Capture d’écran 2022 08 14 à 11.40.30
©Teresa Suarez pour Causette

Cabarets : sous les paillettes, la rage

Après deux ans de pan­dé­mie, le monde de la nuit a retrou­vé ses créa­tures. Les caba­rets connaissent un suc­cès gran­dis­sant et des spec­tacles enga­gés et joyeux se déve­loppent un peu par­tout. Tour d’horizon (non exhaustif)…

Un jeu­di soir du mois de mai, rue des Martyrs, dans le 18e arron­dis­se­ment de Paris. Derrière la lourde porte de chez Madame Arthur, le public se presse sous la lumière bleue de la boule à facettes. Ce soir, « Madame Arthur trans­cende le 7e art » : sur scène, La Briochée, Maud’Amour et Bili l’arme à l’œil, accom­pa­gnées de Williame au pia­no, se lancent dans une réin­ter­pré­ta­tion les­bienne des clas­siques du ciné­ma. « Au bon­heur les­bien, le patriar­cat va s’écrouler, donnons-​nous la main pour nous mener vers la soro­ri­té », entonnent- elles sur l’air des Choristes, en robes paille­tées et maquillage pro­non­cé. Le public ova­tionne, quelques couples un peu décon­te­nan­cés par les paroles pouffent nerveusement.

« Quand je venais en tant que spec­ta­trice, il y a quatre ans, on était dix dans la salle ! » se rap­pelle Bili, maquillage blanc et grande robe vapo­reuse. Mais, bien loin des spec­tacles mil­li­mé­trés du Moulin Rouge ou du Crazy Horse, Madame Arthur, caba­ret his­to­rique, ouvert depuis 1946, attire depuis la réou­ver­ture des salles un public de plus en plus nom­breux, avec un spec­tacle drôle et enga­gé, qui change chaque semaine. Après deux ans de pan­dé­mie, Maud’Amour, vêtue ce soir de sa tenue de Marilyn Monroe, le res­sent : « Les gens sont au taquet en venant ici, ils peuvent lâcher. C’est sou­vent les retours qu’on a : “Ça fait du bien, sur­tout en ce moment”. Ils rêvent, ils réflé­chissent, c’est aus­si ça le cabaret. »

« C’est un défi de s’adresser à des gens qui ne sont pas conquis d’avance »

Bili

Une liber­té qui séduit un public gran­dis­sant. « On a accès à beau­coup plus d’endroits qu’avant, il y a plein de lieux qui veulent nous pro­gram­mer », constate Jésus La Vidange, drag king, dont les soi­rées de la Kings Factory attirent les foules dans les bars LGBTQ+ pari­siens. De nom­breuses scènes sont nées ces der­nières années, fai­sant car­ton plein à chaque édi­tion. Le Grand Cri d’amour ou La Bouche, à Paris, Voulez-​vous, dans le Loiret, Ô Fantasme, à Bordeaux, ou encore le Cabaret Mademoiselle à Bruxelles : des espaces plus inti­mistes que les grandes salles pari­siennes et qui, sur­tout, pro­posent des spec­tacles bien plus politiques…

La poli­tique en dansant

Si le public se presse en masse sous les paillettes, il est aus­si plus divers : des couples d’hommes, des tablées de col­lègues, des quin­qua­gé­naires en goguette ou des jeunes bobos. Madame Arthur serait presque deve­nue mains­tream « C’est un défi de s’adresser à des gens qui ne sont pas conquis d’avance », avance Bili. Lutte contre le patriar­cat, hété­ro­sexisme, éco­lo­gie, vio­lences poli­cières… Les paroles sont cash et les spectateur·rices sont avides de ces sujets.

Pourtant, la troupe l’affirme : l’évolution du public n’a rien chan­gé à sa manière de tra­vailler ni à sa liber­té de ton : « Ce qui est mar­rant, c’est que Madame Arthur se popu­la­rise, mais le dis­cours qui est sur scène est le même que dans une cave queer », résume Diamanda Callas, l’une des créa­tures chan­tantes de la troupe. « On a la chance, chez Madame Arthur, de pou­voir adres­ser ce mes­sage à des gens qui ne sont pas for­cé­ment queer, déve­loppe La Briochée en cou­lisses. Ils viennent aus­si pour se faire bous­cu­ler un petit peu. » Mettre en scène la liber­té, ça ne peut pas lais­ser de marbre.

