À Paris, la communauté ballroom offre à des jeunes LGBTQIA+, en majorité racisé·es, un espace de liberté et d’expression artistique, construit sur le modèle des familles choisies.
Un beat électro, dansant et addictif, résonne entre les murs d’une salle du Centquatre, le centre culturel et artistique situé dans le XIXe arrondissement de Paris. Wolkoff, Wicked, Eryss et Kennedy observent, d’un air concentré, plusieurs membres de leur house, nommée Comme des garçons, se démener sur le parquet de danse. L’un défile, comme s’il se trouvait sur un podium. Mais il ne fait pas assez ressortir ses hanches, lui fait remarquer Wicked, dont l’œil expert capte les moindres détails de la démarche de la recrue. « Est-ce que tu as mal ? Si tu n’as pas mal, c’est que tu ne le fais pas bien », lui lance-t-il, le sourire aux lèvres. Le jeune homme, à la longue silhouette fine, fera plus d’une dizaine d’allers- retours, malgré la chaleur de ce début d’été. Il lui faudra encore quelques entraînements pour se mouvoir à la perfection, mais nul doute qu’il fera bientôt des ravages pour la catégorie runway du prochain ball.
Une communauté structurée
Bienvenue dans l’univers de la ballroom scene (« scène ballroom »), un espace de liberté, d’expression artistique et politique, mais aussi un refuge où les oppressions disparaissent pour les membres de la communauté LGBTQIA+. Nés à New York, à la fin des années 1960, les balls sont des soirées festives, rythmées par une compétition acharnée, où des personnes queer, en majorité afro-américaines et latinas, s’affrontent dans des catégories liées à l’apparence, la mode ou la danse, contre trophées et rémunération. Chaque participant·e appartient à une house (« maison »), une communauté structurée comme une famille traditionnelle,[…]