Une commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants doit voir le jour à l’automne. Enfin une bonne nouvelle en France où, chaque année, 165 000 enfants subissent un viol ou une tentative de viol1. Lyes Louffok, ancien enfant placé et lui-même victime, membre du Conseil national de la protection de l’enfance, a demandé à en faire partie. Pas sûr, tant il n’a pas sa langue dans sa poche.

Causette : Vous avez proposé de siéger au sein de la future commission indépendante sur les violences sexuelles faites aux enfants. Pourquoi ?Lyes Louffok : Il n’a jamais été fait état d’une représentation des victimes au sein de cette commission. Or, on ne peut pas, on ne doit pas établir de politiques publiques sans les personnes concernées. Nos expériences sont nécessaires à l’identification des points de blocage. Le militantisme en protection de l’enfance, qui résulte parfois, comme c’est mon cas, d’une expérience personnelle douloureuse, produit une expertise qui est encore aujourd’hui sous-exploitée par les pouvoirs publics. C’est une parole dont on se passe trop souvent. Et ça ne peut plus durer. Il va maintenant falloir prendre en compte nos propositions qui sont directement tirées de nos expériences.
L’autre raison qui m’a poussé à « candidater », c’est mon ras-le-bol des commissions qui font siéger toujours les mêmes pédopsychiatres, juristes, magistrats, psychologues. Si les choses n’évoluent pas, c’est aussi parce qu’on ne parvient pas à renouveler le vivier d’experts. Certaines personnalités participent à ce type d’instances depuis des décennies. Cela fait des années que l’ancien vice-président du tribunal pour enfants de Bobigny, Jean-Pierre Rosenczveig, qui siège avec moi au Conseil national de la protection de l’enfance et fera probablement partie de la commission sur les violences sexuelles faites aux enfants, squatte les différents ministères !
Avez-vous reçu une réponse ?
L. L. : J’ai écrit à Adrien Taquet [secrétaire[…]
- Enquête Ipsos 2019 pour Mémoire traumatique et victimologie.[↩]