Un TOC, se triturer, du skin picking, une “mauvaise habitude”… il existe de nombreuses façons de qualifier la dermatillomanie. Pour les personnes qui en souffrent, dont une écrasante majorité de femmes, il s’agit surtout d’un trouble qui ronge bien plus que la peau.
“C’était devenu obsessionnel de regarder ma peau, d’essayer de la lisser, d’essayer d’enlever les petites irrégularités qu’il y avait dessus.” Camille Montaz a passé une dizaine d’années devant le miroir à “triturer” son visage avant de mettre des mots sur un trouble qui rongeait son estime d’elle-même, sa vie et sa peau. La dermatillomanie – ou le “comportement répétitif centré sur le corps caractérisé par le grattage, le triturage pathologique répété de sa propre peau, plusieurs minutes ou heures quotidiennes, aboutissant à des lésions cutanées, entraînant une détresse significative ou une altération du fonctionnement social, professionnel ou d’autres domaines importants” – est considérée comme un trouble obsessionnel compulsif (TOC) par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSMV) depuis 2015. Les personnes qui en souffrent s’attaquent à leur peau de façon obsessionnelle et addictive, sans pouvoir se défaire d’un rituel qui provoque à la fois sérénité et mal-être.
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“Une étude appuyée par le Journal of psychiatric medecine mentionne 2,1 % de personnes atteintes de dermatillomanie de façon courante et 3,1 % atteintes de façon ponctuelle. Cela représente entre 1 million et demi et 2 millions de personnes en France”, explique Mary-Jane Coutant. Elle est psychothérapeute spécialisée dans la prise en charge de la dermatillomanie et s’appuie notamment sur les thérapies cognitives et comportementales pour accompagner ses patient·es. “Imaginez vivre des heures rivé à un miroir à se triturer au sang sans pouvoir s’arrêter et réaliser que l’on ne se sentira pas capable de sortir de la salle de bains sans se maquiller et sans avoir la force de tenter d’expliquer à autrui que l’on s’est gratté “volontairement” des petits boutons peut-être invisibles, détaille la professionnelle basée en Haute-Garonne. C’est le quotidien de nombreuses personnes, qui ne savent parfois pas encore que ce comportement porte un nom et qu’il se travaille.” Comme le détaille Camille, la dermatillomanie ne s’apparente pas juste à[…]