Ils ont tes­té avant l'heure : le congé pater­ni­té d'un mois

Guilhem et Xabina, la tren­taine, ont accueilli le 5 mai der­nier une petite fille. Ils ont failli lou­per, à deux mois près, la mise en place le 1er juillet du nou­veau congé pater­ni­té, éten­du de 11 jours à 25 jours, dont dix obli­ga­toires. Fort heu­reu­se­ment, la patronne de Guilhem lui a pro­po­sé de béné­fi­cier de ce congé allon­gé avant l'heure et il s'est orga­ni­sé au bou­lot en consé­quence. Pour Causette, les jeunes parents ont débrie­fé l'expérience.

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Guilhem, aus­si à l'aise dans son fau­teuil
que dans son congé pater'
Guilhem

« Ça me sem­blait inen­vi­sa­geable de lais­ser ma com­pagne seule seule­ment quelques jours après l’accouchement. Si on ne m'avait pas per­mis d'avoir un mois, je pense que j’aurais pris des congés pour avoir plus que les onze jours auto­ri­sés. Surtout qu'au final, je trouve que ce temps a davan­tage d’intérêt pour le couple que pour le bébé. Comme Xabina allaite, je n’ai pas été très utile dans la rela­tion directe avec notre fille. Notamment la nuit, c’est sur­tout elle qui se levait. En fait, mon rôle a sur­tout été de la sou­la­ger pour qu’elle puisse s'occuper du bébé au maxi­mum. On a tou­jours divi­sé les tâches ména­gères de manière éga­li­taire. Là, j'ai essayé de gérer au mieux les tâches du quo­ti­dien. D’ailleurs, nos amis ont tous eu des réac­tions hyper posi­tives, jus­te­ment parce qu'on allait pou­voir s'épauler et par­ta­ger les tâches. Nos familles aus­si étaient ravies, mais plus pour l’aspect rela­tion­nel, sur le fait que j’allais pou­voir pro­fi­ter de la petite à fond. Et c’est vrai que je me réjouis d’avoir pas­sé un mois avec elle, même si je ne sais pas si ça a vrai­ment créé plus de com­pli­ci­té. Après, avec un bébé de cet âge, c’est un concept qui reste res­treint, ses acti­vi­tés se limitent à man­ger, dor­mir… Et voi­là ! Cela dit, j'arrive à la cal­mer plus faci­le­ment que d'autres per­sonnes. Depuis une semaine, j'ai repris le tra­vail, je pense tout le temps à elle. Je ne com­prends pas les hommes qui reprennent trois ou quatre jours après la nais­sance. Mine de rien, c'est un sacré bou­le­ver­se­ment. Etre pré­sents ensemble avec Xabina a per­mis, pas néces­sai­re­ment de se retrou­ver parce qu'on ne s'est pas for­cé­ment per­du, mais en tout cas de tout par­ta­ger, de vrai­ment s’épauler. On a pas­sé un drôle de moment parce qu'on rece­vait énor­mé­ment d’informations contra­dic­toires. La réa­li­té, c'est qu'être à deux, ça per­met vrai­ment de dis­cu­ter et de voir après ce qu’on décide. Les hommes qui pensent que leur com­pagne peut gérer seule et que c'est inutile pour eux d’avoir un congé d’un mois, ça me fait hal­lu­ci­ner. Et puis tu lâches com­plè­te­ment la charge men­tale du bou­lot. Tu te recentres sur les choses essen­tielles de la vie. J'ai l'impression que même par­mi mes potes qui ne sont pas for­cé­ment les plus pro­gres­sistes au monde, s’ils pou­vaient, ils le pren­draient direct, ce congé pater­ni­té d’un mois ! »

Xabina

« Je me demande com­ment font les femmes dont le conjoint n’a que onze jours. Moi, je l'ai eu pen­dant un mois, et j'avoue que c'est vrai­ment confort d'être deux pour s'occuper du bébé. Je sais que sou­vent, il y a la famille qui aide quand le papa repart tra­vailler. Mais jus­te­ment, ce congé nous a per­mis de moins sol­li­ci­ter nos proches, d'être dans notre bulle. 
Cela m'a per­mis de m'occuper de mon bébé sans avoir rien d’autre à gérer, comme faire les courses, à man­ger, etc. J’ai sur­tout nour­ri la petite. C’est Guilhem qui a géré toute l’intendance. Il a fait beau­coup de choses sans for­cé­ment s’en rendre compte. Au-​delà de répar­tir la charge de tra­vail, le fait qu'il soit à la mai­son, ça nous a aidés à construire quelque chose à trois, et ça a per­mis à Guilhem de trou­ver sa place. Parce que le fait de l’avoir por­tée, de l’allaiter, ça crée un lien déjà fort avec la maman, que le papa n'a pas for­cé­ment. Ça peut être dif­fi­cile pour le conjoint de trou­ver sa place. Je pense que c’est une sen­sa­tion qu’il a eue et que beau­coup de papas peuvent avoir. Alors plus il est pré­sent, plus ça crée un lien avec l’enfant. Après, il faut savoir que pour moi, la mater­ni­té n'était pas quelque chose de très clair, ça m’a pris du temps. Je n'étais pas tota­le­ment convain­cue de vou­loir un enfant. Lui était beau­coup plus sûr de sa pater­ni­té. C'est peut-​être pour ça qu'il me sem­blait évident qu'il soit là au maxi­mum. J'avais besoin de lui. Par contre, il faut se sup­por­ter ! 24 h/​24, sur­tout avec la fatigue, ça mène par­fois à de bonnes dis­putes. Mais ça vaut le coup parce qu'un papa qui n'est là qu'une dizaine de jours, il manque plein de choses, c’est trop dom­mage. D’ailleurs nos entou­rages, nos pères par exemple, ont trou­vé génial qu’il puisse béné­fi­cier de ce congé plus long. On se rend bien compte que ça reste rare. À la mater­ni­té par exemple, on nous a dit « Vous avez de la chance, vous êtes deux » ce qui montre bien que le fait que le papa soit très impli­qué n'est pas encore une évidence… »

Lire aus­si : En place le 1er juillet, le ral­lon­ge­ment du congé deuxième parent est déjà jugé insuffisant

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