147 Mag On en cause Meres sociales M 1
© Illustrations Camille Besse

Couples les­biens : mères sépa­rées, les oubliées de la parentalité

Privées de droits, des mères les­biennes qui n’ont pas por­té leur(s) enfant(s) se battent contre leur ancienne com­pagne pour le·les retrouver.

Au terme de seize années de bons et loyaux ser­vices conju­gaux, Hélène 1, 52 ans, est lar­guée du jour au len­de­main par son épouse, Sophie 1. L’histoire aurait pu s’arrêter là et cha­cune s’en aller de son côté : or, elles ont une enfant de 4 ans, Lou 1. Autre pépin : elles sont mariées mais Hélène ne l’a jamais adop­tée. Si les couples hété­ro­sexuels s’étripent tra­di­tion­nel­le­ment pour la garde des enfants, Hélène, elle, fer­raille depuis trois ans pour être sim­ple­ment recon­nue comme parent et avoir le droit de voir sa fille, que son ex veut lui reti­rer. Car elle n’a, en théo­rie, aucun droit sur sa propre enfant, por­tée par sa com­pagne. La sépa­ra­tion a occa­sion­né entre elles un grand débal­lage et mis au jour les failles juri­diques de leur famille : « Elle m’a dit : “Lou ? C’est pas ta fille, tu n’auras jamais l’adoption, t’es per­sonne pour elle”. C’est très violent, se rappelle-​t-​elle. On n’était plus deux mamans en couple qui s’engueulaient : on est deve­nues deux enne­mies qui se dis­putent un enfant. »

Être mère dans les faits sans l’être aux yeux de la loi, c’est la situa­tion, par­fois ubuesque, à laquelle sont confron­tées les mères « sociales », par oppo­si­tion à celles qui ont accou­ché. Elles qui ont tout autant dési­ré, accom­pa­gné puis aimé et éle­vé un enfant, ne sont par­fois pas recon­nues par l’état civil. « Quand on s’est lan­cées dans une PMA [pro­créa­tion médi­ca­le­ment assis­tée, ndlr] avec ma femme, on n’avait pas du tout conscience de ce sta­tut, on ne connais­sait même pas le mot, raconte Léa Cayrol, autrice d’ouvrages pour mères les­biennes 2. Qu’on ait por­té l’enfant ou pas, ça ne change pas grand-​chose au quo­ti­dien, le pro­blème, c’est qu’une dif­fé­rence est faite par l’État. La mère bio­lo­gique a une toute-​puissance et peut pri­ver l’autre maman de son enfant si cer­taines démarches n’ont pas été accom­plies en amont. »


"La[…]

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