Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève pour la journée de dimanche 12 mai, afin de protester contre la mise à pied de l’humoriste Guillaume Meurice et contre les menaces qui pèsent sur certaines émissions emblématiques.
Ce dimanche, les antennes de Radio France seront sûrement muettes. Lundi 6 mai, six syndicats (CFDT, CGT, Force ouvrière, SNJ, Sud et Unsa) ont déposé un préavis de grève pour dimanche 12 mai de minuit à minuit. Cet appel à la mobilisation tombe quatre jours après la mise à pied de l’humoriste et chroniqueur Guillaume Meurice, menacé de licenciement. Les syndicats dénoncent aussi, dans leur préavis, “une politique de casse sociale sur les antennes en bouleversant les grilles et en sacrifiant des émissions emblématiques”.
“Éventuelle sanction disciplinaire”
Guillaume Meurice, figure de l’émission satirique Le Grand Dimanche soir, diffusée de façon hebdomadaire sur France Inter, a en effet annoncé, le 2 mai sur X, être convoqué à un entretien préalable en vue d’une éventuelle sanction disciplinaire. Celle-ci pourrait aller jusqu’à la rupture anticipée de son contrat à durée déterminée “pour faute grave”. L’humoriste a l’interdiction de se présenter à son poste de travail d’ici au jour du jugement dernier. Une décision qui fait grincer des dents au sein de Radio France : dimanche dernier, l’animatrice Charline Vanhoenacker a consacré son émission à son collègue avant que l’humoriste Djamil Le Schlag annonce sa démission en direct.
Guillaume Meurice doit pour l’instant faire vœu forcé de silence, car l’une de ses blagues est mal passée : en octobre dernier, il avait qualifié le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, de “sorte de nazi mais sans prépuce”. Il avait alors été visé par deux plaintes, une pour “provocation à la violence et à la haine antisémite” et une autre pour “injures publiques à caractère antisémite”, avant qu’elles ne soient classées sans suite, en avril, par le parquet de Nanterre. Après avoir reçu un avertissement de sa direction, le chroniqueur a réitéré à l’antenne, le 28 avril, sa blague sur Netanyahou. Mais le comique de répétition n’est visiblement pas au goût de tout le monde… Sauf peut-être de Djamil Le Schlag, qui, avant de quitter le plateau, a déclaré : “Perso, je vois pas ce qui est choquant à comparer Netanyahou à une sorte de nazi sans prépuce.” Et de trois.
Des émissions dans le viseur de la direction
Le préavis de grève évoque également “des menaces [qui] pèsent sur des émissions populaires…” en raison des aménagements de la grille proposés par la directrice de France Inter, Adèle Van Reeth. L’intersyndicale ajoute : “Dans quel but ? Pour répondre aux injonctions des puissances publiques, de groupes privés ?”
Comme le rappelle Libération, la direction souhaite réduire d’un tiers le budget du Grand Dimanche soir et supprimer les émissions C’est bientôt demain, sur les luttes écologiques et sociales, ainsi que Vies françaises. Autre sujet de désaccords : La Terre au carré, programme historique sur la science et l’écologie, subira une refonte. Pour la rédaction et la Société des journalistes, si la direction justifie ses choix éditoriaux par des nécessités économiques, il s’agirait plutôt d’une volonté de lisser le discours de France Inter “dont la marque de fabrique est l’insolence et la liberté de ton”, rappellent les syndicats.