On les appelle les « enfants de la Creuse ». De 1962 à 1984, plus de deux mille mineur·es de La Réunion furent envoyé·es, malgré elles·eux, dans les campagnes de France métropolitaine. Une histoire douloureuse, où se mêlent politique coloniale et dysfonctionnements de l’Aide sociale à l’enfance.
De ses deux premières années passées dans une pouponnière de La Réunion, il ne lui reste que quelques flashs de lits d’enfants et de blouses blanches. De son arrivée à l’aéroport d’Orly, à l’âge de 23 mois, Virginie Lagrave n’a aucun souvenir, si ce n’est la vidéo tournée par ses parents adoptifs. Désormais âgée de 50 ans, elle fait partie des enfants dits « de la Creuse », soit 2 015 mineur·es de La Réunion qui, entre 1962 et 1984, furent envoyé·es pour un aller sans retour vers la France hexagonale.
À l’époque, l’État redoute un « tsunami démographique » dans cette ancienne colonie, devenue département français en 1946. Alors que l’île voit sa[…]