« T’as plein de caba­rets qui sont assez fer­més, quand tu regardes le Crazy, le Lido… C’est des endroits où on m’a vite fait com­prendre que je n’avais pas ma place… Alors on s’en fait une ailleurs. »

La Briochée

Il y a quelques mois, le Cabaret de pous­sière, spec­tacle fan­tasque et enga­gé né dans un squat du quar­tier de la Bastille, à Paris, rem­plis­sait… le Bataclan ! « Il y a moi qui parle beau­coup, qui fais des blagues, on parle de l’actualité, on parle de poli­tique, on raconte des his­toires », lance Martin Dust, son créa­teur, ten­tant de décrire ce qu’il a joué pen­dant des années au Zèbre de Belleville. Il ne s’est pas pri­vé de dézin­guer lepre­mier quin­quen­nat de Macron et de tor­piller Éric Zemmour et consorts. Un spec­tacle dif­fé­rent à chaque repré­sen­ta­tion et beau­coup d’impertinence qui ont atti­ré des foules diverses et poli­ti­sées. Pour Martin Dust, cepen­dant, si le public a chan­gé, les spec­tacles, eux, res­tent fidèles à eux-​mêmes. « On a tou­jours été là ! Moi qui bosse dans cet uni­vers depuis quinze ans, je n’ai pas vu un moment où cela s’est arrê­té. » Cette impres­sion de renais­sance, selon lui, tient au fait qu’au Moulin Rouge comme au Lido « les spec­tacles de revue ont été pas­sés à la mou­li­nette amé­ri­caine », ambiance Las Vegas. Le caba­ret que pro­posent Martin Dust et les autres serait donc la forme « tra­di­tion­nelle » du genre et cette authen­ti­ci­té ferait son succès.

Capture d’écran 2022 08 14 à 11.41.42
©Teresa Suarez pour Causette

Cette lon­gé­vi­té s’explique aus­si par la capa­ci­té du caba­ret à se réin­ven­ter et à créer de nou­veaux pro­jets et espaces. « T’as plein de caba­rets qui sont assez fer­més, quand tu regardes le Crazy, le Lido… C’est des endroits où on m’a vite fait com­prendre que je n’avais pas ma place… Alors on s’en fait une ailleurs », com­mente La Briochée. Pourtant, la pan­dé­mie est pas­sée par là. Avec les dif­fé­rents confi­ne­ments et les cou­vre­feux, de nom­breux lieux de fête ont dû fer­mer. Si l’équipe du Madame Arthur pro­po­sait des spec­tacles en strea­ming, pour d’autres, il a fal­lu inno­ver. « Les res­tos étaient ouverts, pas les clubs, du coup, on a per­for­mé dans des res­tos, de plus en plus tôt », se rap­pelle Diamanda Callas.

Liberté, chan­son, autogestion

La pan­dé­mie aurait pu mettre un coup d’arrêt à la pra­tique. Elle l’a au contraire ren­for­cée : « Quand tout a rou­vert, ça a géné­ré pas mal de nou­veaux pro­jets et ça a sor­ti les créa­tures des clubs. » La Bouche en témoigne : ce caba­ret queer mon­té en février der­nier par Bili, Mascare, Grand Soir et Soa est basé sur l’autogestion, c’est-à-dire géré par les artistes eux- mêmes. Il enva­hit le sous-​sol du res­tau­rant Co, dans le 18e arron­dis­se­ment de Paris, tous les same­dis. Une cin­quan­taine de places, une petite scène, un pia­no et un public venu grâce au bouche-​à-​oreille. « Quand on est arri­vé, il n’y avait rien ! » raconte Bili, qui a vou­lu créer un espace bien­veillant et « explo­rer sa pra­tique artis­tique ».

