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Une piscine municipale © Flickr

Burkini dans les pis­cines de Grenoble : le Conseil d'État confirme la sus­pen­sion de la nou­velle règlementation

Un mois après avoir sou­hai­té mettre en place une nou­velle régle­men­ta­tion dans les pis­cines gre­no­bloises, auto­ri­sant entre autres le port du bur­ki­ni, la mai­rie de Grenoble se heurte à la déci­sion du Conseil d'État confir­mant la sus­pen­sion des nou­velles règles, éta­blie par le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble.

Le nou­veau règle­ment inté­rieur des quatre pis­cines muni­ci­pales de Grenoble ne s'appliquera fina­le­ment qu'en par­tie. Mardi, le Conseil d'État a confir­mé la sus­pen­sion de l'article 10 de ce règle­ment, qui visait notam­ment à auto­ri­ser le port du bur­ki­ni, sans tou­te­fois le nom­mer, a‑t-​il annon­cé dans un communiqué. 

Le 16 mai der­nier, la mai­rie de Grenoble avait adop­té sur le fil une modi­fi­ca­tion règle­men­taire des pis­cines per­met­tant aux usa­gères d'accéder aux bas­sins à la fois dans des tenues « non près du corps moins longues que la mi-​cuisse » et en mono­ki­ni. Mais dès le 24 mai, la pré­fec­ture de l'Isère avait sai­si le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble en dépo­sant un « réfé­ré admi­nis­tra­tif ». Une pro­cé­dure per­mise par la loi contre le « sépa­ra­tisme » et qui per­met aux pré­fets de sai­sir le juge admi­nis­tra­tif contre un acte d’une col­lec­ti­vi­té locale jugé contraire aux prin­cipes de laï­ci­té. La jus­tice avait alors sus­pen­du l'article 10 du nou­veau règle­ment, « en tant que sa rédac­tion auto­rise l’usage de tenues de bains non près du corps moins longues que la mi-​cuisse ». Amenant la ville à faire appel devant le Conseil d'État.

À lire aus­si I Grenoble auto­rise le port du bur­ki­ni comme les seins nus dans les pis­cines municipales

La juge des réfé­rés de la plus haute juri­dic­tion admi­nis­tra­tive de France estime consta­ter que « contrai­re­ment à l’objectif affi­ché par la ville de Grenoble, l’adaptation du règle­ment inté­rieur de ses pis­cines muni­ci­pales ne visait qu’à auto­ri­ser le port du "bur­ki­ni" afin de satis­faire une reven­di­ca­tion de nature reli­gieuse et, pour ce faire, déro­geait, pour une caté­go­rie d’usagers, à la règle com­mune, édic­tée pour des rai­sons d’hygiène et de sécu­ri­té, de port de tenues de bain près du corps ». Selon lui, le nou­veau règle­ment inté­rieur des pis­cines muni­ci­pales de Grenoble « affecte le res­pect par les autres usa­gers de règles de droit com­mun trop dif­fé­rentes, et donc le bon fonc­tion­ne­ment du ser­vice public, et porte atteinte à l’égalité de trai­te­ment des usa­gers, de sorte que la neu­tra­li­té du ser­vice public est com­pro­mise ».

Le mono­ki­ni et les tenues de bain non ajus­tées autorisés

Sur Twitter, Gérald Darmanin, qui avait par­lé d'une « inac­cep­table pro­vo­ca­tion iden­ti­taire » au moment de l'adoption par la mai­rie du nou­veau règle­ment, s'est immé­dia­te­ment féli­ci­té que « le com­mu­nau­ta­risme d’Éric Piolle, maire de Grenoble, [soit] défi­ni­ti­ve­ment sanc­tion­né par le Conseil d’Etat ». « Une vic­toire pour la loi "sépa­ra­tisme", pour la laï­ci­té et au-​delà, pour toute la République », a‑t-​il ajouté. 

Dans un com­mu­ni­qué publié mar­di soir sur les réseaux sociaux, Éric Piolle a indi­qué que la com­mune de Grenoble « prend acte de la déci­sion du Conseil d'État » mais qu'elle « regrette cepen­dant que le Conseil d'État lui prête des inten­tions qu'elle n'a pas ». « Dans la droite ligne des déci­sions du Défenseur des Droits, l'objectif de la com­mune de Grenoble est de per­mettre l'égal accès des usa­gers au ser­vice public des pis­cines au seul regard des règles d'hygiène et de sécu­ri­té sans dis­cri­mi­na­tion », a‑t-​il ajouté.

L'élu estime cepen­dant que le mono­ki­ni et les tenues de bain non ajus­tées près du corps res­tent auto­ri­sés. Car le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Grenoble expli­quait, dans sa déci­sion, qu'il fal­lait sus­pendre l'article 10 sim­ple­ment pour son auto­ri­sa­tion « de tenues de bains non près du corps moins longues que la mi-​cuisse ». C'est ce qu'a expli­qué Éric Piolle sur France Bleu ce mer­cre­di matin, pré­ci­sant que le nou­veau règle­ment rema­nié après la déci­sion de jus­tice s'applique depuis le 1er juin : « Nous avons pris acte déjà de la déci­sion du tri­bu­nal admi­nis­tra­tif et donc le nou­veau règle­ment s'applique. On a juste sup­pri­mé la par­tie sur les jupettes. Donc vous ne pou­vez pas arri­ver avec une jupette qui soit non près du corps, c'est-à-dire qui soit sous vos fesses et jusqu'à la mi-​cuisse. Bon, c'est comme ça, mais ça veut dire que vous pou­vez quand même venir à la pis­cine de Grenoble aujourd'hui avec des maillots anti-​UV et des maillots cou­vrants pour quelle que rai­son que ce soit. » À voir, main­te­nant, si ce nou­veau règle­ment pas­se­ra l'été.

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