red cinema seat number 23
©Kilyan Sockalingum

Notre sélec­tion ciné du 19 octobre

Au pro­gramme de cette semaine : un récit amou­reux tour­men­té avec Un couple, de Frederick Wiseman et un périple qui dénonce comme jamais la vio­lence des humains à l’égard des ani­maux avec Eo, de Jerzy Skolimowski. 

Un couple, de Frederick Wiseman

Joies, affres et vio­lences de la vie conju­gale : tel pour­rait être l’exergue de ce film qu’il convient de décou­vrir dare­dare. D’autant qu’il sait être court (1 h 03), sans doute pour trans­mettre au mieux la ful­gu­rance de son propos !

En dehors des codes, Un couple l’est de toute façon. Déjà parce qu’il est signé Frederick Wiseman, un docu­men­ta­riste amé­ri­cain dont l’œuvre foi­son­nante, cou­ron­née de prix, s’est davan­tage pré­oc­cu­pée de poli­tique que d’intimité jusqu’alors. Et ensuite parce qu’il s’agit de l’adaptation du jour­nal de Sofia Tolstoï et de sa cor­res­pon­dance avec son grand écri­vain de mari, Léon (1828- 1910). Un couple hors normes dont les trente-​six années de mariage furent jalon­nées de dis­putes épou­van­tables comme de récon­ci­lia­tions ardentes.

Le plus sur­pre­nant ? Chacun des mots de ce récit tour­men­té résonne de façon contem­po­raine. De fait, on y entend la des­crip­tion pré­cise, bou­le­ver­sante, d’une rela­tion construite sur de mau­vaises bases et deve­nue toxique. Sofia, femme édu­quée, créa­tive et amou­reuse, semble ain­si plon­ger peu à peu dans un état de ser­vi­tude abso­lu (elle gère seule l’immense domaine de Tolstoï, élève leurs treize enfants, lui sert de copiste et de cor­rec­trice, etc.).

Certes, il s’agit d’un mono­logue, et certes, il ne fait état que de son point de vue. Nul embar­ras ni las­si­tude pour autant. Donner la parole à celles qui en ont été pri­vées si long­temps est tou­jours une bonne idée. Et puis cette parole est sai­sie dans un décor extra­or­di­naire : un jar­din dont la dou­ceur ne fait que ren­for­cer la vio­lence de ce qui est conté. Ultime rai­son de se frot­ter à ce film mini­ma­liste : la per­for­mance de Nathalie Boutefeu dans le rôle de Sofia. Grâce à elle, ce texte du XIXe siècle devient acces­sible, vivant… urgent.

Un couple, de Frederick Wiseman. En salles. 

Eo, de Jerzy Skolimowski

D’aucuns qua­li­fie­ront Eo d’ovni. Le nou­veau film de Jerzy Skolimowski, cinéaste sans conces­sion, est en effet très ori­gi­nal… Même s’il s’inspire, au départ, du film de Robert Bresson Au hasard Balthazar (1966). Disons qu’il le réac­tua­lise, puisqu’il donne à voir le monde d’aujourd’hui à tra­vers le regard mélan­co­lique… d’un âne ! Ballottée à tra­vers l’Europe, ladite créa­ture dénom­mée Eo (Hi-​Han, en polo­nais) y ren­contre des gens bien et d’autres mau­vais, trot­ti­nant d’un cirque à une écu­rie ou un refuge. Un périple pas bête : il per­met de dénon­cer comme jamais la cruau­té et la vio­lence des humains à l’égard des ani­maux. Si l’on exclut une scène sau­gre­nue avec Isabelle Huppert et une musique trop forte, ce récit émou­vant emporte donc pour de bonnes rai­sons. Sachant que la beau­té des images, à cou­per le souffle par­fois, favo­rise pas mal le transport.

Eo, de Jerzy Skolimowski. En salles. 

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