Le public se com­pose beau­coup d’ami·es d’ami·es, de per­sonnes poli­ti­sées, venues rire et sou­te­nir des artistes croisé·es sur d’autres scènes. L’endroit est encore confi­den­tiel, mais com­plet tous les week-​ends. Quand le spec­tacle s’apprête à com­men­cer, on va cher­cher les chaises des loges, col­lées au bar, pour que tout le monde ait une place assise. La tem­pé­ra­ture monte d’un cran et, sous les néons rouges et bleus, la carte des cock­tails sert d’éventail à un public transpirant. 

« Les gens viennent rêver, entendre des mes­sages poli­ti­que­ment incor­rects. Après une grande crise, il y a ce besoin de s’évader. »

Nicolas

Entre scènes clow­nesques et chan­sons enga­gées – dont un remix de Céline, d’Hugues Aufray, dédié aux vieilles filles, ou encore un chant de la Commune façon voco­deur –, les prises de parole de Mascare, non­cha­lantes, font rire les spectateur·rices. Chaque per­for­mance ce soir-​là pro­voque un fris­son indes­crip­tible, un sen­ti­ment d’abandon. On se met à dan­ser sur du reg­gae­ton, on ravale ses larmes sur du Michel Berger, on se fait ser­vir du Prosecco avec une mitraillette en plas­tique. Dans ses chan­sons, sous une faible lumière, Grand Soir parle d’être au monde, celui où les espaces de res­pi­ra­tion sont rares.

Un art qui reste populaire

De tels moments hors du temps par­viennent aus­si à exis­ter hors de la capi­tale, qui concentre l’essentiel de la scène caba­ret. C’est le cas à Dieppe, en Seine-​Maritime. À quelques pas de la mer, sur l’immense place du mar­ché, La Sirène à barbe s’active. « Ce soir, c’est une spé­ciale Dalida ! » lance Nicolas, fon­da­teur du lieu, révi­sant les paroles d’Il venait d’avoir 18 ans. Depuis juin 2021, trois soirs par semaine, les drag queens se mêlent aux circassien·nes dans cet ancien ciné­ma de la ville por­tuaire, qui a gar­dé ses fau­teuils rouges. « Le caba­ret, c’est l’art du cœur, de la géné­ro­si­té et c’est un art popu­laire », confie Nicolas, entre deux ajouts de faux cils, dans la petite pièce encom­brée qui sert de loges. Celui qui n’avait jamais fait de scène incarne désor­mais Diva Beluga, tout en barbe et paillettes. 

Capture d’écran 2022 08 14 à 11.40.58
©Teresa Suarez pour Causette

Le lieu qu’il a créé, « c’était par esprit de ven­geance » après des années de bri­mades homo­phobes, jusqu’à une agres­sion à quelques mètres de chez lui, qui le lais­se­ra avec le crâne frac­tu­ré. Depuis un an, son caba­ret est com­plet tous les soirs. « On a des pro­los, des notables, des profs, des bobos, des Dieppois, des gens de Rouen, de Paris, de 7 à 77 ans ! se félicite-​t-​il. Les gens viennent rêver, entendre des mes­sages poli­ti­que­ment incor­rects. Après une grande crise, il y a ce besoin de s’évader. »

« Venir sur scène comme on est, c’est déjà une forme d’engagement. »

Sweety Bonbon

Éric, la drag queen Sweety Bonbon, Élodie, Alonso-​gyne, Lily : tous et toutes ont rejoint Nico dans cette folle aven­ture, celle d’ouvrir un caba­ret queer dans une ville de 30 000 habitant·es. La plu­part ont un emploi à côté, comme Lily, allure andro­gyne et grands yeux, qui charge des bateaux pour l’Angleterre en uni­forme la jour­née et se révèle, en com­bi­nai­son et paillettes, le soir. « Depuis un an, on sent une pro­gres­sion dans les men­ta­li­tés. La com­mu­nau­té LGBT se cache moins. Les gens des cam­pagnes alen­tour qui viennent nous voir, il y a deux ans, ils se seraient moqués de nous, là, ils repartent tout heu­reux », explique- t‑elle en tirant sur sa ciga­rette, tâchant de ne pas faire débor­der son rouge à lèvres. « Venir sur scène comme on est, c’est déjà une forme d’engagement », acquiesce Sweety Bonbon, arran­geant sa per­ruque quelques minutes avant le début du spectacle.

