ÉDITO. Ce dimanche, pour la deuxième fois en une semaine, le Journal du dimanche (JDD) ne paraîtra pas. Un acte symbolique fort, tant l'hebdomadaire donne très souvent le la de l'actualité qui va égrener la semaine qu'il précède, avec ses grandes interviews de personnalités politiques riches en révélations.
Ses journalistes, de nouveau en grève ce vendredi, protestent contre la nomination de Geoffroy Lejeune, ancien patron du journal d'extrême droite Valeurs actuelles, parachuté directeur de la rédaction. L'information, révélée dans un premier temps par Le Monde avant d'être officialisée dans un communiqué, confirme la mainmise de Vincent Bolloré sur le JDD, qui appartient, comme Europe 1 et Paris Match, à Lagardère que le milliardaire breton a racheté. Mainmise contestée par Arnaud Lagardère, président-directeur général du groupe du même nom, qui affirme avoir pris « seul » (mouais) la décision de nommer Lejeune, qu'il qualifie de « journaliste jeune, talentueux et à l’aise avec le digital » auprès du Figaro.
Un petit air amer de déjà-vu nous saisit, sept ans après une grève, là encore historique, des journalistes de feu Itélé, devenue CNews en 2017. Avec Geoffroy Lejeune, mais aussi sa comparse Charlotte d'Ornellas, ex-Valeurs qui devrait rejoindre le JDD, c'est un journalisme d'opinion qui prend possession de grands titres prestigieux et historiques, venant brouiller la frontière de plus en plus fine entre faits et croyances. Franchement, ça fait peur. Et ça ne devrait pas effrayer que les journalistes, tant l'influence de ces médias est colossale. Alors pour aider les journalistes du JDD, il y a deux choses à faire : soutenir la pétition lancée par la rédaction, et donner (si possible) un peu d'argent pour leur permettre de continuer leur lutte.