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© Marcus Kauffman / Unsplash

Réchauffement cli­ma­tique : une majo­ri­té de scien­ti­fiques du Giec craint une hausse glo­bale des tem­pé­ra­tures d'au moins 2,5 degrés

Le quotidien anglais The Guardian a interrogé 380 scientifiques ayant participé aux travaux du Giec les plus récents. Une grande majorité s’attend à une hausse globale des températures d’au moins 2,5 degrés d’ici à 2100 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

En 2018, un rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) prévenait des risques en cas de dépassement de la limite des +2°C par rapport à la fin du XIXe, appelant ainsi à rester sous le seuil des +1,5°C. Les scientifiques du Giec expriment aujourd’hui, dans un sondage lancé par The Guardian, leur pessimisme quant à la possibilité de respecter ces seuils. Pourtant, si les États s’étaient engagés sur la scène internationale à respecter le seuil des +1,5°C à travers la signature des accords de Paris en 2015, c’était pour éviter un scénario catastrophe, soulevé dans cette enquête.

Le quotidien anglais a contacté 843 chercheur·ses du Giec, dont les travaux remontent à 2018, avec une question précise : "De combien de degrés pensez-vous que la température globale moyenne va augmenter entre aujourd'hui et 2100 ?" Presque la moitié (380) a répondu, avec 80% d'entre eux·elles affirmant qu'il faut s'attendre à une hausse globale des températures d'au moins 2,5 degrés d'ici à 2100 par rapport à la période préindustrielle (1850-1900).

"Une semi-dystopie"

Le tableau que les chercheur·ses dressent relève ainsi d’une "semi-dystopie" effrayante, avec des scénarios allant de famines à des conflits et des migrations massives, causés par des événements climatiques extrêmes tels que des vagues de chaleur, des incendies de forêt, des inondations et des tempêtes. "Je pense que nous nous dirigeons vers une perturbation majeure de la société dans les cinq prochaines années", a déclaré Gretta Pecl, de l'Université de Tasmanie. "[Les autorités] seront submergées par des événements extrêmes à répétition, la production alimentaire sera perturbée. Je ne pourrais pas ressentir un plus grand désespoir pour l'avenir." ajoute-t-elle. "Je suis extrêmement inquiète du coût en vies humaines", a confié Leticia Cotrim da Cunha, de l’université d’État de Rio de Janeiro, au Guardian.

Pour cause, quasiment trois quarts des scientifiques répondant·es dénoncent un manque de volonté politique, tandis que 60% ont aussi blâmé les intérêts corporatifs, comme ceux des industries des combustibles fossiles. Beaucoup ont également mentionné les inégalités et l’incapacité des pays développés à aider les pays pauvres, qui souffrent le plus des impacts du changement climatique. "Je m’attends à un avenir semi-dystopique avec une douleur et une souffrance considérables pour les populations du Sud", a déclaré un scientifique sud-africain, qui a souhaité garder l’anonymat. "La réaction du monde à ce jour est répréhensible, nous vivons à une époque de fous."

Lire aussi l Synthèse du Giec : ce qu’il faut retenir des six derniers rapports

Un pessimisme accru chez les jeunes et les femmes

Les scientifiques les plus jeunes se sont avéré·es être aussi les plus pessimistes quant à l’avenir de notre planète. Parmi les personnes interrogées, 52% des moins de 50 ans s'attendent à une augmentation d'au moins 3°C, contre 38% pour celles de plus 50 ans. La différence est également marquée entre les scientifiques hommes et femmes : 49% des femmes pensent que la température la globale va augmenter d'au moins 3°C, contre 38% des hommes.

Malgré le pessimisme de la plupart des répondant·es au sondage, environ un quart des expert·es du Giec espèrent que l'augmentation de la température globale se maintienne à 2°C ou moins, tout en restant prudent·es... "Je suis convaincu que nous avons toutes les solutions nécessaires pour un chemin de 1,5°C et que nous les mettrons en œuvre dans les 20 prochaines années", affirme Henry Neufeldt, du Centre Climatique de Copenhague de l'ONU. "Mais j'ai peur que nos actions viennent trop tard et que nous franchissions un ou plusieurs points de basculement." ajoute-t-il. Lisa Schipper, de l’Université de Bonn en Allemagne, elle, mise sur les générations futures : "Ma seule source d'espoir est le fait que, en tant qu'éducatrice, je vois la prochaine génération être si intelligente et comprendre les politiques."

Lire aussi l Yamina Saheb, coautrice du dernier rapport du Giec : « Les décisions politiques prises durant la crise du Covid m'ont redonné confiance »

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