autant de grâce que de pro­fon­deur. Pascal Sanglia, lui, ponc­tue ce récit avec une drô­le­rie sans nom en don­nant voix à tous les per­son­nages de la vie de Lise : le mec ennuyeux, la copine de fac control freak, le mari… Un spec­tacle où tout est sen­sible et qui tient dans un mou­choir de poche. Mouchoir dont vous aurez peut-​être besoin pour affron­ter le dénouement.

Stallone, au théâtre du Petit Saint Martin, Paris, jusqu’au 26 février. Puis en tour­née par­tout en France.

Les Imprudents
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Les Imprudents © Marie Clauzade

On n’aura jamais fait le tour de Marguerite Duras. Et jamais on ne se las­se­ra de l’entendre. Ses mots, ses ques­tions, ses ful­gu­rances. C’est un por­trait en creux de l’écrivaine que pro­pose Isabelle Lafon, comé­dienne et met­teuse en scène ins­pi­rée qui, depuis plu­sieurs années main­te­nant s’attache à faire entendre sur les pla­teaux les autrices. En 2016, elle consa­crait même un cycle inti­tu­lé « Les Insoumises » à trois d’entre elles et non des moindres : Anna Akhmatova, Monique Wittig et Virginia Woolf. Ce nou­veau spec­tacle autour de la figure de Duras en est le pro­lon­ge­ment. Et pour ten­ter de défi­nir quelques contours de l’icône, Isabelle Lafon et ses deux aco­lytes, les excel­lents comédien·nes Pierre-​Félix Gravière et Johanna Korthals, se sont attaché·es à la Duras inter­vie­weuse. Ils se sont notam­ment replon­gés dans les archives de l’émission de Dim Dam Dom pour laquelle Duras pose de superbes ques­tions à des enfants, une strip­tea­seuse ou encore une direc­trice de pri­son. Ils ont aus­si retrou­vé une émis­sion de France culture de 1967 pour laquelle Duras était allée à la ren­contre des mineurs et femmes de mineurs à Harnes dans le Pas-​de-​Calais pour par­ler de littérature. 

Vous croi­se­rez donc dans ce spec­tacle bour­ré de charme et de déli­ca­tesse André Fontaine, mineur, Liliane Kupscak, employée de la café­té­ria de la mine, Lolo Pigalle, strip­tea­seuse, Pierre Dumayet, jour­na­liste, Suzanne Langlet, biblio­thé­caire à Harnes, mais aus­si toute la bande du « groupe de la rue Saint-​Benoît », Robert Antelme, Dionys Mascolo, Edgar Morin, Claude Roy etc… Se mêlent et s’entremêlent dans ce spec­tacle, des bouts d’archives réin­ter­pré­tés, des impro­vi­sa­tions, d’hilarantes digres­sions d’Isabelle Lafon sur sa chienne Margo. On ne sait jamais ce qui relève du réel et ce qui est le fruit de leur ima­gi­na­tion ou de leurs ren­contres diverses pour pré­pa­rer cette pièce. Et c’est ce qui est inté­res­sant. Car bien sûr, on revit, on res­sent Duras avec joie, mais c’est aus­si une vision toute per­son­nelle de celle qui l’a tant lue, tant regar­dée, tant aimée sans doute que l’on découvre. Celle d’Isabelle Lafon. Et ces deux femmes là réunies sur un même pla­teau, soyez-​en sûr·es ça déboite !

Les Imprudents, théâtre de la Coline jusqu’au 23 jan­vier puis en tournée.

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