Dans une étude de terrain concernant la rentrée 2023, sur 2103 enfants en situation de handicap, 23% n’ont aucune heure de scolarisation prévue par semaine.
« Trop d’enfants sans solution de scolarisation, ou uniquement de "bouts" de scolarisation ou encore, des solutions inadaptées. » C'est le constat amer que dresse, à quelques jours de la rentrée, l'Unapei, un réseau français d’associations de représentation et de défense des intérêts des personnes en situation de handicap.
Dans une étude de terrain concernant la rentrée 2023, consultée par Causette, les chiffres sont alarmants. Sur 2103 enfants, réparti·es dans six régions de France (les Hauts-de-France, la Normandie, les Pays de la Loire, le Grand Est, la Bretagne et l'Auvergne-Rhône-Alpes), 23% n’ont aucune heure de scolarisation prévue par semaine, 28% n’ont que 0 à 6h de scolarisation, 22% n’ont que 6 à 12h de scolarisation et 27% ont plus de 12h de scolarisation. Or, les élèves ont généralement 24 h d'enseignements hebdomadaires à l'école, 26 h au collège et 26 h au lycée, concernant le tronc commun.
« Les enfants exclus de l’École sont également privés d’avenir, isolés du reste de la société. Aller à l’école, c’est apprendre, c’est jouer, se sociabiliser, c’est construire une société inclusive et respectueuse de tous », dénonce l'Unapei dans son étude.
Près de 871 témoignages
Le 1er juillet, l'Unapei a lancé une plateforme en ligne, intitulée « Ma Rentrée », sur laquelle elle invite des parents à venir témoigner des obstacles et refus rencontrés pour scolariser leur enfant en situation de handicap. Le réseau associatif a déjà reçu 871 témoignages.
« À la rentrée, par manque d'un temps d'accompagnement individualisé, notre fils n'ira à l'école qu'à mi temps. Charge à nous, parents, de nous organiser pour gérer les repas et le temps à domicile. Une perte de chance pour notre fils face à un système défaillant et non équitable », dénoncent, par exemple, les parents du petit Arthur, 8 ans, originaire de Sotteville-lès-Rouen. Les témoignages concernant autant les difficultés d'accès à l'école que dans les Instituts Médico-Éducatifs (IME), qui ont pour mission d'accueillir les enfants en situation de handicap mental. Le père du petit Malo, 8 ans, qui n'obtenait pas de place dans un IME, a du créer sa propre association d'accueil pour enfants en situation de handicap. « Ma femme doit s'arrêter de travailler », ajoute-t-il dans son témoignage.
L’Unapei demande désormais au gouvernement « un cap clair et adossé à une loi de programmation pluriannuelle de solutions pour les élèves présentant des troubles du neurodéveloppement, en situation de polyhandicap ou de handicap psychique », ainsi que « des engagements concrets en faveur de l’accessibilité réelle du système scolaire et de son caractère inclusif ».