Nouveau rebondissement dans la crise politique autour de la pêche. L’association environnementale Bloom a déposé mardi une plainte contre le Secrétaire d'État chargé de la mer, Hervé Berville. L'ONG lui reproche d'avoir envenimé le conflit avec les pêcheur·ses par des « mensonges ».
Des « propos irresponsables » sur la pêche. Ce sont les accusations portées par l’association environnementale de protection des océans, Bloom, qui a décidé de porter plainte ce mardi 11 avril contre le secrétaire d’État chargé de la mer, Hervé Berville. La fondatrice de l’ONG, Claire Nouvian dénonce en effet les « mensonges » d’Hervé Berville, qui ont mis le feu aux poudres et provoqué la colère des pêcheur·ses, détaille France 3.
« L'irresponsabilité politique, ça suffit. Les mensonges anti-écologiques, ça suffit », écrit l'association dans son communiqué. Bloom avance que « durant trois semaines, le secrétaire d’État chargé de la Mer a multiplié les mensonges […] en affirmant que le plan d’action pour l’océan, publié par la Commission européenne le 21 février 2023, allait condamner la pêche artisanale française et l’amener à disparaître, pas dans 10 ans, [mais] demain. »
Or, ce « plan d'action pour l'océan », non contraignant, rappelle aux États le droit européen existant, la nécessité « de protéger réellement les écosystèmes marins et le climat, en interdisant, notamment, les méthodes de pêche à fort impact comme le chalutage de fond dans les aires marines dites protégées (mais qui ne le sont pas en France ndlr) », a rappelé l'association dans son communiqué.
Hervé Berville a construit « un péril imaginaire »
Selon l’association, les « propos irresponsables » qu’a tenu le secrétaire d’État chargé de la mer ont engendré les mouvements de mobilisation des pêcheur·ses de ces dernières semaines. Deux journées d’opération « ports morts » avaient été organisées les 30 et 31 mars pour lutter contre la mise en place de contraintes réglementaires liées en partie à la montée des préoccupations écologiques appelant à réguler l'activité. Pour Bloom, les propos d'Hervé Berville auraient même provoqué l'incendie des bureaux de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) à Brest dans la nuit du 30 au 31 mars, précise France 3.
En réaction, les agent·es de l’Office français de la biodiversité (OFB) de Brest, qui ne se sentent « pas soutenus » et « décrédibilisés », comme l'explique le Huffingtonpost, ont interpellé directement le gouvernement avec une lettre ouverte publiée mardi. « Comment pouvons-nous continuer nos missions lorsque les agissements extrémistes de certains manifestants ne font pas l’objet de condamnation ferme de la part du gouvernement ? », demandent-ils dans la lettre signée par la centaine d’agent·es du pôle marin de Brest, précise le quotidien. Selon Sylvain Michel, représentant du personnel CGT à l’OFB, Hervé Berville a « envenimé la situation » avec « des discours qui ont décrédibilisé nos missions et mis en cause notre travail de conseil de l’État », notamment en s’opposant à toute mesure contraignante pour la pêche dans les aires marines protégées.
D'après France 3, l'association accuse « Hervé Berville [d'avoir] construit de toute pièce un péril imaginaire pour l’ensemble du secteur afin de satisfaire un lobby chalutier et industriel opposé à toute remise en cause de ses pratiques. » Pour l'organisme, le secrétaire d'État aurait enfreint les lois qui « imposent aux membres du gouvernement d'agir avec responsabilité, en faveur de l'intérêt général et du débat démocratique ». « On ne pouvait pas laisser passer ça », a déclaré la fondatrice de Bloom, Claire Nouvian, lors d'une conférence de presse, rapporte la chaîne nationale. En déposant cette plainte, Bloom souhaite contraindre Hervé Berville à répondre « de ses propos incendiaires devant la Cour de Justice de la République ».
À lire aussi I Dauphins échoués : le conseil d’Etat ordonne au gouvernement de fermer des zones de pêche