IMG 3495

Spectacle "Présentes" : 60 femmes de Colombes inves­tissent le Panthéon

Ce same­di 25 sep­tembre, les ors du Panthéon ont accueilli un joyeux spec­tacle mêlant danse, chant et théâtre, orga­ni­sé par plu­sieurs col­lec­tifs artis­tiques de la ville de Colombes (92). Une soixan­taine de Colombiennes de tout âge ont pu y expri­mer leur vision de la place des femmes dans l'espace public, après un an de répétitions.

Qu'elles aient 5 ans ou 70, les femmes artistes de Colombes étaient repé­rables par­mi les cen­taines de per­sonnes pré­sentes au Panthéon ce 25 sep­tembre grâce à leur tenue ves­ti­men­taire : un bas noir et un haut rouge, à moins qu'elles soient tout en noir et aient mis une touche de rouge avec un élas­tique dans leurs che­veux ou un fou­lard à leurs cous. Sont-​elles impres­sion­nées par l'exploit qu'elles s'apprêtent à accom­plir, se pro­duire en spec­tacle au sein même du temple répu­bli­cain où reposent celles (une poi­gnée) et ceux qui ont fait la gran­deur de la France ? A vrai dire, c'est plu­tôt une joyeuse séré­ni­té qui se dégage de ces femmes, celle que pro­cure l'élan col­lec­tif d'une troupe avant de mon­ter sur scène.

Théâtre, chant, danse : chaque pièce de ce « spec­tacle déam­bu­la­toire » à l'intérieur du Panthéon a don­né à cha­cune l'occasion d'explorer les dif­fé­rents moments de la vie des femmes (enfance, ado­les­cence, mater­ni­té, méno­pause) et expri­mer leur vision de la condi­tion fémi­nine (qu'il s'agisse de la relé­ga­tion des filles hors du centre de la cour de récréa­tion où les gar­çons jouent au foot, du har­cè­le­ment de rue ou encore de la dif­fi­cul­té à aimer son corps).

thumbnail IMG 3449

Nommé en clin d'oeil à l'essai Présentes – Ville, médias, poli­tique… quelle place pour les femmes ? publié en 2020 par Lauren Bastide, ce spec­tacle mon­té en un an a été créé par cinq com­pa­gnies et asso­cia­tions artis­tiques de la ville de Colombes : la com­pa­gnie La Tête Ailleurs (arts de la rue), le Collectif Lilalune etc. (théâtre), Fausse Note (musiques actuelles), CAP (danse), Post-​Scriptum (pod­cast). L'idée : res­ti­tuer la parole de Colombiennes ano­nymes, « héroïnes du quo­ti­dien », qui a été cap­tée grâce à des ate­liers d'écriture auprès de divers publics – dans des éta­blis­se­ments sco­laires comme dans des Ehpad. Tandis que des comé­diennes cla­maient ces mots racon­tant l'expérience indi­vi­duelle, des dan­seuses et des cho­ristes leur don­naient corps et donc une dimen­sion col­lec­tive voire universelle. 

« Le Panthéon, c'est un lieu sym­bo­lique pour toute notre socié­té, et pour­tant, seules cinq femmes y reposent, sou­ligne Peggy Rolland, de l'association musi­cale Fausse Note. Mais alors que Présentes était lan­cé, Emmanuel Macron a annon­cé que Joséphine Baker allait l'intégrer. Ce spec­tacle a aus­si été l'occasion de célé­brer son arri­vée pro­chaine [le 30 novembre, ndlr]. » C'est dans le cadre du jume­lage cultu­rel « Sortir du cadre » entre les villes de Colombes, Gennevilliers et le Panthéon – dont l'ambition est de rendre acces­sibles des monu­ments patri­mo­niaux à un public qui en est éloi­gné – que cette créa­tion artis­tique a pu être mise sur pied. Et puisque ces femmes avaient les clefs du Panthéon ce jour-​là, autant y aller à fond. Présentes a ain­si inves­ti l'intégralité du lieu, grâce à une mise en scène déam­bu­la­toire, qui deman­dait autant aux artistes qu'au public de se mou­voir entre les dif­fé­rentes salles de l'édifice – Ce qui don­ne­ra lieu à une réjouis­sante danse modern-​jazz autour du pen­dule de Foucault ! Un par­ti pris auda­cieux vu la confi­gu­ra­tion du lieu et l'absence de micro, qui a par­fois ren­du la com­pré­hen­sion de l'œuvre com­pli­quée pour les per­sonnes du public le plus éloi­gnées des artistes. Qu'importe : le final, un extrait de l'hymne du MLF chan­té en cho­rale, a don­né à toutes et tous la chair de poule. Quoi de plus poi­gnant que « debout femmes esclaves » chan­té en chœur sous les ors de ce temple républicain ?

Final de Présentes : le chœur entonne Debout les femmes, hymne du MLF.

Et bonne nou­velle pour celles et ceux qui sou­hai­te­raient avoir un aper­çu du tra­vail col­lec­tif de Présentes : une série de pod­casts de témoi­gnages de femmes de Colombes, réa­li­sée par le col­lec­tif colom­bien Post-​Scriptum, est acces­sible par ici.

Lire aus­si l « Osez Joséphine » : la péti­tion qui veut faire entrer Joséphine Baker au Panthéon

Vous êtes arrivé.e à la fin de la page, c’est que Causette vous passionne !

Aidez nous à accom­pa­gner les com­bats qui vous animent, en fai­sant un don pour que nous conti­nuions une presse libre et indépendante.

Faites un don
Partager

Cet article vous a plu ? Et si vous vous abonniez ?

Chaque jour, nous explorons l’actualité pour vous apporter des expertises et des clés d’analyse. Notre mission est de vous proposer une information de qualité, engagée sur les sujets qui vous tiennent à cœur (féminismes, droits des femmes, justice sociale, écologie...), dans des formats multiples : reportages inédits, enquêtes exclusives, témoignages percutants, débats d’idées… 
Pour profiter de l’intégralité de nos contenus et faire vivre la presse engagée, abonnez-vous dès maintenant !  

 

Une autre manière de nous soutenir…. le don !

Afin de continuer à vous offrir un journalisme indépendant et de qualité, votre soutien financier nous permet de continuer à enquêter, à démêler et à interroger.
C’est aussi une grande aide pour le développement de notre transition digitale.
Chaque contribution, qu'elle soit grande ou petite, est précieuse. Vous pouvez soutenir Causette.fr en donnant à partir de 1 € .

Articles liés
toddler sitting on desk

Lettre à la sco­la­ri­sa­tion obli­ga­toire : « Tout le monde apprend, natu­rel­le­ment, par­tout, tout le temps et for­cer cet appren­tis­sage n'a pas de sens »

Alors qu'Emmanuel Macron envisage de réduire drastiquement les possibilités d'instruction à domicile dans le cadre du projet de loi de lutte contre les séparatismes, Auriane, 20 ans et vivant à Paris, s’adresse à la scolarisation obligatoire...