Avec la sortie en 2020 de son film Playlist, la dessinatrice fait ses premiers pas de réalisatrice. L’occasion d’une rencontre foisonnante et sensible où affleure l’urgence de vivre sa vie.
La silhouette elfique émerge prestement de cette rue des hauts de Belleville, franchit la porte du café, s’assied face à vous et annonce la couleur : « Je crois que j’ai attrapé froid. » Installée depuis quelques années à Marseille, la dessinatrice Nine Antico renoue avec les frimas de ce début d’automne parisien. Elle s’adjoint donc les services d’un grog – « Il est pas trop chargé, au moins ? » – et répond généreusement au feu des questions. Elle sautille d’un sujet à l’autre, enchaînant les associations d’idées, s’attardant sur un mot, précisant une pensée avec l’agilité de celles et ceux qui ont pratiqué l’analyse. Elle s’interrompt seulement pour ajuster par texto un rendez-vous avec le chanteur Bertrand Belin : « C’est lui qui fait la voix off de mon film. Bertrand Belin, quoi ! » lance-t-elle tout sourire, avec l’air de celle qui ne croit pas encore tout à fait à sa chance.
La vie en pleine face
L’année 2020 verra en effet la sortie sur les écrans de son premier long-métrage, Playlist, avec, en tête d’affiche, Sara Forestier et Laetitia Dosch dans les rôles de Sophie et Julia : la première aspire à réussir dans le dessin, la seconde à devenir actrice. Mais à l’aube de leur trentaine, elles voient leurs[…]