a dog walking on a beach
© Kristy An

Synthèse du Giec : ce qu’il faut rete­nir des six der­niers rapports

Le Groupe d’experts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec), réuni sous l’égide de l’ONU (Organisations des Nations Unies), a pré­sen­té lun­di le rap­port de syn­thèse de son der­nier cycle de tra­vaux, ini­tié en 2015. Voici ce qu’il faut rete­nir des six rap­ports déjà public qui ali­mentent cette synthèse.

Ce lun­di 20 mars, le groupe d’experts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évolution du cli­mat (Giec) de l’ONU (Organisations des Nations Unies), réuni en Suisse a ren­du public sa très atten­due syn­thèse du sixième rap­port d'évaluation sur les chan­ge­ments cli­ma­tiques. Un docu­ment d'une tren­taine de pages qui sou­ligne les dégâts déjà cau­sés par le réchauf­fe­ment de la pla­nète et les dif­fi­cul­tés à limi­ter la hausse des tem­pé­ra­tures. Mais les scien­ti­fiques démontrent aus­si que des solu­tions existent et que l'effort en vaut la peine, selon Libération.

Pour cette syn­thèse, le Giec a éplu­ché 10 000 pages de tra­vaux qu’il a publiées depuis sa pré­cé­dente syn­thèse fin 2014. Ces docu­ments avaient pour mis­sion de syn­thé­ti­ser les mil­liers d’études déjà parues sur le réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Ils ont plan­ché sur trois « rap­ports spé­ciaux », consa­crés à des thé­ma­tiques pré­cises (sur l’impact d’un réchauf­fe­ment mon­dial de 1,5 °C, sur les océans et le monde des glaces ain­si que sur les sols de la pla­nète) ain­si que sur un « rap­port d’évaluation » en trois volets (sur l’évolution du chan­ge­ment cli­ma­tique, sur ses consé­quences et sur les solu­tions). En résu­mant l’ensemble de ces six rap­ports, la syn­thèse publiée ce lun­di per­met donc de faire un point com­plet sur le sujet.

« L'influence humaine a réchauf­fé l’atmosphère, l’océan et la Terre »

Que nous apprend ce rap­port ? D’abord, que la tem­pé­ra­ture moyenne qui a été rele­vée à la sur­face de la Terre entre 2011 et 2020 a été 1,1 °C plus éle­vée que celle qui y était rele­vée durant la période 1850–1900. Et que par­mi les gaz à effet de serre émis depuis 1850, 42% sont émis depuis 1990. La Terre n’a jamais été aus­si chaude depuis 125 000 ans. Les scien­ti­fiques affirment qu’il « est sans équi­voque que l’influence humaine a réchauf­fé l’atmosphère, l’océan et la Terre », avec une res­pon­sa­bi­li­té his­to­rique des pays déve­lop­pés et une part crois­sante des pays asia­tiques et du Pacifique

« Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique lié aux acti­vi­tés humaines affecte déjà de nom­breux extrêmes météo­ro­lo­giques et cli­ma­tiques dans toutes les régions du monde », explique pour le rap­port publié ce lun­di. Les cani­cules et vagues de cha­leur, les séche­resses et les pluies extrêmes gagnent en fré­quence et en inten­si­té, et cela va se pour­suivre, car le ther­mo­mètre « conti­nue­ra d’augmenter jusqu’au milieu du siècle dans tous les scé­na­rios d’émissions envi­sa­gés ». Le rap­port de syn­thèse rap­pelle éga­le­ment que le niveau des mers a en moyenne aug­men­té de 20 cm entre 1901 et 2019, que le rythme de cette élé­va­tion s’accentue et que le niveau des mers conti­nue­ra à aug­men­ter durant des siècles. 

D’ici à la fin du siècle, 75 % de la popu­la­tion mon­diale pour­rait être expo­sée à des vagues de cha­leur mortelles

La deuxième par­tie de la syn­thèse pointe que 3,3 à 3,6 mil­liards de per­sonnes (soit plus de 40 % de la popu­la­tion mon­diale) vivent dans des contextes qui les rendent très vul­né­rables au chan­ge­ment cli­ma­tique. « Les pertes et dom­mages liés au réchauf­fe­ment cli­ma­tique font par­tie de notre futur », a conclu Hoesung Lee, le pré­sident du Giec, lors de la confé­rence de presse rap­por­tée par Libération. Et d’ici à la fin du siècle, 75 % de la popu­la­tion mon­diale pour­rait être expo­sée à des vagues de cha­leur mor­telles, notam­ment dans les villes, contre 30 % aujourd’hui.

