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© montage Causette

Élections pro­fes­sion­nelles : une liste de la CGT “trop fémi­nine” atta­quée en jus­tice par la CFDT en Seine-Saint-Denis

Révélée par France Inter ce matin, l’information a de quoi surprendre : la CFDT d’un site EDF de Saint-Denis a attaqué en justice l’élection d’une liste CGT parce qu’elle comportait trop de femmes. Un zèle qui dénote surtout des tensions entre syndicats.

Le 6 février prochain, le tribunal de Bobigny sera amené à se pencher sur un cas de non-respect de la parité un peu particulier : la liste CGT cadre élue en novembre dernier au CSE du site Cap Ampère d’EDF à Saint-Denis comportait trop de femmes aux yeux de la loi. Avec 60 % de femmes candidates alors qu’elles ne sont que 40 % du corps électoral qui l’a élue, cette liste ne respecte pas la “mixité proportionnelle” à laquelle les syndicats doivent se soumettre depuis 2017.

Une irrégularité qui n’a pas manqué de déplaire au syndicat concurrent, la CFDT. Celle-ci s’est empressée de contester l’élection devant la justice. C’est ce que révélait, ce 16 janvier, France Inter, qui a pu interviewer Laurence Bourgoin, la malheureuse tête de liste CGT cadre : “Je le vis très mal, comme un coup bas contre une organisation syndicale, et contre une femme”, déplore-t-elle auprès de la radio.

Également interrogé par France Inter, le secrétaire général de la CGT du site explique avoir été bien conscient que le ratio femmes-hommes de la liste était hors des clous, mais endosse la responsabilité d’un “choix assumé et moderne”. Car en la matière, il y a la loi et l’esprit de la loi : la “mixité proportionnelle” des listes aux élections CSE instaurée en 2017 avait pour visée de permettre à plus de femmes d’accéder à des mandats de représentantes du personnel, dans un contexte d’inégalités professionnelles structurelles entre les femmes et les hommes.

Du côté de la branche chimie-énergie de la CFDT, on regrette une “instrumentalisation” de l’affaire par la CGT. “Ce qui est moche dans cette histoire, c’est de faire passer la CFDT pour indifférente à la cause des femmes”, s’agace auprès de Causette son représentant, Sébastien Michel. On parle ici de respect de règlements électoraux”. Le syndicaliste assure qu’il est courant que des listes électorales soient contestées en justice pour des raisons similaires et que la “CGT ne se prive pas de le faire de son côté”. Contactée, la CGT n’a pas donné suite à nos demandes d’interview.

Guéguerre syndicale

Pour autant, la liste CFDT candidate à Cap Ampère a bien validé un processus préélectoral en toute connaissance de cause. “Tout comme la CGT, qui savait très bien ce qu’elle faisait aussi”, rétorque Sébastien Michel. Réfutant tout sexisme – il rappelle que c’est actuellement une femme, Marylise Léon, qui est à la tête de l’instance nationale et que 60 % des syndiqué·es de la CFDT sont des femmes –, le représentant syndical précise : “Quand une liste n’est pas dans les clous du règlement, nous contestons au cas par cas en fonction de l’environnement de travail.” Et de reconnaître qu’en l’occurrence, à Cap Ampère, les deux syndicats ne sont pas en bons termes.

Le mandat de Laurence Bourgoin va-t-il donc être victime d’une guéguerre syndicale ? Sébastien Michel assure être le premier à le regretter : “Le siège va être perdu jusqu’aux prochaines élections CSE, c’est là que c’est dommage car c’est la représentation des salariés qui en pâtit.” Pour conclure, ce membre du réseau féminin CFDT’elles se dit favorable “à ce que la puissance publique se penche sur les conséquences de la loi de 2017, qu’elle l’amende si son esprit est bel et bien que des femmes accèdent à des mandats clés.” Complexe dans son approche, la “mixité proportionnelle” ouvre en effet la voie à des règlements de compte entre syndicats.

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