Avec l’âge vient souvent la dépendance. Alternative aux Ehpad, les familles d’accueil offrent une vie plus intime et chaleureuse aux personnes qui ne peuvent plus vivre seules. Un système qui, de plus, crée de l’emploi.
Après sept heures de route, Simone Marceau, vieille dame à l’allure soignée, découvre, accompagnée de son fils unique, sa nouvelle chambre. Accrochée à sa canne et à son sac à main verni, la nonagénaire le regarde installer le peu de meubles qu’elle a voulu conserver ainsi que quelques photos, souvenirs d’une vie passée. « Je ne devrais pas le dire, mais je ne suis pas trop attirée par votre pays », ose la nouvelle pensionnaire, originaire de la Nièvre. Face à elle, Chantal Sabatier, Arlésienne depuis toujours, se contente de répondre par un sourire comme si elle savait que ça n’allait pas durer.
Il y a un an, elle a choisi, à l’âge de 56 ans, de devenir famille d’accueil pour personnes âgées. Après trente-six ans en tant qu’auxiliaire de vie, elle a souhaité continuer à prendre soin des autres en accueillant sous son toit des personnes âgées devenues trop dépendantes pour vivre seules.
Méconnue, cette alternative à l’hébergement en établissement existe pourtant depuis plus de trente ans. Selon l’Institut de formation, de recherche et d’évaluation des pratiques médico–sociales (Ifrep), moins de 5 500 personnes âgées seraient logées chez des accueillant·es familiaux·liales. Une goutte d’eau comparée aux 600 000 lits proposés par les Ehpad.
Trois résident·es au maximum
Pour devenir accueillant·e, la ou le candidat·e doit obtenir un agrément du conseil départemental, qui gère ce type d’hébergements. Après avoir rempli un épais dossier, elle ou il reçoit la visite d’un médecin et d’une assistante sociale, une manière de mieux cerner ses motivations et de vérifier les conditions d’accueil, la personne devant disposer d’une chambre par résident·e. Une fois l’agrément reçu, elle a un délai de deux ans pour suivre une formation de cinquante-quatre heures, dont douze heures à effectuer avant le premier accueil.
Une famille peut loger au maximum trois personnes. Elle signe avec chacune un contrat qui fixe les règles ainsi que la rémunération, autour de 1 800 euros par pensionnaire. « L’idée est qu’ils se sentent comme chez eux, comme en famille », affirme[…]