Chaque mois, on demande à quelqu’un·e pourquoi il ou elle se lève le matin. La réponse en dessins.
À 44 ans, Odile est patronne ouvrière. Depuis dix-sept ans, elle propose des chantiers de rénovation, qu’elle suit de A à Z. Elle travaille avec six peintres salariés, mais aussi un plombier, un menuisier, un plaquiste. Que des Égyptiens.

Odile a grandi dans une famille bourgeoise. Une bonne élève, mais pas vraiment adaptée au cadre auquel sa classe sociale la destine. À 16 ans, elle commence comme animatrice de Minitel rose, avant de gérer une boutique de disques à Paris, à la Bastille. Puis elle est hôtesse au théâtre du Châtelet, où elle milite syndicalement. « On ne reconnaît que la docilité dans le travail, très tôt j’ai compris que ce n’était pas pour moi. » En parallèle, elle est femme de ménage. On lui demande un peu de bricolage, elle se forme pour devenir peintre-décoratrice d’intérieur.
« Le bâtiment, c’est rarement une vocation. C’est pour les mauvais élèves. En général, les femmes qu’on y croise sont là par choix. À Paris, on doit être une dizaine de patronnes seulement. »

« J’ai perdu des clients parce que j’étais une femme, j’en ai gagné d’autres. Je suis très désagréable d’emblée. On me dit : “T’es une grosse gouine désagréable”, mais après on me fout la paix. Avec mes ouvriers, c’est différent. Je ne suis pas une femme, je suis Voldemort : je[…]