
L’Odeur de chlore, d’Irma Pelatan
Attribué chaque année à un livre issu de maisons d’édition indépendantes, le prix Hors Concours récompense toujours des ouvrages surprenants. Hors des sentiers battus. Cette fois encore, avec L’Odeur de chlore, il couronne un ovni littéraire.
C’est un livre mince, moins de cent pages, troublant et juste comme un haïku. Difficile à définir. Irma Pelatan précise que son court récit est la « chronique d’un corps qui fait des longueurs ». Elle y raconte quatorze années de natation intense, dans l’extraordinaire piscine de Firminy-Vert, dans la Loire, conçue par Le Corbusier. Durant ces années, la narratrice quitte l’état de petite fille pour devenir une femme. Au fil des longueurs de bassin, au creux de la solitude de l’effort, le dialogue intérieur est permanent et la jeune fille va devoir affronter un souvenir douloureux, volontairement oublié, qui remonte à la surface.
On plonge avec délice dans ce récit intime au style inimitable. « J’ai cherché à traduire la langue du corps, précise Irma Pelatan, une langue qui est toute eau et rythme. Délaissant la fiction, j’ai laissé le réel me submerger jusqu’à rendre visible l’invisible, jusqu’à donner une place à l’inaudible. » I. M.
L’Odeur de chlore, d’Irma Pelatan. Éd. La Contre Allée, 98 pages, 13 euros.
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