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© Markus Spiske / Unsplash

La France condam­née pour l’assignation à rési­dence d’un mili­tant écologiste

La France a été condam­née jeu­di par la Cour euro­péenne des droits de l’homme (CEDH) pour avoir assi­gné à rési­dence un mili­tant éco­lo­giste lors de la COP21, en 2015.

Ce jeu­di 16 mai, la CEDH a condam­né la France pour avoir assi­gné à rési­dence un mili­tant éco­lo­giste. Dans un arrêt, la CEDH a ordon­né à Paris de ver­ser 11.500 euros à Joël Domenjoud à titre de dédom­ma­ge­ment mais a reje­té un recours simi­laire dépo­sé par son frère Cédric, éga­le­ment mili­tant éco­lo­giste. Les deux frères, nés res­pec­ti­ve­ment en 1982 et 1985, avaient fait l'objet, du 26 novembre au 12 décembre 2015, d'une assi­gna­tion sur leur com­mune res­pec­tive de la région pari­sienne, au moment où se dérou­lait la COP21 (30 novembre au 12 décembre) qui allait débou­cher sur l'Accord de Paris sur le cli­mat. Les mili­tants devaient se pré­sen­ter trois fois par jour au com­mis­sa­riat et res­ter chez eux entre 20 heures et 6 heures, rap­pelle la CEDH.

Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Bernard Cazeneuve, s’était fon­dé sur l’état d’urgence pro­cla­mé le 14 novembre par le pré­sident François Hollande au len­de­main des atten­tats dji­ha­distes à Paris et à Saint-​Denis (cent trente mort·es). Le minis­tère disait craindre des actions vio­lentes durant le som­met et accu­sait les deux frères d’être les “prin­ci­paux lea­ders de la mou­vance contes­ta­taire radi­cale” en région pari­sienne, selon la CEDH. Leurs recours devant la jus­tice fran­çaise ont été reje­tés, les condui­sant à sai­sir la CEDH. Dans le cas de Joël Domenjoud, les juges euro­péens ont esti­mé que les mesures prises par Paris avaient vio­lé l’article 2 du pro­to­cole numé­ro 4 de la Convention euro­péenne des droits de l’homme (liber­té de cir­cu­la­tion). Rien “n’indique que le requé­rant ait per­son­nel­le­ment envi­sa­gé de par­ti­ci­per à des actions vio­lentes”, observe la CEDH. “La Cour estime que la radi­ca­li­té de ses convic­tions poli­tiques ne suf­fit pas, en l’espèce, à maté­ria­li­ser” un risque de débordement.

Lire aus­si l La répres­sion des militant·es éco­lo­gistes, “une menace majeure pour la démo­cra­tie”, alerte l’ONU

En revanche, concer­nant son frère Cédric, les juges relèvent qu'il "avait déjà été condam­né pour des faits de dégra­da­tions" et qu'il "pro­je­tait de se faire embau­cher par un pres­ta­taire de ser­vices afin de pou­voir péné­trer sur le site de la confé­rence cli­ma­tique". La mesure a été ordon­née "à une date où la pro­tec­tion de la popu­la­tion consti­tuait sans nul doute un besoin impé­rieux et où les grands ras­sem­ble­ments étaient par­ti­cu­liè­re­ment expo­sés à la menace ter­ro­riste". "Dans ces cir­cons­tances très par­ti­cu­lières", la CEDH estime que la mesure "pré­sen­tait un lien suf­fi­sant avec le cadre de l'état d’urgence". Mais "l'existence d'un lien de paren­té avec une per­sonne sus­cep­tible de com­mettre des infrac­tions ne suf­fit pas à jus­ti­fier une mesure de pré­ven­tion", ont sou­li­gné les juges à la décharge de Joël Domenjoud.

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