Apocalypse Bébé, mise en scène de Selma Alaoui
Décidément, le théâtre n’en finit pas de porter Despentes à la scène. On ne compte plus les adaptations de King Kong Théorie et c’est une joie que ce texte culte soit dit et redit. La metteuse en scène belge Selma Alaoui, avec le collectif Mariedl, s’attaque, elle, à Apocalypse Bébé. Une gageure que de rendre sur les planches le souffle qui traverse ce roman vitaminé paru en 2010 et récompensé par le prix Renaudot. Mais la troupe belge parvient à nous raconter l’histoire de Lucie Toledo, jeune détective un peu godiche, mandatée pour retrouver Valentine, une ado disparue, avec une énergie pétaradante. L’arrivée de la Hyène, enquêtrice badass, aux méthodes un peu violentes y fait beaucoup. Sur fond de musique électronique planante, on est embarqué dans ce road movie speedé aux allures de thriller qui nous emmène de Paris à Barcelone à 300 à l’heure. Les acteurs et actrices donnent tout. Il faut bien ça pour honorer la langue de Despentes.
Apocalypse Bébé, mise en scène de Selma Alaoui. Théâtre Paris-Villette, à Paris, du 12 au 28 mars 2019.
Darling, mise en scène de Laurent Le Bras
C’est peu dire que la vie n’a pas ménagé Darling. Petite, cette fille de paysans n’a pour seul horizon que la nationale qui passe devant chez elle. Son seul espoir d’échapper à son triste destin : grimper dans un des camions qui circulent sur la route. C’est ce qu’elle fera. Passant ainsi de parents brutaux à un mari violent. Ce texte, poignant, de Jean Teulé, a connu, lors de sa sortie en 1998, un grand succès en librairie. En 2007, Marina Foïs donnait corps, au cinéma, à cette héroïne malmenée par l’existence. Cette fois, c’est le théâtre qui met en lumière cette Darling, qui n’est autre qu’une lointaine cousine de l’écrivain et qui, un jour, est venue lui confier son histoire. La comédienne Claudine Van Beneden l’interprète avec force. Et parvient même à faire jaillir l’humour que contient, malgré tout, ce texte noir. Elle porte ainsi, sur scène, la voix de toutes les Darling du monde.
Darling, mise en scène de Laurent Le Bras. Studio Hébertot, à Paris, du 7 mars au 7 avril.
Café Polisson, de Nathalie Joly
On se croirait dans un tableau de Toulouse-Lautrec. Couleurs, décor, costumes… Pour ce Café Polisson, créé, à l’origine, au Musée d’Orsay pour l’exposition Splendeurs et misères, images de la prostitution, la comédienne et chanteuse Nathalie Joly nous embarque façon caf’conc’ dans l’univers des filles de joie. Comme à son habitude, elle a rassemblé un incroyable répertoire de chansons du Second Empire et de la Belle Époque. Il y a Les Gueuses, Madame Arthur, mais aussi La Raie, ou encore La Grande Pine. Autant de refrains truculents où la polissonnerie côtoie la mélancolie. Mais toujours avec humour, bien souvent meilleur exutoire de vies de misère. Un hommage vibrant aux demi-mondaines, courtisanes, ambulantes, hirondelles, buveuses d’absinthes et autres fleurs de trottoir. Les chansons révèlent la réalité du métier, mais aussi les vices et fantasmes étranges de ces messieurs. Très instructif…
Café Polisson, de Nathalie Joly, mise en scène de Jacques Verzier. Théâtre de l’épée de bois, à la Cartoucherie (Paris), jusqu’au 3 avril. À écouter : le CD Café Polisson (Frémeaux & Associés).