Camille Etienne
© Capture écran @camilleetienne_

La Norvège repousse l’exploitation des fonds marins, mais en auto­rise l’exploration

Le 9 janvier, la Norvège n’a pas voté l’exploitation minière des grands fonds marins, mais en a autorisé l’exploration, en dépit d’une importante mobilisation écologiste. Pour l’activiste Camille Étienne, présente sur place, c’est une victoire en demi-teinte.

Pas d’exploitation pour le moment, mais une “exploration” des grands fonds sous-marins. Le mardi 9 janvier, le Parlement norvégien a donné son feu vert à la prospection de gisements miniers en grande profondeur, dans une zone de 280 000 kilomètres située au cœur du plateau continental norvégien. Le pays devenant ainsi l’un des premiers au monde à se lancer dans cette pratique hautement controversée.

Début 2023, le gouvernement avait proposé d’ouvrir cette zone, d’une taille équivalente à celle de la Grande-Bretagne, à l’exploitation afin d’en utiliser les minerais et les métaux rares à des fins industrielles. “Nous avons besoin de ces minerais pour réussir la transition énergétique”, a-t-il avancé à plusieurs reprises. En ligne de mire : les nodules de manganèse, ces petites roches qui contiennent notamment du cuivre, du nickel ou du cobalt, utilisés pour fabriquer des batteries électriques ou des éoliennes.

Depuis des années, les scientifiques et les ONG de protection de l’environnement alertent pourtant sur la dangerosité de l’exploitation minière des fonds marins. Laquelle consiste à aller récupérer des minerais et des métaux à 4 000, voire 6 000 mètres de profondeur, à l’aide de puissantes machines excavatrices, venant ainsi menacer un peu plus la biodiversité, détruire les écosystèmes et transformer ces zones en déserts marins

C’est pourquoi le vote du Parlement norvégien, jugé crucial, a fait l’objet d’une mobilisation massive. Alors qu’une pétition appelant à stopper l’exploitation des fonds marins a été signée par plus d’un million de personnes, des activistes du monde entier se sont rendu·es sur place, dans les jours précédant le scrutin, pour tenter de rallier les parlementaires à leur cause. Parmi lequel·les la footballeuse norvégienne Ada Hegerberg, le biathlète français Martin Fourcade, ou encore la militante écologiste Camille Étienne. 

“Un message terrible à la communauté internationale”

“Je pleure en ce moment. Nous avons gagné du temps. Genre dix ans probablement. Il y a encore tellement de choses à faire. Ce n’est qu’un début mais je crois que nous y arriverons à la fin. Merci mille fois”, a-t-elle réagi sur sa page Instagram, après le vote du Parlement. Une victoire en demi-teinte, donc. Car si la Norvège n’a pas acté l’exploitation de ses fonds marins, elle y ouvre possiblement la voie. Ainsi, les autorités norvégiennes pourront désormais octroyer des licences d’exploration permettant l’étude des gisements miniers, à des profondeurs comprises entre 1 000 et 6 000 mètres. 

“C’est une honte parce que la Norvège risque de créer un précédent”, qui permettra “à d’autres pays de faire de même”, s’est désolé Frode Pleym, à la tête de la branche norvégienne de Greenpeace, cité par Libération. Une inquiétude partagée par Camille Étienne. “Si l’exploration a un impact sur l’environnement bien moindre [que l’exploitation, ndlr], son lancement envoie un message terrible à la communauté internationale. Car, en parallèle, l’Autorité internationale des fonds marins (AIFM), l’entité onusienne chargée de réguler l’industrie, tente de créer un code minier pour les eaux internationales”, explique-t-elle, toujours dans Libération. Une bataille qui s’annonce rude, d’autant que la Chine et la Russie lorgnent, comme la Norvège, vers les profondeurs marines.

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