Guilhem et Xabina, la trentaine, ont accueilli le 5 mai dernier une petite fille. Ils ont failli louper, à deux mois près, la mise en place le 1er juillet du nouveau congé paternité, étendu de 11 jours à 25 jours, dont dix obligatoires. Fort heureusement, la patronne de Guilhem lui a proposé de bénéficier de ce congé allongé avant l'heure et il s'est organisé au boulot en conséquence. Pour Causette, les jeunes parents ont débriefé l'expérience.
![Ils ont testé avant l'heure : le congé paternité d'un mois 1 12e2f2a0 aaf6 4672 9c67 671498f155d4](https://www.causette.fr/wp-content/uploads/2021/06/12e2f2a0-aaf6-4672-9c67-671498f155d4-576x1024.jpg)
que dans son congé pater'
Guilhem
« Ça me semblait inenvisageable de laisser ma compagne seule seulement quelques jours après l’accouchement. Si on ne m'avait pas permis d'avoir un mois, je pense que j’aurais pris des congés pour avoir plus que les onze jours autorisés. Surtout qu'au final, je trouve que ce temps a davantage d’intérêt pour le couple que pour le bébé. Comme Xabina allaite, je n’ai pas été très utile dans la relation directe avec notre fille. Notamment la nuit, c’est surtout elle qui se levait. En fait, mon rôle a surtout été de la soulager pour qu’elle puisse s'occuper du bébé au maximum. On a toujours divisé les tâches ménagères de manière égalitaire. Là, j'ai essayé de gérer au mieux les tâches du quotidien. D’ailleurs, nos amis ont tous eu des réactions hyper positives, justement parce qu'on allait pouvoir s'épauler et partager les tâches. Nos familles aussi étaient ravies, mais plus pour l’aspect relationnel, sur le fait que j’allais pouvoir profiter de la petite à fond. Et c’est vrai que je me réjouis d’avoir passé un mois avec elle, même si je ne sais pas si ça a vraiment créé plus de complicité. Après, avec un bébé de cet âge, c’est un concept qui reste restreint, ses activités se limitent à manger, dormir… Et voilà ! Cela dit, j'arrive à la calmer plus facilement que d'autres personnes. Depuis une semaine, j'ai repris le travail, je pense tout le temps à elle. Je ne comprends pas les hommes qui reprennent trois ou quatre jours après la naissance. Mine de rien, c'est un sacré bouleversement. Etre présents ensemble avec Xabina a permis, pas nécessairement de se retrouver parce qu'on ne s'est pas forcément perdu, mais en tout cas de tout partager, de vraiment s’épauler. On a passé un drôle de moment parce qu'on recevait énormément d’informations contradictoires. La réalité, c'est qu'être à deux, ça permet vraiment de discuter et de voir après ce qu’on décide. Les hommes qui pensent que leur compagne peut gérer seule et que c'est inutile pour eux d’avoir un congé d’un mois, ça me fait halluciner. Et puis tu lâches complètement la charge mentale du boulot. Tu te recentres sur les choses essentielles de la vie. J'ai l'impression que même parmi mes potes qui ne sont pas forcément les plus progressistes au monde, s’ils pouvaient, ils le prendraient direct, ce congé paternité d’un mois ! »
Xabina
« Je me demande comment font les femmes dont le conjoint n’a que onze jours. Moi, je l'ai eu pendant un mois, et j'avoue que c'est vraiment confort d'être deux pour s'occuper du bébé. Je sais que souvent, il y a la famille qui aide quand le papa repart travailler. Mais justement, ce congé nous a permis de moins solliciter nos proches, d'être dans notre bulle.
Cela m'a permis de m'occuper de mon bébé sans avoir rien d’autre à gérer, comme faire les courses, à manger, etc. J’ai surtout nourri la petite. C’est Guilhem qui a géré toute l’intendance. Il a fait beaucoup de choses sans forcément s’en rendre compte. Au-delà de répartir la charge de travail, le fait qu'il soit à la maison, ça nous a aidés à construire quelque chose à trois, et ça a permis à Guilhem de trouver sa place. Parce que le fait de l’avoir portée, de l’allaiter, ça crée un lien déjà fort avec la maman, que le papa n'a pas forcément. Ça peut être difficile pour le conjoint de trouver sa place. Je pense que c’est une sensation qu’il a eue et que beaucoup de papas peuvent avoir. Alors plus il est présent, plus ça crée un lien avec l’enfant. Après, il faut savoir que pour moi, la maternité n'était pas quelque chose de très clair, ça m’a pris du temps. Je n'étais pas totalement convaincue de vouloir un enfant. Lui était beaucoup plus sûr de sa paternité. C'est peut-être pour ça qu'il me semblait évident qu'il soit là au maximum. J'avais besoin de lui. Par contre, il faut se supporter ! 24 h/24, surtout avec la fatigue, ça mène parfois à de bonnes disputes. Mais ça vaut le coup parce qu'un papa qui n'est là qu'une dizaine de jours, il manque plein de choses, c’est trop dommage. D’ailleurs nos entourages, nos pères par exemple, ont trouvé génial qu’il puisse bénéficier de ce congé plus long. On se rend bien compte que ça reste rare. À la maternité par exemple, on nous a dit « Vous avez de la chance, vous êtes deux » ce qui montre bien que le fait que le papa soit très impliqué n'est pas encore une évidence… »
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