Les étudiant·es bordelais·es, qui bloquaient leur faculté depuis une semaine, ont finalement conclu un accord avec leur direction afin de mettre en place des mesures à destination des victimes de violences sexistes et sexuelles.
Un accord a été trouvé, mardi 16 avril, entre étudiant·es, mobilisé·es depuis des mois contre la gestion des violences sexistes et sexuelles au sein de l’université Bordeaux-Montaigne, et direction de l’établissement, permettant la levée d’un blocage des locaux depuis une semaine. Les bâtiments vont rouvrir progressivement à partir de mercredi et “la session d’examens terminaux pourra avoir lieu normalement aux dates prévues”, a annoncé Lionel Larré, président de l’université, sur le site Internet de celle-ci. Tous les cours et examens avaient été suspendus depuis une semaine. À l’issue d’un dialogue “constructif” avec les représentant·es de la mobilisation, a ajouté Lionel Larré, la direction s’est engagée à “renforcer ou mettre en œuvre dans les meilleurs délais” un certain nombre de mesures relatives à la gestion des violences sexistes et sexuelles.
Ces décisions concernent principalement la cellule de signalements, dont les contacts et protocoles feront l’objet d’un affichage permanent. Sa composition sera revue, avec une seule personne issue de la présidence de l’université, et un groupe de référent·es étudiant·es, formé·es à l’accompagnement des victimes, sera créé pour “améliorer la remontée des signalements”. “À la demande des témoins ou des victimes, le principe de non-mixité sera assuré” pour leur traitement. Parmi les autres mesures adoptées, une formation aux violences sexistes et sexuelles sera obligatoire pour les personnels de l’établissement et un·e psychologue sera embauché·e.
Un "rapport de force"
Ces annonces interviennent alors qu’un important rassemblement a eu lieu mardi à la mi-journée sur le campus, où pro et antiblocage ont fait entendre leur voix. “C’est un début de victoire, conquise grâce au rapport de forces que nous avons imposé”, s’est félicitée Gexane, en deuxième année de licence d’anglais, qui n’a pas souhaité donner son nom de famille. “Certains pensent aux cours qu’ils ratent et n’ont aucune empathie envers les victimes”, commente Louis Corbière, étudiant en master en Arts de la scène, qui dit attendre “de voir ce que va vraiment donner la cellule de signalements à long terme”. “Nous refusons d’être pris dans un chantage émotionnel sur la question des violences sexistes et sexuelles […] Nous refusons de voir un semestre une nouvelle fois sabordé par les agissements d’une minorité de personnes”, a déclaré Mathilde Bertrand, enseignante chercheuse au sein du département Études anglophones, en dénonçant des “méthodes critiquables”.
L'université est secouée depuis des mois par une affaire concernant une enseignante en philosophie qui accuse un collègue de l'avoir violée, ce qu'il conteste. Une information judiciaire est en cours. Cet enseignant a également été accusé par une dizaine d'anciennes étudiantes d'agressions sexuelles et de comportements déplacés.
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Face à la mobilisation d’étudiant·es et à la médiatisation de l’affaire, dont la gestion par la direction a été critiquée, le président de l’université avait dénoncé une “campagne médiatique alimentée par de fausses informations”.