Les éco­sys­tèmes sont eux aus­si en dan­ger. À +1,5 °C, 14 % des espèces ter­restres seront mena­cées d’extinction, et, avec un dou­ble­ment du réchauf­fe­ment, ce risque sera mul­ti­plié par dix dans cer­taines zones. À +2 °C, 99 % des récifs coral­liens des eaux chaudes péri­ront, et les récoltes des cultures vivrières déclineront.

À lire aus­si I Le Giec publie son nou­veau rap­port sur les effets du réchauf­fe­ment climatique

Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est une injustice 

« Les com­mu­nau­tés vul­né­rables, qui ont his­to­ri­que­ment moins contri­bué au chan­ge­ment cli­ma­tique actuel, sont dis­pro­por­tion­nel­le­ment affec­tées », regrette ain­si le Giec, selon le quo­ti­dien, en évo­quant notam­ment le cas des pays en déve­lop­pe­ment et des petites îles des Caraïbes ou du Pacifique Sud. Pour étayer son pro­pos, le Giec rap­porte que les pays les moins déve­lop­pés n’émettent que 1,7 tonne de gaz à effet de serre par habi­tant et par an, quand la moyenne mon­diale est à 6,9. Pourtant, comme l’a rap­pe­lé Hoesung Lee, d'après le jour­nal, les habi­tants de ces pays, qui sont sou­vent des zones vul­né­rables, ont 15 fois plus de chances de mou­rir du fait d’un évé­ne­ment cli­ma­tique extrême que ceux des zones plus pré­ser­vées. Selon la même logique, la syn­thèse rap­pelle que les émis­sions dif­fèrent for­te­ment selon les reve­nus : 10 % des ménages les plus riches sont res­pon­sables de 40 % des émis­sions mon­diales de gaz à effet de serre. 

Le temps presse et les solu­tions existent 

D'après les enga­ge­ments cli­ma­tiques pris par les dif­fé­rents Etats, la syn­thèse rap­porte que nous nous diri­geons actuel­le­ment plu­tôt vers un monde à +3 degrés d’ici à la fin du siècle. Et si les émis­sions conti­nuent à ce rythme, il sera plu­tôt proche de +5 degrés. Dans le meilleur des scé­na­rios, grâce à une réduc­tion mas­sive des gaz à effet de serre, l’humanité dépas­se­rait tem­po­rai­re­ment les +1,5 °C vers 2030 puis la tem­pé­ra­ture retom­be­rait légè­re­ment sous ce seuil pour se sta­bi­li­ser à 1,4 °C. Pour cela, il fau­drait que la neu­tra­li­té car­bone soit atteinte d'ici 2050 en ayant réduit de 84% les gaz à effet de serre par rap­port aux niveaux de 2019 d'ici à 2050. Pour évi­ter le chaos cli­ma­tique, il lui faut dès main­te­nant trans­for­mer en pro­fon­deur les modes de pro­duc­tion et de consom­ma­tion, dans tous les sec­teurs, des trans­ports à l’agriculture en pas­sant par les bâti­ments, rap­pelle le troi­sième volet. Et, d'après le rap­port, une plus grande sobrié­té pas­se­rait par un régime ali­men­taire moins car­né, une meilleure iso­la­tion des bâti­ments, des mobi­li­tés douces…

Des pro­grès res­tent à faire

« Les flux finan­ciers sont trois à six fois infé­rieurs aux niveaux néces­saires d’ici à 2030 pour limi­ter le réchauf­fe­ment en des­sous de 2 °C », pré­cise le Giec. « En inves­tis­sant dans l’adaptation main­te­nant, le monde évi­te­ra des inves­tis­se­ments plus impor­tants dans le futur », appuie le groupe d'experts, selon Libération. L’anticipation est encore inégale et peut mener à des mala­dap­ta­tions qui aggravent le pro­blème à long terme. Le Giec insiste aus­si sur l’importance d’une tran­si­tion juste de nos socié­tés, pour ne pas accroître les inégalités.

Côté pro­duc­tion d’énergie, les chercheur·euses sou­lignent la néces­si­té de « tran­si­tions majeures » qui impliquent de réduire « sub­stan­tiel­le­ment » la consom­ma­tion des éner­gies fos­siles (pétrole, gaz et char­bon), de géné­ra­li­ser l’électrification, d’améliorer l’efficacité éner­gé­tique, et d’utiliser des com­bus­tibles alter­na­tifs comme l’hydrogène ou les agro­car­bu­rants durables. Mais bonne nou­velle, entre 2010 et 2019, les coûts uni­taires de l’énergie solaire ont chu­té de 85 % et ceux de l’énergie éolienne de 55 %, amé­lio­rant la qua­li­té de l'air.

À lire aus­si I Yamina Saheb, coau­trice du der­nier rap­port du Giec : « Les déci­sions poli­tiques prises durant la crise du Covid m'ont redon­né confiance »

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