Nina Wu, de Midi Z
À l’Est, du nouveau. Cinglant et beau. Devançant Hollywood et ses scénaristes pourtant réactifs, Nina Wu, long-métrage taïwanais, est en effet le premier à tisser son récit autour des violences infligées aux actrices par l’industrie du cinéma. Certes, la démarche s’inscrit dans le sillon de #MeToo, donc de la libération de la parole des femmes, mais elle étonne et détonne, d’autant que le silence est d’or habituellement en Asie…
Réalisé par le talentueux Midi Z et cosigné par Wu Ke-Xi, son actrice principale, Nina Wu raconte la trajectoire bouleversante d’une jeune femme venue s’installer à Taipei dans l’espoir de devenir comédienne. Après des années de galère, elle auditionne pour le premier rôle d’un film d’espionnage. Bingo ! Elle est retenue. Un vrai défi, notamment parce qu’elle doit jouer nue dans des scènes de sexe explicites. Mais aussi parce qu’elle est traitée durement par le réalisateur pendant le tournage. Fragile, Nina se fissure donc de plus en plus. Rattrapée par ses cauchemars et sa parano, elle finit même par ne plus très bien distinguer la fiction du réel. Nous non plus. Jusqu’au twist final, sommet d’inconfort mais pièce indispensable de ce récit-puzzle…
Attention : même si Nina Wu dépeint sans faux semblant les humiliations et/ou l’instrumentalisation du corps des actrices, il ne s’inscrit pas pour autant dans le registre naturaliste du film-dossier. Midi Z préfère jouer – intelligemment – avec les codes… d’Hollywood (son sujet s’y prête). Balançant entre l’univers labyrinthique de David Lynch et le cinéma manipulateur/virtuose de Brian De Palma, il vous fera vivre une expérience rare. Stylée, tourmentée, mais juste.
Selfie, de Thomas Bidegain et Marc Fitoussi (notamment)
Pour une fois qu’une comédie française se pique d’être féroce et drôle[…]