alexey demidov l0sFY9k36lc unsplash
© Alexey Demidov / Unsplash

En Espagne, le gou­ver­ne­ment s’empare du com­bat de parents contre l’usage du por­table des enfants

En Espagne, plus de 20 % des enfants de 10 ans disposent d’un téléphone portable. Un chiffre qui bondit à 90 % après 14 ans. Ces chiffres inquiètent les parents et, plus récemment, le gouvernement.

Entamé sur le banc d’un parc, le combat de parents de Barcelone contre l’usage du portable avant 16 ans a contribué à faire remonter cette préoccupation croissante jusqu’au gouvernement espagnol, qui prône désormais l’interdiction du mobile dans les écoles.

Un après-midi de septembre dernier, alors que leurs enfants jouent, plusieurs mères de la métropole catalane partagent leur inquiétude face à l’impact des écrans et la forte pression existant en Espagne pour offrir aux enfants leur premier téléphone lors de leur entrée au collège, à 12 ans. L’une d’entre elles, Elisabet García, créé alors un groupe WhatsApp baptisé “Adolescence sans portable à Poblenou”, le nom de leur quartier. Il dépasse très vite les mille membres et inspire d’autres parents dans d’autres quartiers, désormais réunis sur un canal Telegram comptant plus de dix mille abonné·es.

“C’était hallucinant”, se souvient María del Mont Llosas, l’une des porte-parole du mouvement, qui juge que cette mobilisation a mis le sujet au centre de “l’agenda politique, une chose impensable il y a quelque temps”. Cela a “démontré l’inquiétude extrême des familles”, ajoute cette psychologue et mère d’une fille de 11 ans.

Pétition remise aux député·es

"L'immense majorité des enfants reçoivent un portable lorsqu'ils entrent au collège, nous voulons inverser cette tendance", afin que "notre enfant ne soit pas le seul de la classe à ne pas avoir de téléphone", insiste-t-elle. 

En Espagne, plus de 20 % des enfants de 10 ans disposent d’un téléphone portable, selon des données publiées l’an dernier par l’Institut national des statistiques. Un chiffre qui bondit à plus de 70 % à 12 ans et à plus de 90 % après 14 ans.

Parallèlement au mouvement barcelonais, deux mères et professeures d’autres régions du pays ont remis en novembre à la Chambre des député·es une pétition, signée jusqu’ici par plus de 75 000 personnes, pour réclamer une loi interdisant l’usage du téléphone portable avant 16 ans.

Si le gouvernement a écarté d’office une telle mesure – qui reviendrait, selon la ministre de l’Éducation Pilar Alegría, à “mettre des portes en pleine campagne” –, il agit depuis quelques semaines sur plusieurs fronts pour tenter de limiter les conséquences négatives de l’usage des portables par les enfants et les adolescent·es.

La ministre de l’Éducation a ainsi réuni mercredi les représentant·es des régions, compétentes en matière d’Éducation, pour discuter d’une régulation à l’échelle nationale du téléphone dans les établissements scolaires, comme l’ont déjà fait ou annoncé d’autres pays comme la France, les Pays-Bas ou la Nouvelle-Zélande.

“Ne pas rester les bras croisés”

Le gouvernement a proposé à ces régions – qui auront le dernier mot et ont déjà pour certaines établi des limitations – d’interdire totalement son usage au primaire et de le limiter strictement au collège et au lycée à un usage éducatif en classe si le ou la professeur·e le demande.

Nous ne pouvons pas rester les bras croisés face à une inquiétude de la société”, a déclaré Pilar Alegria mercredi soir sur le réseau social X. Tous les parents d’élèves ne voient toutefois pas d’un bon œil cette volonté d’interdiction comme la Confédération espagnole des associations de pères et mères d’élèves (Ceapa), qui a appelé mi-janvier à ne pas “criminaliser” les téléphones, mais à “éduquer les élèves pour qu’ils en fassent bon usage”.

Le gouvernement de gauche travaille aussi depuis plusieurs mois sur un plan de lutte contre l’accès des enfants et des adolescent·es à la pornographie. Dans ce cadre, il a annoncé, mardi 30 janvier, la création d’un comité d’expert·es devant “élaborer une stratégie nationale pour un environnement numérique sûr pour les enfants et les adolescents” et veut mettre en place “avant l’été” un système de vérification de l’âge.

“Un enfant de moins de 12 ans sur quatre et près de la moitié des moins de 15 ans ont eu accès ou consomment de la pornographie, ce qui a des conséquences dévastatrices”, a martelé lundi le Premier ministre, Pedro Sánchez, en parlant d’une “authentique épidémie”.

Lire aussi I Temps d’écran des enfants : un groupe d'expert·es proposera des “recommandations de régulation”, dit Catherine Vautrin

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.