Splendeurs et misères de la vie masquée

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© Camille Besse pour Causette 




Un petit rec­tangle de tis­su ou de papier sur la tronche et le cours de votre exis­tence s’en trouve bou­le­ver­sé. En bien ou en mal. Tranches de vie…




Eau pré­cieuse

Envie de renouer avec vos années Biactol ? Nous avons LA solu­tion à votre pro­blème. Avec le masque jetable, vous ne serez pas déçu·es. En pla­çant ce petit bout de plas­tique sur le bas de votre visage, et grâce à une tech­nique ultra évo­luée, vous retrou­ve­rez rapi­de­ment l’acné de votre jeu­nesse. En effet, la vapeur géné­rée par votre propre res­pi­ra­tion, asso­ciée aux frot­te­ments du plas­tique, recrée un éco­sys­tème 100 % natu­rel sur le bas de la zone T per­met­tant à vos bou­tons de s’épanouir en zone humide et de reprendre leurs droits

Tout le monde il est beau

Avec le port du masque, tous les fan­tasmes sont pos­sibles. Car, quand on y pense, une paire d’yeux, à moins de lou­cher, c’est rare­ment déce­vant. Le pro­blème, bien sou­vent, c’est tout le reste. Ainsi, dans ce nou­veau monde cou­pé en deux, vous ne sau­rez jamais que ce beau brun croi­sé chez Leclerc a le tarin de Cyrano. Ni que cette blonde explo­sive a les dents pour­ries. Et dans ce monde de charme « poten­tiel », on peut s’imaginer tous les phy­siques et tous les per­son­nages de son ­his­toire. Un peu comme dans les romans. 

Question : Faut-​il s’inquiéter dès lors que l’on constate avoir beau­coup plus de suc­cès avec un masque que sans ? Le sujet est sur la table.

Haleine neu­tra­li­sée

Jean-​Mi est une perle de col­lègue. Toujours pré­ve­nant et bien­veillant, il n’hésite jamais à anti­ci­per vos envies brû­lantes de café quand vous êtes en rade de cap­sules. Discret, il parle tou­jours à voix basse pour ne pas déran­ger l’open space. Pour ce faire, Jean-​Mi parle tou­jours TRÈS près de la face des gens. Problème : JM pue de la gueule. Le matin, c’est par­fum café-​clope. Après le déj, c’est car­ré­ment char­gé. On ne se refait pas, il aime les plats épi­cés. En fin de jour­née, le tout a bien macé­ré dans la cavi­té buc­cale pour un résul­tat 100 % bouche d’égout. Depuis l’obligation du port du masque en entre­prise, contre toute attente, votre confort res­pi­ra­toire s’est lar­ge­ment upgra­dé.

Jeu, set et match…

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© Camille Besse pour Causette 

Pervers pépères

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© Camille Besse pour Causette 

Antisocial, tu gardes ton sang froid !

Bravant tous les dan­gers, vous avez déci­dé de vous rendre dans votre ciné­ma le plus proche afin de sou­te­nir le sec­teur et, sur­tout, de ren­ta­bi­li­ser votre carte illi­mi­tée, qui, depuis six mois, n’a jamais aus­si mal por­té son nom. Alors que vous aviez pré­vu de vous faire une petite toile en soli­taire, voi­là que débarquent Nicolas et Stéphanie. Ce fameux couple qui fait par­tie de votre qua­trième cercle. L’idée de taper la dis­cute vous donne envie de pleu­rer. Bonne nou­velle, en remon­tant un peu haut votre masque et en ren­trant bien le men­ton, il y a toutes les chances que vous puis­siez pas­ser inaperçu·e.