Talons hauts et gros bolides

Dans la salle, alors que le rideau se lève, se dévoile une grande tablée pour un enter­re­ment de vie de jeune fille, des couples gays, des qua­tuors d’ami·es, des habitué·es et des petit·es nouveaux·elles. Les numé­ros s’enchaînent, les paroles de Dalida résonnent, tan­dis que Diva Beluga joue les maî­tresses de céré­mo­nie. L’ambiance est bon enfant, ça boit, ça chante, ça rit très fort. Sylviane, frêle sep­tua­gé­naire, pouffe de bon cœur quand Sweety Bonbon vient chan­ter tout près d’elle. À l’entracte, elle féli­cite la drag queen et raconte qu’elle est déjà « venue quelques fois, mais c’est touours aus­si bien ».

« On est un lieu de spec­tacle, ce qui est inté­res­sant, c’est le bras­sage. On a des gens qui ont fait leur coming out ici, des couples qui se sont for­més… C’est un espace où on se sent pro­té­gé. »

Nicolas

Créatures à paillettes et spectateur·rices se mêlent au coin du bar et dans l’espace fumeur·euses. Curieuse scène ce same­di soir : sur la même place de la ville, les drag queens en talons de 15 cm se mêlent aux participant·es tatoué·es du Rallye de Dieppe réunis·es juste en face. « On est un lieu de spec­tacle, ce qui est inté­res­sant, c’est le bras­sage. On a des gens qui ont fait leur coming out ici, des couples qui se sont for­més… C’est un espace où on se sent pro­té­gé, indique Nicolas, accou­dé au bar. « Le public fait par­tie d’une famille, il repart avec des petits mor­ceaux de nous, et nous on repart avec des petits mor­ceaux d’eux », confie Lily, les yeux pétillants.

Créer une rela­tion forte avec le public per­met aux artistes de jouer de leur liber­té. « Dans nos socié­tés où les corps sont hyper­sexua­li­sés ou invi­si­bi­li­sés, dire que nos corps sont beaux, c’est pas tou­jours évident », estime Lumaca Occhio, qui se poudre le visage avant sa per­for­mance au bar La Folie, à Paris. Ce soir, c’est soi­rée drag king – des per­for­mances qui explorent les codes du mas­cu­lin –, et La Misandrag, un show pour les femmes queer et per­sonnes non binaires qui font du drag. Thomas Occhio, drag king au per­son­nage de dan­dy séduc­teur, plaque ses che­veux blonds et ajuste sa mous­tache. Dans le king, qu’il pra­tique depuis cinq ans, il voit une façon de « se réap­pro­prier l’espace, nos corps, parce que quand on est assigné·es femmes on a encore énor­mé­ment d’injonctions ».

« J’adore ce côté paillettes, mais en 2022, peut-​être qu’on a des choses à dire der­rière les paillettes. On a moins sou­vent la parole, alors quand on a l’espace, on le prend .»

Jésus La Vidange

La scène drag voit son public gros­sir en même temps que la popu­la­ri­té de son art, liée notam­ment à la dif­fu­sion sur Netflix de l’émission RuPaul’s Drag Race *, une com­pé­ti­tion de drag queens façon télé-​réalité. « Le drag pari­sien est très dif­fé­rent de celui de Netflix. Après le Covid, le public qui nous sui­vait avant est reve­nu avec des potes. Mais je ne sais pas si c’est parce que c’est plus mains­tream ou si les gens ont plus besoin de sor­tir », s’interroge Morphine Blaze, yeux char­bon­neux et robe façon toile d’araignée, créa­trice de la Misandrag. Devant un grand rideau en velours noir, des dizaines de per­sonnes s’assoient à même le sol, bière à la main, pour encou­ra­ger les per­for­meurs et per­for­meuses. Les numé­ros mêlent danse, chan­son et effeuillage. Entre cha­cun, Morphine Blaze, drag queen toute de noir vêtue, enchaîne quelques tirades sur la classe poli­tique et les hétéros.

