LMG VERMILION FINGERTIPS 1044
© Lisa-Maria Gruber, extrait de sa série "Vermilion Fingertips"

C'est quoi la der­ma­tillo­ma­nie, ce trouble qui met la peau à feu et à sang ?

Un TOC, se tri­tu­rer, du skin picking, une “mau­vaise habi­tude”… il existe de nom­breuses façons de qua­li­fier la der­ma­tillo­ma­nie. Pour les per­sonnes qui en souffrent, dont une écra­sante majo­ri­té de femmes, il s’agit sur­tout d’un trouble qui ronge bien plus que la peau.

“C’était deve­nu obses­sion­nel de regar­der ma peau, d’essayer de la lis­ser, d’essayer d’enlever les petites irré­gu­la­ri­tés qu’il y avait des­sus.” Camille Montaz a pas­sé une dizaine d’années devant le miroir à “tri­tu­rer” son visage avant de mettre des mots sur un trouble qui ron­geait son estime d’elle-même, sa vie et sa peau. La der­ma­tillo­ma­nie – ou le “com­por­te­ment répé­ti­tif cen­tré sur le corps carac­té­ri­sé par le grat­tage, le tri­tu­rage patho­lo­gique répé­té de sa propre peau, plu­sieurs minutes ou heures quo­ti­diennes, abou­tis­sant à des lésions cuta­nées, entraî­nant une détresse signi­fi­ca­tive ou une alté­ra­tion du fonc­tion­ne­ment social, pro­fes­sion­nel ou d’autres domaines impor­tants” – est consi­dé­rée comme un trouble obses­sion­nel com­pul­sif (TOC) par le Manuel diag­nos­tique et sta­tis­tique des troubles men­taux (DSMV) depuis 2015. Les per­sonnes qui en souffrent s’attaquent à leur peau de façon obses­sion­nelle et addic­tive, sans pou­voir se défaire d’un rituel qui pro­voque à la fois séré­ni­té et mal-être.

Lire aus­si I Acné adulte : la peau­si­tive attitude

“Une étude appuyée par le Journal of psy­chia­tric mede­cine men­tionne 2,1 % de per­sonnes atteintes de der­ma­tillo­ma­nie de façon cou­rante et 3,1 % atteintes de façon ponc­tuelle. Cela repré­sente entre 1 mil­lion et demi et 2 mil­lions de per­sonnes en France”, explique Mary-​Jane Coutant. Elle est psy­cho­thé­ra­peute spé­cia­li­sée dans la prise en charge de la der­ma­tillo­ma­nie et s’appuie notam­ment sur les thé­ra­pies cog­ni­tives et com­por­te­men­tales pour accom­pa­gner ses patient·es. “Imaginez vivre des heures rivé à un miroir à se tri­tu­rer au sang sans pou­voir s’arrêter et réa­li­ser que l’on ne se sen­ti­ra pas capable de sor­tir de la salle de bains sans se maquiller et sans avoir la force de ten­ter d’expliquer à autrui que l’on s’est grat­té “volon­tai­re­ment” des petits bou­tons peut-​être invi­sibles, détaille la pro­fes­sion­nelle basée en Haute-​Garonne. C’est le quo­ti­dien de nom­breuses per­sonnes, qui ne savent par­fois pas encore que ce com­por­te­ment porte un nom et qu’il se tra­vaille.” Comme le détaille Camille, la der­ma­tillo­ma­nie ne s’apparente pas juste à[…]

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