Les liens complexes entre sexe et nourriture se découvrent parfois crûment, à la lumière de l’aliénation, de la souffrance ou de l’enfermement. Distordus, altérés, ils apparaissent alors dans les expressions artistiques que les malades s’approprient. C’est le cas de Constance Schwartzlin-Berberat, schizophrène et gourmande.
« Recette de flancs doux tellement changés qu’ils en sont méconnaissables… Ils sont moulus fins faits par la papillote à la crème ou à la rose… ou au coquelicot… » C’est ainsi, en recopiant de mémoire des recettes de cuisine, que Constance use le temps. Le temps abyssal qui s’écoule si lentement à l’hôpital psychiatrique de la Waldau, aux environs de Berne, où elle est internée pour schizophrénie.
Privée de tendresse, de présences amies, d’amour et de liberté, Constance Schwartzlin-Berberat est irrémédiablement seule. Elle crée alors, grâce à ses recettes de plus en plus fantasques et sensuelles, un univers mental dans lequel elle peut enfin se régaler de mets savoureux et de sexe joyeux.
Cette graphomane gourmande est née en 1845, en France, dans le Jura.[…]