190831 DOSSIER DE PRESSE COMPLET 2

Notre sélec­tion OFF d'Avignon, spé­cial "seules en scène"

Comme chaque année, Causette vous livre sa sélec­tion toute sub­jec­tive des spec­tacles du Off. Petite par­ti­cu­la­ri­té de cette édi­tion, les femmes sont nom­breuses
à por­ter leurs textes, ou ceux des autres, seules sur les planches.

« L’occupation »

Annie Ernaux + Romane Bohringer, quel meilleur com­bo ? La comé­dienne, tour à tour espiègle, iro­nique, incandes- cente, joueuse, met toute son âme pour faire entendre la langue de l’autrice. Ici, le fameux récit, mil­li­mé­tré, d’une jalou­sie amou­reuse obsé­dante et irra­tion­nelle. Une mise en scène hyper inven­tive et enle­vée très intel­li­gem­ment accom­pa­gnée par la musique en live de Christophe « Disco » Minck.

D’Annie Ernaux. Théâtre des Halles, à 14 heures. Durée : 1h5.

« La femme à qui rien n'arrive »

C’est l’histoire d’une femme dévo­rée par les ser- vitudes du quo­ti­dien. Une charge men­tale qui la main­tient bien posée près de son tas de pommes de terre. Son uni­vers s’est tel­le­ment rétré­ci que main­te­nant, c’est sûr, plus rien ne pour­ra lui arri­ver. Mais les mots sont là, comme des patates à éplu­cher, à décou­per. Léonore Chaix, autrice, comé­dienne, les connaît bien, elle les a désha­billés avec suc­cès dans Déshabillez-​mots, un spec­tacle écrit avec Flor Lurienne.
Quand l’aventure a pris fin, Léonore s’est cru en panne. Mais les mots sont là, tou­jours, qui sauvent, qui libèrent. Avec sa plume fine et cise­lée, elle se joue de l’absurde en tri­tu­rant les phrases, en les savou­rant, elle est comme une enfant qui découvre la langue. Sous nos yeux, la jeune femme si bien assise avec ses genoux tel­le­ment ser­rés se déploie en pre­nant les appa­rences de ses monstres inté­rieurs effrayants, hila­rants. La femme devient clown. C’est jouis­sif, bur­lesque, on rit à gorge déployée. La Femme à qui rien n’arrive, c’est l’histoire d’une renais­sance. Et d’un kilo de pommes de terre. C.Y.

De Léonore Chaix. Artéphile, à 11 h 40. Durée : 1h5.

« Chambre 2 »

Décidément, Chambre 2, le pre­mier ouvrage de Julie Bonnie, paru en 2013, a un des­tin mul­tiple : prix du roman Fnac à sa sor­tie, adap­ta­tion pour le ciné­ma en 2020 sous le titre Voir le jour, il vit une troi­sième vie au théâtre. Sur scène, le quo­ti­dien de Béatrice, une auxi­liaire de pué­ri­cul­ture à bout de souffle dans un hôpi­tal lui-​même mal en point. Très ins­pi­ré par l’histoire per­son­nelle de l’autrice, musi­cienne qui a tra­vaillé pen­dant dix ans dans une mater­ni­té avant de se mettre à l’écriture, ce texte, aus­si poli­tique qu’intime, raconte à la fois les pro­blé­ma­tiques de l’hôpital public et le grand huit émo­tion­nel que tra­versent les femmes qui deviennent mères. Intense.

De Julie Bonnie. Avignon-​Reine Blanche, à 16 heures. Durée : 1h20.

« Quand je serais grande… tu seras une femme, ma fille »

À l’origine de ce spec­tacle, une rési­dence artis­tique à Villeneuve-​Saint-​Georges au cours de laquelle Catherine Hauseux est allée à la ren­contre des femmes de ce ter­ri­toire, de tous âges et de tous milieux. De ces paroles gla­nées elle a fait une syn­thèse, joli­ment écrite, pour des­si­ner le por­trait de quatre géné­ra­tions de femmes et faire sur­gir un pro­pos, fina­le­ment uni­ver­sel. Que reçoit-​on ? Que transmet-​on ? Comment se situe-​t-​on en tant que femme dans un monde d’hommes hier et aujourd’hui ? C’est elle-​même qui inter­prète avec émo­tion ces femmes aus­si atta­chantes que pro- fondes. Mention spé­ciale à la der­nière d’entre elles.

