Hier, un décret sur la suppression des vols intérieurs courts en France a été publié au Journal officiel. Les lignes aériennes interrompues sont celles qui possèdent une alternative en train d’une durée inférieure à deux heures et demie. Peu de lignes sont en réalité concernées.
C'est maintenant acté. Un décret a été publié mardi 23 mai au Journal Officiel prohibant de prendre l'avion entre deux métropoles françaises s'il est possible de faire le trajet en train en moins de deux heures et demie, selon BFMTV. Une avancée qualifiée de « majeure » par le ministre des Transports, Clément Beaune, qui s'est félicité que « cette mesure [soit] une première mondiale » sur BFMTV.
« Les services réguliers de transport aérien public de passagers interdits par le II de l’article L.6412–3 du code des transports sont ceux pour lesquels une liaison ferroviaire substituable assure, dans chaque sens, un trajet de moins de deux heures trente », indique le premier article du texte de loi (consultable sur legifrance et ajouté au code de l’aviation civile).
Cette mesure était l'une des dispositions phares de la loi Climat et Résilience de 2021, et proposée par la Convention citoyenne pour le climat. En décembre 2022, elle avait obtenu le feu vert de la Commission européenne et du Conseil d'État après une plainte d'une partie du secteur aérien qui la jugeait contraire au principe de libre prestation et inadapté à la lutte contre le changement climatique, selon Capital.
La parution de la loi était la dernière étape pour rendre effective cette mesure après « l’accord de la Commission européenne, la consultation du public et l’avis et du Conseil d’État », a réagi le ministre délégué chargé des Transports Clément Beaune dans un communiqué. Pour le Réseau Action Climat, ces annonces « présentées comme ambitieuses, […] sont en réalité assez insignifiantes d’un point de vue climatique. À l’inverse, il est temps d’engager un véritable plan de report modal avion/train ».
Peu de vols concernés
D'après BFMTV, le trajet en train doit desservir, sans changement, les mêmes villes que les aéroports concernés. Pour le cas de Roissy-Charles-de-Gaulle, c’est la gare TGV desservant l’aéroport qui est prise en compte et non une gare parisienne, précise le média. Toujours selon BFMTV, la liaison entre deux gares doit être « assurée sans changement de train entre ces gares, plusieurs fois par jour et avec un service satisfaisant […] y compris au regard du caractère abordable des tarifs du transport ferroviaire de substitution », ajoute le décret.
Autre critère, les « fréquences doivent être suffisantes et les horaires appropriés, compte tenu des besoins de transport des passagers empruntant cette liaison, notamment en matière de connectivité et d’intermodalité, ainsi que des reports de trafic qui seraient entraînés par l’interdiction », précise le média. Enfin, la liaison doit permettre plus de huit heures de présence sur place dans la journée, et ce, toute l’année. Dernière exception : le décret ne s’applique pas aux vols en correspondance.
Compte tenu de tous ces critères, peu de lignes sont en fait concernées par le décret. Concrètement, les liaisons aériennes entrant dans le champ d’action du décret sont Paris-Orly-Nantes, Orly-Lyon et Orly-Bordeaux. Celles entre Lyon, Rennes et l’aéroport Paris Charles-de-Gaulle, ainsi que celle reliant Lyon et Marseille ne devraient pas être interrompues pour le moment, mais une amélioration du réseau ferroviaire pourrait permettre leur future suppression, indique Ouest France.
« Un symbole fort »
Selon l'association Réseau Action Climat, pour que de véritables contreparties soient exigées pour l’ensemble du secteur aérien, il faudrait « mettre en place dès à présent dans le cadre des plans de relance économique un vrai plan de développement du secteur ferroviaire utilisant toutes les capacités du train de jour et de nuit, tant au niveau français qu’européen », mais aussi « mettre en place des mesures de réduction des émissions de CO2 du transport aérien international » et « remettre à plat la fiscalité portant sur le secteur aérien ».
Dans son communiqué, Clément Beaune s’est au contraire « félicité de la publication du décret », qui est une « étape essentielle » et « un symbole fort » dans la « réduction des émissions des gaz à effet de serre ». Selon le ministre délégué, « cette mesure est une première mondiale qui s’inscrit pleinement dans la politique du gouvernement d’encourager le recours à des modes de transport » plus verts.
D'après BFMTV, il reviendra au ministre des Transports, avant chaque saison aéronautique, de faire « procéder à une évaluation ayant pour objet de déterminer les liaisons aériennes potentiellement concernées pour lesquelles il existe un service ferroviaire de substitution satisfaisant ». Le décret est valable pour une durée de trois ans et un examen de son impact sera réalisé 24 mois après son entrée en vigueur, précise le média.
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