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©Mairie de Paris

“L’avortement est un droit fon­da­men­tal” : la mai­rie de Paris réaf­firme son enga­ge­ment à tra­vers une grande cam­pagne d’affichage

Quatre mois après le collage de stickers anti-IVG sur les garde-boues des Vélib’ à Paris et tandis que la navette parlementaire sur la constitutionnalisation de l’avortement est à l’arrêt, Hélène Bidard, adjointe PCF à la mairie de Paris en charge de l’égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire, annonce auprès de Causette, le lancement d’une campagne massive d’affichage dans la capitale. 

Alors que la constitutionnalisation de l’avortement est à l’arrêt, la mairie de Paris réaffirme son engagement à travers une campagne d’affichage sur l’accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), a annoncé Hélène Bidard, adjointe PCF à la mairie de Paris, en charge de l’égalité femmes-hommes, de la jeunesse et de l’éducation populaire, auprès de Causette. Concrètement, dès ce mercredi, et pendant une semaine, sur ce qu’on appelle les mobiliers urbains d’informations, ces grands panneaux qui parsèment la capitale, le slogan « L’avortement est un droit fondamental » sera diffusé, accompagné du numéro vert anonyme et gratuit du Planning familial. 

Une page sur le site Internet de la mairie (paris.fr), qui informera le public sur tous les lieux de prise en charge dans la capitale, sera également mise en ligne. « Le but, c’est de cibler les jeunes, indique Hélène Bidard. Nous allons aussi distribuer des cartes postales avec les numéros d’information et d’orientation dans tous les foyers de jeunes travailleurs et jeunes travailleuses, dans les Centres Paris Anim', ainsi que dans les Espaces Paris Jeunes. C’est important d’informer les jeunes parce qu’il y a énormément de fausses informations qui circulent sur Internet sur le droit à l’avortement. »

La campagne d’affichage de la mairie intervient en effet quatre mois après l’action sauvage revendiquée par le collectif anti-IVG Les Survivants sur les Vélib’ de Paris. Dans la nuit du mercredi 24 au jeudi 25 mai, puis dans celle du 14 au 15 juin, les militant·es de ce groupuscule né en 2006, qui s’était fait oublier ces dernières années, avaient collé des autocollants représentant un bébé en train de grandir avec la phrase : « Et si vous l’aviez laissé vivre ? » Le collectif anti-IVG avait ensuite justifié leur action par le projet de loi visant à inscrire l’avortement dans la Constitution, annoncé en mars 2023 par Emmanuel Macron.   

Répondre “coup par coup” à la désinformation 

L’action des Survivants constitue « clairement » pour Hélène Bidard, un délit d’entrave à l’IVG. « Ces attaques, elles sont faites pour marquer les esprits, pour faire reculer le droit à l’avortement, pour désinformer, pour mettre la pression et empêcher ce droit, condamne fermement l’adjointe parisienne. Il faut être extrêmement vigilant là-dessus, on a vu que c’est un enjeu au niveau européen dans de nombreux pays, en Pologne notamment [Depuis 2021, l’avortement est quasiment illégal, excepté dans les cas de viol, d’inceste ou de danger pour la vie de la mère, ndlr]. C’est pour cela qu’on se mobilise aujourd’hui. Même si cette campagne d’affichage ne sera pas suffisante, je veux répondre coup par coup, à chaque fois que Les Survivants ou d’autres feront de la désinformation. Moi, je suis pour qu’on réaffirme le droit à l’IVG dans l’espace public dix fois plus qu’eux. »

En mai dernier, en réaction aux collages anti-IVG, le maire adjoint de Paris, David Belliard, avait affirmé examiner « tous les recours juridiques possibles pour poursuivre les auteurs de cette campagne honteuse ». Quid quatre mois plus tard ? « La ville de Paris mène actuellement les actions juridiques qui permettront d’établir la condamnation des actions menées par le mouvement des Survivants », fait savoir la mairie de Paris, sans donner plus de précisions.

En attendant de possibles poursuites judiciaires à l’encontre de ce groupuscule, Hélène Bidard, dans une lettre envoyée, mi-juillet, à la Première ministre, Élisabeth Borne, demande la dissolution du collectif. « Plus largement, cette organisation participe à la désinformation au sujet du droit à l’avortement et de la contraception via la publication d’argumentaires fallacieux sur son site web notamment », souligne l’adjointe dans cette lettre que Causette a pu consulter. « Pour l’instant, nous n’avons pas de réponse », indique-t-elle. 

Quid de la constitutionnalisation de l’IVG ? 

Dans cette lettre, l’adjointe a également réaffirmé la position de la mairie de Paris sur la constitutionnalisation de l’avortement en demandant « dès que possible » son inscription. « On veut que les droits des femmes soient protégés quel que soit ce qui pourrait arriver à l’avenir en France, comme les féministes le disent souvent : ce sont des conquis sociaux et pas des acquis et il faut toujours se battre pour garder ses acquis », martèle Hélène Bidard auprès de Causette

Sur l’inscription de l’IVG dans le marbre de la Constitution française justement, les discussions semblent s’être essoufflées. Le 24 novembre dernier, l’Assemblée nationale a adopté à une large majorité (337 voix pour, 32 contre et 18 abstentions) une proposition sur laquelle se sont accordées la gauche et la majorité parlementaire. « La loi garantit l’effectivité et l’égal accès au droit à l’interruption volontaire de grossesse », statuait le texte final. Deux mois plus tard, la proposition est adoptée de justesse (166 voix pour, 152 contre) par le Sénat après avoir remplacé le mot « droit » par celui de « liberté ». Et depuis ? La navette parlementaire semble être à l’arrêt, tout comme l’engagement de l’Élysée à ce sujet. Le 8 mars dernier, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, Emmanuel Macron annonçait pourtant proposer « dans les prochains mois » un projet de loi de révision constitutionnel pour inscrire « dans notre texte fondamental », cette « liberté ».  Depuis, plus rien. Selon Le Monde, le renvoi du texte au palais Bourbon serait en discussion, mais sans calendrier défini. 

« Je n’ai aucune idée d’où en est la constitutionnalisation de l’IVG, indique de son côté Hélène Bidard. Pour tout vous dire, on a épluché les comptes rendus du rendez-vous d’Emmanuel Macron avec les partis politiques qui a eu lieu le 30 août dernier, à notre connaissance, le sujet, comme celui des droits des femmes en général, n’a pas du tout été abordé. » Une semaine après cette réunion marathon de douze heures, le chef de l’État a envoyé une lettre de six pages aux chef·fes des partis politiques, que Causette a pu consulter, dans laquelle, il résume leurs échanges. Aucune mention, en effet, de la constitutionnalisation de l’avortement. « On a l’impression que la grande cause de l’égalité entre les femmes et les hommes est passée à la trappe », déplore Hélène Bidard. Une raison de plus, pour elle, de réaffirmer haut et fort que l’avortement est un droit fondamental et doit le rester. 

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