brown concrete road during daytime
© Johannes Plenio

Lettre d'une ado à celle qu'elle sera plus grande : « Souviens-​toi des conseils de ton père, pour être sûre de ne jamais les suivre »

Causette est par­te­naire de Lettres d’une géné­ra­tion, un site sur lequel les adolescent·es et jeunes adultes fran­co­phones sont invité·es à écrire une lettre à un des­ti­na­taire qui ne peut pas répondre. Toutes les deux semaines, Causette publie l’une de ces mis­sives.
Dans ce dixième épi­sode, Tara, 17 ans et vivant à Albi, écrit à celle qu'elle sera dans deux ans. 

Vous avez entre 15 et 25 ans et sou­hai­tez par­ti­ci­per au pro­jet Lettres d’une géné­ra­tion ? Écrivez-​leur par là !

"Capsule à ouvrir dans 2 ans, his­toire de voir si t’es encore vivante. Salut Tara, c’est Tara, 2 ans en arrière. J’espère que tu vas bien et que tu conti­nues à écrire à des heures impro­bables sans rai­son pré­cise. Je sais pas trop com­ment com­men­cer, j’ai beau­coup de trucs à dire.

D’abord, dis-​moi que t’as tou­jours Kéoo col­lé à toi et si c’est pas le cas, achète un pois­son rouge. Ensuite, j’espère que t’as la même vie que moi, mais encore mieux.
J’espère que tu fais tou­jours autant de bêtises, que tu te fous tou­jours autant dans la merde, que tu tombes tou­jours aus­si fol­le­ment amou­reuse même si tu te pro­mets à chaque fois que c’est la der­nière fois.

Que tu cries, danses et rigoles fort comme avant, que t’as tou­jours ces mau­vaises passes et ces moments de vide qui te donnent une grosse claque dans la gueule et te per­mettent de réagir, que tu conti­nues d’essayer de don­ner de l’amour à tous les gens qui t’entourent même si par­fois tu leur en demande beau­coup. J’espère aus­si que t’as réus­si à contrô­ler ta colère et que tes nerfs sont moins sensibles.

Au fait, si t’as pas eu le cou­rage de par­tir vivre loin et de tout le monde, c’est pas grave, t’étais pas prête. On deman­de­ra à la Tara de 25 ans de le faire pour nous. Est-​ce que tu traînes tou­jours avec Quentin, Vio et Sarah ? Est-​ce que t’as rem­bour­sé toutes les clopes que t’as volé devant le lycée ? Est-​ce que t’as res­pec­té tes pro­messes ? T’es par­tie de chez toi et t’es jamais reve­nue ? T’as envoyé l’autorité se faire foutre ? T’as réus­si à prendre tes res­pon­sa­bi­li­tés seule sans avoir besoin de per­sonne ? Est-​ce que t’as réus­si à dire à ton crush de 4ème que t’étais dingue de lui ?

Même si tu as cer­tai­ne­ment plus d’expérience sur la vie que moi, laisse-​moi te don­ner quelques règles fon­da­men­tales à ne jamais oublier quoi qu’il arrive. 

D’abord, fonce dans le tas. Même si t’es pas sûre. La suite on ver­ra plus tard. Fais confiance aux autres, tou­jours. Ne garde jamais rien pour toi. Réponds tou­jours au télé­phone on sait jamais. Ne mets pas de soquettes avec des Doc Martens. Même si tu le vois plus, appelle Marius si tu apprends qu’il a un pro­blème. La der­nière fois, après un gros coup de pied au cul ça s’était plu­tôt bien passé. 

Lâche la pres­sion. Abandonne-​toi à la sen­sa­tion de te lais­ser gui­der par le mou­ve­ment. Écoute du Saez. Rappelle-​toi toute ta vie de ceux qui se sont occu­pés de toi quand toi tu n’arrivais plus. Souviens-​toi des paroles et conseils de ton père, pour être sûre de ne jamais les suivre. Sois tou­jours com­pré­hen­sive avec les autres. Et le plus impor­tant, si tu paniques, ne le dis pas à Thomas, sinon lui aus­si il panique. 

T’as tou­jours vou­lu chan­ger le monde. Du moins y contri­buer à ton échelle. J’espère que t’as réus­si. Que t’as réus­si à aider ceux qui en avaient plus besoin que toi. J’espère que tu t’es mise au tra­vail pour réa­li­ser nos plus grands rêves. Pour enfin deve­nir quelqu’un, peut-être. 

Pour finir, s’il te plaît ne te fais pas de mal. Reste toi-​même et sois heu­reuse. Continue d’enfermer tous tes sou­ve­nirs pré­cieux dans des boîtes. Ça réchauffe le coeur quand ça va pas. Arrête d’essayer de sur­vivre et com­mence à vivre réel­le­ment. Du plus fort que tu peux. Et sur­tout, entre deux temps, pense à respirer." 

Tara, 17 ans, Albi

Lettre d’une géné­ra­tion, épi­sode 9 l Lettre à la sco­la­ri­sa­tion obli­ga­toire : « Tout le monde apprend, natu­rel­le­ment, par­tout, tout le temps et for­cer cet appren­tis­sage n’a pas de sens »

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