De Catherine Hauseux. Les 3 Soleils, à 11 h 35. Durée : 1h15.

« Quand je serai grande, je serai Patrick Swayze »

Si vous aimez le théâtre, vous avez peut-​être déjà croi­sé la route de Chloé Oliveres, cofon­da­trice du col­lec­tif Les Filles de Simone, dont Causette vous a sou­vent recom­man­dé les spec­tacles (C’est (un peu) com­pli­qué d’être l’origine du monde et Les Secrets d’un gai­nage effi­cace). Cette fois, la comé­dienne se lance en soli­taire pour une pièce rafraî­chis­sante qui retrace son par­cours de jeune femme née dans les années 1980, éle­vée aux injonc­tions contra­dic­toires. Entre une mère gaucho-​féministe et une pas­sion pour Dirty Dancing, des prin­cesses pour seul modèle et une farouche volon­té d’émancipation, pas tou­jours facile de s’y retrou­ver. Le por­trait pop et plein d’autodérision d’une « fémi­niste et midi­nette, ou midi­niste, ou fémi­nette », comme elle dit.

De Chloé Oliveres. Théâtre des Béliers, à 14h30. Durée : 1 heure.

« Guten tag, madame Merkel »

Attention bijou ! Tout est par­fai­te­ment maî­tri­sé dans ce seule en scène sur l’ex-chancelière alle­mande. Jeu jubi­la­toire, scé­no­gra­phie clas­sieuse, texte drôle et pas­sion­nant. Tout coule. On est immé­dia­te­ment hap­pé par ce por­trait d’Angela Merkel, per­son­nage mys­té­rieux et puis­sant qu’Anna Fournier, autrice et inter­prète de ce texte, aborde côté cou­lisses. On croise Sarkozy, Poutine et une impayable direc- trice de com. Avec en toile de fond cette ques­tion lan­ci­nante : qu’est-ce qu’être une femme en politique ? 

D’Anna Fournier. Théâtre du train bleu, à16h25. Durée : 1h20.

« De la mort qui tue »

Quel meilleur moyen pour contrer ses angoisses que de les affron­ter ? C’est en tout cas le pari d’Adèle Zouane, qui consacre un spec­tacle entier à la mort. Histoire de la regar­der en face une bonne fois pour toutes. Après À nos amours, en 2016, tout entier consa­cré à Éros, l’autrice et comé­dienne s’attelle à Thanatos. La prouesse, c’est qu’elle par­vient à nous faire (mou­rir de) rire. Play-​back sur des scènes mythiques du ciné­ma, médi­ta­tion inver­sée pour bien se connec­ter avec le néant, fausses morts sur scène. Une pro­po­si­tion bur­lesque et méta­phy­sique qui relie, comme rare­ment au théâtre, les vivant·es que nous sommes. Une vraie expé­rience col­lec­tive. Et un drôle d’exutoire.

D’Adèle Zouane. Artéphile, 14 h 5. Durée : 1 h 15.

« Gardiennes »

Il est tou­jours utile de se sou­ve­nir d’où reviennent les femmes, et ce qu’elles ont tra­ver­sé. Leurs corps, sur­tout. Fanny Cabon, convoque avec pudeur, mais déter­mi­na­tion, celles de sa famille et ses récits – de son arrière-​grand-​mère à sa fille en pas­sant par les tantes et les grand-​mères –, pour racon­ter des vies modestes, émaillées de gros­sesses pas tou­jours sou­hai­tées, d’avortements clan­des­tins, de maris mal dégros­sis, de sexua­li­té pas tou­jours épa­nouis­sante, d’enfants aimés et dési­rés, aus­si. À tra­vers elles, c’est toute la condi­tion fémi­nine du XXe siècle qui défile. Et c’est poignant.

De Fanny Cabon. Les 3 Soleils, à15h5. Durée : 1h15.

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