Comme chaque lundi, le réveil a sonné à 6 heures. Et ça pique. D’habitude, c’est plutôt à cause du petit verre de trop du samedi soir. Pour relâcher la pression de la semaine, elle ne lésine jamais sur le dancefloor avec les copines. Ça défoule. En général, elle essaie de ne pas trop parler de ses élèves, histoire de penser à autre chose, mais bien souvent c’est plus fort qu’elle. Alors, avec l’humour qui la caractérise, elle leur raconte la dernière sortie hilarante de Kyan, les résultats prodigieux et inespérés de Johanna, les tenues très personnelles d’Ismaël, mais aussi les débats enflammés et parfois houleux qu’elle a avec eux sur la liberté d’expression pendant le cours d’éducation morale et civique. Elle voit bien que, depuis quelques années, c’est de moins en moins évident d’évoquer ces sujets-là. Ça lui colle même un peu la boule au ventre quand vient le moment… Mais la vocation, elle l’a chevillée au corps. Et elle croit encore aux vertus de la parole et de l’éducation pour déminer les idées reçues et lutter contre l’obscurantisme. La plupart du temps, elle y parvient. Et c’est avec le sentiment du devoir accompli qu’elle quitte son établissement en fin de journée. Pas mécontente d’elle ! Depuis Charlie, le combat est rude. Mais elle ne lâche rien. Ça compte beaucoup pour elle. Ce lundi-là, pourtant, la gueule de bois est carabinée. Et elle n’a rien à voir avec l’abus d’alcool. Son week-end, elle l’a passé à pleurer, à crier et à marcher, pancarte à la main, place de la République. Sauf que, recroquevillée dans le fond du train froid et sombre qui la mène vers son collège, elle a très mal à sa République. Elle pense à Samuel Paty en boucle depuis trois jours. Elle ne peut s’empêcher de l’imaginer sortir gaiement du collège en fin d’après-midi avant que l’impensable se produise. Comme elle le fait chaque jour. Elle se demande comment on a pu en arriver là. Mais, alors qu’une larme coule sur sa joue, lui revient en mémoire cette lettre écrite par Albert Camus à son ancien instituteur, quelques jours après avoir reçu le prix Nobel, et dans laquelle il lui disait : « On vient de me faire un bien trop grand honneur, que je n’ai ni recherché ni sollicité. Mais quand j’ai appris la nouvelle, ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, et votre exemple, rien de tout cela ne serait arrivé. » Alors, la gorge nouée et le cœur serré, elle sort du train. Et marche d’un pas décidé vers le collège Albert-Camus où elle enseigne depuis quinze ans. Et elle reprend un tout petit peu espoir.
L’herbe est toujours plus verte chez Gucci, chez qui on peut se procurer une salopette et un jean version « roulade bucolique dans le gazon » pour les modiques sommes respectives de 980 et 680 euros. La marque iconique italienne file un mauvais coton, mais bio, s’il vous plaît !
« Fatwa civilisationnelle » ; « Projet génocidaire moral » ; « Une forme de totalitarisme ». C’est ce qu’ont hurlé bien des messieurs, y compris dans le poste de radio. Ce qui les a rendus mabouls, ce n’est pas la venue de l’Apocalypse ni une émasculation de masse, mais une remarque d’Alice Coffin. Militante féministe, autrice du…
Ils sont trois mille à débouler de leurs banlieues chaque matin dans les rues de La Paz, en Bolivie, à l’affût du moindre rayon de soleil. Leur mission : faire briller les souliers de cuir des passant·es.
Taubira l'écrivaine Paru en pleine rentrée littéraire, le premier roman de Christiane Taubira est de ceux qu’on ne lit pas comme les autres. En quelques pages, on est rassuré : le style littéraire est à l’aune de la verve oratoire de l’ancienne ministre. Gran Balan s’ouvre dans un tribunal de Guyane…
À volonté – Tu t'es vue quand tu manges ? L’une s’appelle Mademoiselle Caroline. L’autre s’appelle Mathou. Vous connaissez sans doute déjà leurs nombreuses BD, dans lesquelles elles se racontent avec humour et légèreté. Voilà que les deux autrices et dessinatrices s’associent dans un ouvrage à quatre mains pour évoquer un…
Quand on a vu qu’un festival de philosophie sur la Zombie Theory* était organisé cet automne, on n’a pas résisté à l’envie d’interroger l’un des participants, Karim Charredib.
le diocèse de Valence a pris le diable par les cornes et les couilles, en créant un poste à temps complet de référente diocésaine pour l’Éducation affective, relationnelle et sexuelle.
En avril 1970, cet ancien publicitaire quitte son boulot vide de sens et la capitale pour s’installer avec femme et enfants dans une ferme aux Baléares.
ÉDITO Ça, c’est fait ! Enterrée, 2020 ! Et on ne va pas la regretter, croyez-moi. Notez que, dans une sorted’aveuglement collectif, on est toutes et tous plus ou moins persuadé·es qu’au 1er janvier, tout va disparaître...
ÉDITO « Derrière chaque grand homme, il y a une femme. » Vous connaissez l’adage ? Bien représentatif de ces phrases croustillantes, fourrées au bon sens, destinées à récompenser d’une caresse faussement reconnaissante...
ÉDITO Bye bye l’âge de Pierre ! L’âge de Pierre de Coubertin, celui des hommes seuls maîtres des terrains, des vestiaires et autres tatamis, celui où le susnommé pouvait déclarer, salué par un accord franc et massif de ses...
ÉDITO Alors que bientôt s'achèvent cette année 2022 et son lot de catastrophes, il est urgent de se trouver un phare dans la nuit pour partir à l’assaut de 2023 sans trop faiblir.Et cette lueur, ce pourrait bien être le courage des...