La vie a repris au cœur d’un ancien hôtel cinq étoiles parisien fermé pour cause de pandémie. Transformé par l’association CASP en centre d’hébergement d’urgence, l’hôtel L accueille depuis mai et pour un an, 142 personnes, femmes et enfants, en situation de grande précarité.
« Merci pour le lit, merci pour la chambre » s’exclame Myriam* quand elle aperçoit la directrice du centre d'hébergement d’urgence dans l’embrasure de sa porte. « Merci pour les cadeaux » ajoute-t-elle tout en nettoyant les miettes que son fils a éparpillé sur la moquette de l’Hôtel L. Des éclats de rire résonnent. « Pourquoi vous riez ? » s’étonne la femme dont un foulard jaune recouvre les cheveux. « Parce que vous dites la même chose à chaque fois que vous me croisez , répond la directrice Aurélie El Hassak-Marzorati. Merci à vous pour votre sourire. »
Myriam est hébergée depuis six mois dans ce centre d’accueil pour femmes et enfants en situation de précarité, situé au cœur du IXème arrondissement, à deux pas de l’opéra Garnier. Dans une chambre spacieuse aux murs blancs, aux moulures apparentes et à la grande hauteur sous plafond, elle dort dans un lit double. Intercalé entre ce dernier et de grandes fenêtres donnant sur un balconnet, se trouve le lit de son petit garçon de cinq ans. Dans la même pièce, une porte donne sur une salle de bain individuelle, luxe peu commun aux hébergements d’urgence. Et pour cause : ce confort est celui d’un ancien hôtel cinq étoiles, réinvesti depuis le mois de mai par l’association CASP (Centre d’Action Sociale Protestant). Cette association reconnue d’utilité publique gère 70 lieux d’hébergement d’urgence en Ile-de-France, mais celui-ci se différencie des centres classiques.

Deux de ses enfants sont atteints d'autisme. © Severine Sajous
Rien, de l’extérieur, ne laisse présager que cet immeuble haussmannien accueille aujourd’hui 80 femmes dans le besoin et leurs 62 enfants. Pourtant, à la suite de la fermeture du palace à cause de la pandémie de Covid-19, le bâtiment a été racheté par la société privée Assembly. Ce gestionnaire de patrimoine immobilier a souhaité mettre le lieu à disposition d’un public de « femmes en grande vulnérabilité », pour une durée déterminée par avance : un an.
Une année pour se reconstruire
Douze mois, cela peut paraître court, mais le propriétaire a un autre projet immobilier en tête pour la suite. Et pour ces femmes habituées[…]