Un air de tartiflette

Bigleux·euses de tous les pays, réjouissez-​vous ! Le com­bo masque + lunettes est un pri­vi­lège qu’il convient de savou­rer. À l’heure où il est encore dif­fi­cile d’envisager une virée mon­ta­gnarde ­(#clus­ter), avoir la chance d’associer son masque à de gros binocles, c’est un peu comme revivre vos plus beaux sou­ve­nirs de classe de neige ou de vacances ­d’hiver. Cette petite buée récur­rente devant les yeux n’évoque-t-elle pas vos coups de chaud en des­sous du masque de ski, lorsque vous galé­riez sur la piste rouge ? Et ce sen­ti­ment d’humidité à force d’avoir 80 % du visage cou­vert, ne vous rappelle-​t-​il pas vos plus jolies cagoules ? (Ça finit même par grat­ter les joues, tout pareil !) Reste plus qu’à se faire une petite raclette pour bai­gner dans les effluves de fro­mage et le tableau sera complet.

Délit de faciès

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© Camille Besse pour Causette 

Démasqué·es !

Enlever son masque, c’est un peu comme reti­rer un soutien-​gorge (pour celles qui en portent) après une grosse jour­née : ça donne envie de chan­ter « Libérée, déli­vrée… » en dan­sant la car­ma­gnole. Preuve que les moments sans masque deviennent de véri­tables actes poé­tiques. Dans les villes en zone rouge, jamais, en effet, il n’aura été si agréable de humer l’air pol­lué à pleins pou­mons. Un plai­sir réser­vé aux cyclistes et aux joggeur·euses. Nettoyer son écran d’ordinateur au tra­vail parce qu’on vient d’éternuer sonne aus­si comme un rare pri­vi­lège, désor­mais réser­vé aux télétravailleur·euses, aux indépendant·es ou aux béné­fi­ciaires de bureaux indi­vi­duels, qui peuvent bos­ser le nez libre. 

Tous ensemble…

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© Camille Besse pour Causette 

Carglass

Sens du dégui­se­ment ? Soldes monstres à la bou­tique du sou­deur ? Envie de faire rire ses congé­nères dans les trans­ports en ­com­mun ? Quelles sont les moti­va­tions pro­fondes de celles et ceux qui insistent pour arbo­rer l’acces­soire le plus moche de l’année : la visière. Espérons qu’elles ne soient pas sani­taires, car c’est pas nous, mais le minis­tère de la Santé qui le dit : le pare-​brise de tête, ça ne sert à rien. Un peu comme le masque sous le men­ton. Porter un atti­rail plas­ti­fié devant le museau, c’est sur­tout la garan­tie d’arroser les copains et les copines avec ses gout­te­lettes qui se fau­filent par en des­sous. Si les rai­sons sont esthé­tiques, là aus­si, mau­vaise pioche. Même les FFP2 qui nous trans­forment en ani­maux à grand bec font l’allure plus digne. C’est dire.

Apocalipstick

En cette période de pan­dé­mie, d’aucun·es juge­ront que c’est un vul­gaire détail et que c’est tant mieux, parce que se tar­ti­ner les lèvres de pro­duits toxiques, c’est cher­cher le bâton de rouge à lèvres pour se faire battre. Mais depuis le port du masque obli­ga­toire, vous vous retrou­vez à poil. Eh oui, n’en déplaise aux adeptes du nude, le Rouge Baiser, c’est un peu comme le Chanel N°5 de Marilyn, c’est une par­tie de vous, de votre inti­mi­té. Vous avez eu beau essayer de le ren­for­cer avec un fixa­teur (bour­ré de salo­pe­ries), de le choi­sir très sec (limite vous ne pou­viez plus bou­ger les lèvres) pour qu’il ne bave pas sous le tis­su, rien n’y a fait, à la mi-​journée, on aurait dit que vous aviez plon­gé gou­lû­ment votre bouche dans un bol de fram­boises écra­sées… le car­nage ! Bonjour le gla­mour ! Alors depuis, vous faites la lippe, impa­tientes de tom­ber le masque et de repeindre vos lèvres à bouche que veux-tu. 

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