Raconter l’histoire d’une jeune et brillante mathématicienne est rare au cinéma. La hisser vers un récit d’émancipation acharné et poétique l’est plus encore. Le résultat est là : Le Théorème de Marguerite est un film captivant. Explications avec Anna Novion, sa réalisatrice, qui, telle son héroïne, n’a eu de cesse de trouver la bonne formule…
Causette : Le cinéma met rarement en avant des personnages féminins évoluant dans le domaine des sciences. Pourquoi avoir choisi de construire votre nouveau film autour d’une chercheuse en mathématiques ?
Anna Novion : En fait, les maths sont arrivées par hasard. Je suis partie d’une expérience personnelle, au départ, qui n’avait rien à voir. Lorsque j’avais une vingtaine d’années, j’ai été très malade et j’ai dû rester isolée pendant six mois. Quand j’ai pu enfin sortir, je me suis sentie en total décalage avec les gens de mon âge. C’était cela que je voulais raconter, mais comment ? Je souhaitais sortir de mon histoire, mais je ne savais pas trop comment m’y prendre… Jusqu’à ce que je m’intéresse aux élèves des grandes écoles, notamment ceux de Normale Sup, qui eux aussi sont parfois en dehors du monde et vivent une forme d’isolement[…]