![Splendeurs et misères de la vie masquée 1 116 splendeur et misere de la vie masquee camille besse](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/11/116-splendeur-et-misere-de-la-vie-masquee-camille-besse-931x1024.jpg)
Un petit rectangle de tissu ou de papier sur la tronche et le cours de votre existence s’en trouve bouleversé. En bien ou en mal. Tranches de vie…
Eau précieuse
Envie de renouer avec vos années Biactol ? Nous avons LA solution à votre problème. Avec le masque jetable, vous ne serez pas déçu·es. En plaçant ce petit bout de plastique sur le bas de votre visage, et grâce à une technique ultra évoluée, vous retrouverez rapidement l’acné de votre jeunesse. En effet, la vapeur générée par votre propre respiration, associée aux frottements du plastique, recrée un écosystème 100 % naturel sur le bas de la zone T permettant à vos boutons de s’épanouir en zone humide et de reprendre leurs droits
Tout le monde il est beau
Avec le port du masque, tous les fantasmes sont possibles. Car, quand on y pense, une paire d’yeux, à moins de loucher, c’est rarement décevant. Le problème, bien souvent, c’est tout le reste. Ainsi, dans ce nouveau monde coupé en deux, vous ne saurez jamais que ce beau brun croisé chez Leclerc a le tarin de Cyrano. Ni que cette blonde explosive a les dents pourries. Et dans ce monde de charme « potentiel », on peut s’imaginer tous les physiques et tous les personnages de son histoire. Un peu comme dans les romans.
Question : Faut-il s’inquiéter dès lors que l’on constate avoir beaucoup plus de succès avec un masque que sans ? Le sujet est sur la table.
Haleine neutralisée
Jean-Mi est une perle de collègue. Toujours prévenant et bienveillant, il n’hésite jamais à anticiper vos envies brûlantes de café quand vous êtes en rade de capsules. Discret, il parle toujours à voix basse pour ne pas déranger l’open space. Pour ce faire, Jean-Mi parle toujours TRÈS près de la face des gens. Problème : JM pue de la gueule. Le matin, c’est parfum café-clope. Après le déj, c’est carrément chargé. On ne se refait pas, il aime les plats épicés. En fin de journée, le tout a bien macéré dans la cavité buccale pour un résultat 100 % bouche d’égout. Depuis l’obligation du port du masque en entreprise, contre toute attente, votre confort respiratoire s’est largement upgradé.
Jeu, set et match…
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Pervers pépères
![Splendeurs et misères de la vie masquée 3 116 splendeur et misere de la vie masquee 2 © Camille Besse](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/11/116-splendeur-et-misere-de-la-vie-masquee-2-©-Camille-Besse-964x1024.jpg)
Antisocial, tu gardes ton sang froid !
Bravant tous les dangers, vous avez décidé de vous rendre dans votre cinéma le plus proche afin de soutenir le secteur et, surtout, de rentabiliser votre carte illimitée, qui, depuis six mois, n’a jamais aussi mal porté son nom. Alors que vous aviez prévu de vous faire une petite toile en solitaire, voilà que débarquent Nicolas et Stéphanie. Ce fameux couple qui fait partie de votre quatrième cercle. L’idée de taper la discute vous donne envie de pleurer. Bonne nouvelle, en remontant un peu haut votre masque et en rentrant bien le menton, il y a toutes les chances que vous puissiez passer inaperçu·e.
Un air de tartiflette
Bigleux·euses de tous les pays, réjouissez-vous ! Le combo masque + lunettes est un privilège qu’il convient de savourer. À l’heure où il est encore difficile d’envisager une virée montagnarde (#cluster), avoir la chance d’associer son masque à de gros binocles, c’est un peu comme revivre vos plus beaux souvenirs de classe de neige ou de vacances d’hiver. Cette petite buée récurrente devant les yeux n’évoque-t-elle pas vos coups de chaud en dessous du masque de ski, lorsque vous galériez sur la piste rouge ? Et ce sentiment d’humidité à force d’avoir 80 % du visage couvert, ne vous rappelle-t-il pas vos plus jolies cagoules ? (Ça finit même par gratter les joues, tout pareil !) Reste plus qu’à se faire une petite raclette pour baigner dans les effluves de fromage et le tableau sera complet.
Délit de faciès
![Splendeurs et misères de la vie masquée 4 116 splendeur et misere de la vie masquee 4 © Camille Besse](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/11/116-splendeur-et-misere-de-la-vie-masquee-4-©-Camille-Besse-912x1024.jpg)
Démasqué·es !
Enlever son masque, c’est un peu comme retirer un soutien-gorge (pour celles qui en portent) après une grosse journée : ça donne envie de chanter « Libérée, délivrée… » en dansant la carmagnole. Preuve que les moments sans masque deviennent de véritables actes poétiques. Dans les villes en zone rouge, jamais, en effet, il n’aura été si agréable de humer l’air pollué à pleins poumons. Un plaisir réservé aux cyclistes et aux joggeur·euses. Nettoyer son écran d’ordinateur au travail parce qu’on vient d’éternuer sonne aussi comme un rare privilège, désormais réservé aux télétravailleur·euses, aux indépendant·es ou aux bénéficiaires de bureaux individuels, qui peuvent bosser le nez libre.
Tous ensemble…
![Splendeurs et misères de la vie masquée 5 116 splendeur et misere de la vie masquee 3 © Camille Besse](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2020/11/116-splendeur-et-misere-de-la-vie-masquee-3-©-Camille-Besse.jpg)
Carglass
Sens du déguisement ? Soldes monstres à la boutique du soudeur ? Envie de faire rire ses congénères dans les transports en commun ? Quelles sont les motivations profondes de celles et ceux qui insistent pour arborer l’accessoire le plus moche de l’année : la visière. Espérons qu’elles ne soient pas sanitaires, car c’est pas nous, mais le ministère de la Santé qui le dit : le pare-brise de tête, ça ne sert à rien. Un peu comme le masque sous le menton. Porter un attirail plastifié devant le museau, c’est surtout la garantie d’arroser les copains et les copines avec ses gouttelettes qui se faufilent par en dessous. Si les raisons sont esthétiques, là aussi, mauvaise pioche. Même les FFP2 qui nous transforment en animaux à grand bec font l’allure plus digne. C’est dire.
Apocalipstick
En cette période de pandémie, d’aucun·es jugeront que c’est un vulgaire détail et que c’est tant mieux, parce que se tartiner les lèvres de produits toxiques, c’est chercher le bâton de rouge à lèvres pour se faire battre. Mais depuis le port du masque obligatoire, vous vous retrouvez à poil. Eh oui, n’en déplaise aux adeptes du nude, le Rouge Baiser, c’est un peu comme le Chanel N°5 de Marilyn, c’est une partie de vous, de votre intimité. Vous avez eu beau essayer de le renforcer avec un fixateur (bourré de saloperies), de le choisir très sec (limite vous ne pouviez plus bouger les lèvres) pour qu’il ne bave pas sous le tissu, rien n’y a fait, à la mi-journée, on aurait dit que vous aviez plongé goulûment votre bouche dans un bol de framboises écrasées… le carnage ! Bonjour le glamour ! Alors depuis, vous faites la lippe, impatientes de tomber le masque et de repeindre vos lèvres à bouche que veux-tu.