Qui est Morgane Cadignan, la nou­velle humo­riste de France Inter ?

Chaque année, France Inter accueille de nouvelles et de nouveaux humoristes. La recrue 2020 s’appelle Morgane Cadignan, déjà aperçue dans Clique, sur Canal+. Elle rejoint désormais la Bande originale, de Nagui, diffusée quotidiennement sur les ondes de 11 heures à 12 h 30. Mais qui est cette jeune femme de 29 ans qui ouvrira l’émission chaque jour ?

morgane img 1922 cstephane kerrad kbstudiosparis
© Stéphane Kerrad

Sa première chronique, le lundi 24 août, a démarré très fort. Et pour cause. Face à Morgane Cadignan… Blanche Gardin, la reine du stand-up français ! « Blanche Gardin, vous êtes mon syndrome prémenstruel », déclare-t-elle. Dès les premières secondes, le ton est donné. Il sera drôle et acide, à l’image de la jeune humoriste de 29 ans qui bouscule le stand-up français depuis trois ans. Sans être jamais gênant.

Après avoir écumé les scènes parisiennes, c’est donc au micro de France Inter que Morgane Cadignan fait ses armes cette année. Sa chronique s’appelle Morgane n’aime pas. Le concept : expliquer pourquoi elle déteste l’invité·e du jour de l’émission. Évidemment, c’est faux, mais cela lui permet de retourner l’exercice, très ennuyeux, de brosser les invité·es dans le sens du poil. Armée de son second degré, elle a déjà, à ce jour, faussement détesté Blanche Gardin, donc. Mais aussi Hélène de Fougerolles – « Je ne vous aime pas déjà parce que j’ai passé une demi-journée à essayer de trouver une vanne sur le fait que vous étiez née à Vannes » – et Virginie Efira – « Vous me faites penser à Grace Kelly avec un virage mieux négocié. »

Si l’humoriste n’a pas « encore mis au point une méthode de travail définie », elle manie l’humour, parfois noir, avec talent. Dernier exemple en date, ce jeudi, face à l’écrivain franco-rwandais Gaël Faye, à l’occasion de la sortie du film Petit pays, adaptation de son roman sur le génocide rwandais : « Un peu d’humour sur un génocide, c’est définitivement une très belle première semaine », lance-t-elle.

Quels invité·es l’humoriste rêverait-elle de chroniquer ? « Bruno Le Maire. Ou Catherine Deneuve, parce qu’avec son aplomb, c’est sûr qu’elle me répondrait. » Et puis, si elle avait pu, « Michael Jackson évidemment ! »

Voir la première chronique de Morgane Cadignan sur Blanche Gardin 
Être à la bonne place au bon moment

La radio et Morgane Cadignan, c’est une histoire d’amour qui dure depuis toujours. Cette « enfant de la radio », bercée par France Inter, a encore l’image de « [son] grand-père qui s’endort la tête collée contre le poste ». Alors même si, ado, Morgane préférait Skyrock à France Inter sur la route des vacances, lorsque Nagui l’appelle au milieu de l’été et du mercato de la radio, c’est une évidence. « C’était du stress, révèle la chroniqueuse, mais du bon stress avec l’impression d’être au bon moment à la bonne place, que ce soit dans ma vie ou dans ma carrière. »


Lire aussi : France Inter, TMC, « Le Monde » : une rentrée (s)explosive pour Maïa Mazaurette


Pour Morgane Cadignan, la boucle est bouclée donc. Au départ, rien ne destinait pourtant cette Parisienne d’adoption à embrasser la carrière d’humoriste. De son enfance à Troyes, dans l’Aube, Morgane garde le souvenir des heures passées devant les vidéos du duo comique Kad et Olivier. À 17 ans, même si elle connaît par cœur tous les personnages de Florence Foresti dans l’émission On a tout essayé, de Laurent Ruquier, d’Anne-Sophie de la Coquillette à Clothilde la lycéenne, c’est vers le monde de la pub que Morgane se tourne. Avant de tout plaquer pour rejoindre les planches du conservatoire d’art dramatique de Versailles.

C’est à la fois naturellement et par accident que Morgane Cadignan tombe dans l’humour. Déjà, au conservatoire, Morgane développe un sens de la formule drôle et pointue. Lorsque l’étudiante en pub confie à son père, dans une lettre, son désir de devenir comédienne, elle emprunte la citation du film culte Titanic, adoré de son père : « Je le ferais avec ou sans votre aide. Sans, ce sera plus long. » Ce dernier accepte, évidemment.

Mais ce sont véritablement quelques castings décevants pour des rôles de tragédienne « qu’[elle] trouve très élégants », qui l’ont poussée à écrire un sketch. « Le stand-up, c’était la révélation pour moi ! s’exclame la jeune femme. De sketch en sketch, puis de scène ouverte en scène ouverte, un jour on me propose un spectacle rien qu’à moi. » 

« Des femmes humoristes hilarantes, je peux vous en citer dix ! Mais elles sont invisibles »

À l’instar de ses consœurs, Nora Hamzawi ou Blanche Gardin, au fil des années, Morgane Cadignan a su s’imposer dans le très masculin milieu de l’humour. D’ailleurs, au récurrent cliché « les femmes sont moins drôles que les hommes », Morgane réplique d’emblée, « laissez-nous de la place pour vous prouver que c’est faux ! Des femmes humoristes hilarantes, je peux vous en citer dix ! Mais elles sont invisibles ». Et si elle observe malgré tout davantage une évolution de ce côté-là, elle s’interroge sur les bienfaits de la discrimination positive : « Est-ce qu’on m’invite parce que j’ai du talent ou parce que je suis la caution féminine du spectacle ? », s’interroge la jeune femme.

Et ne venez pas parler « d’humour féminin » à Morgane Cadignan. Si elle est désormais chroniqueuse pour la radio la plus écoutée de France, elle revient à ses premiers amours à partir du 1er octobre dans un spectacle éponyme au théâtre parisien Le Métropole (anciennement Comédie des Boulevards). 

Loin des clichés sur les trentenaires et le célibat, Morgane livre un stand-up sur les réalités et les contradictions de sa génération, qui parlent finalement un peu à tout le monde. De la dictature du bonheur aux reconversions professionnelles, Morgane Cadignan ne laisse rien au hasard. Elle bouscule la société et pointe cette injonction à être des citoyen·nes parfait·es alors « qu’on a juste envie de danser dans la rue et de fumer des clopes ».

Partager
Articles liés

Inverted wid­get

Turn on the "Inverted back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.

Accent wid­get

Turn on the "Accent back­ground" option for any wid­get, to get an alter­na­tive sty­ling like this.