« Une manière de faire du mili­tan­tisme de façon joyeuse », nous confiait-​elle dans les loges. Elle accueille sur scène Jésus La Vidange, au cos­tume paré de feuilles de can­na­bis, « tel le Patrick Sébastien des drags ». Sur les notes de Je ne veux pas tra­vailler, de Pink Martini, il trans­forme une pho­to d’Emmanuel Macron en joint. « J’adore ce côté paillettes, mais en 2022, peut-​être qu’on a des choses à dire der­rière les paillettes. On a moins sou­vent la parole, alors quand on a l’espace, on le prend », glisse Jésus La Vidange.

Par et pour les queers

Ces scènes, si elles s’ouvrent au grand public, gardent en leur cœur une audience queer, plu­tôt jeune et mili­tante, qui y voit un refuge face au monde exté­rieur. « Le public queer est tou­jours bien­veillant, c’est pour lui que je per­forme, pas pour les hété­ros. Le caba­ret a tou­jours été un espace pour faire des choses pas accep­tées ailleurs », explique Morphine Blaze. « De tout temps, on a tou­jours diver­ti les hété­ros et tant que c’est du diver­tis­se­ment, ça les amu­sait. Mais dès qu’il y a de l’art, quand on porte des mes­sages, ça ne les fait plus rire », lance Jésus La Vidange. Thomas Occhio y voit éga­le­ment un espace safe, où on peut venir par­ta­ger un bon moment, expri­mer quelque chose. « Les gens ont besoin de rire, de pro­fi­ter, de se vider la tête », ajoute-​t-​il.

Les com­bats en héritage

Chez Madame Arthur, le pre­mier spec­tacle se ter­mine. Ovation du public, retour dans les loges. Le temps d’un verre, d’une ciga­rette, d’une res­pi­ra­tion et d’un rac­cord maquillage. Sur les murs en pierre d’un autre temps, les pho­tos des anciennes meneuses de revue s’affichent dans de grands cadres dorés. Une mémoire qui ne quitte pas les nou­velles loca­taires, qui affirment res­sen­tir leur pré­sence. « On ne peut pas oublier les per­sonnes qui étaient là avant nous, elles ont mené des luttes, on doit conti­nuer d’honorer cet héri­tage », affirme Bili.

Capture d’écran 2022 08 14 à 11.39.09
©Teresa Suarez pour Causette

« À part ce cabaret-​là, en tant que meuf trans et grosse, quel autre m’aurait ouvert ses portes ? » s’enquiert La Briochée. Quelques heures plus tôt, elle nous racon­tait son his­toire, sa décou­verte de Coccinelle et Bambi, femmes trans et monu­ments des revues de Pigalle dans les années 1950–60, l’importance de leur mémoire dans ce lieu ouvert depuis 1946. « La pro­me­nade Coccinelle est au pied de la rue des Martyrs, on ne peut pas igno­rer ça. C’est aus­si pour ça que j’ai vou­lu entrer ici, en tant qu’artiste et femme trans qui se veut visible », explique-​t-​elle en cou­vrant ses pau­pières de rose.

Il est 23 heures dans la salle aux grands rideaux de velours rouge et décor roco­co. Dans une ambiance plus inti­miste, toute de rouge vêtue, les yeux rivés sur le public d’un air mi-​amusé, mi-​sérieux, La Briochée entonne une chan­son de Régine, décé­dée quelques jours plus tôt. L’immense miroir reflète les spectateur·rices au bal­con, attentif·ves. Au son de l’Hymne à l’amour, la salle résonne d’une seule voix, comme si le moment était sus­pen­du. À mesure que les lumières s’éteignent et que la salle se vide dans le grin­ce­ment de son vieux par­quet, Madame Arthur s’endort… jusqu’à demain. 

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.